« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mercredi 17 novembre 2021

O comme Orge, paille et avoine

  - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Dans les inventaires, au fond des granges, se trouvent les réserves de grains et quelques fruits et légumes.

 

© wikipedia.org

 

-          environ six voitures de foin et autant d’orge non battu

-          deux voiture d’avoine et environ une voiture de lentilles

-          sest trouvé sur les solliers* de la grange de laditte maison tous le foin et paille necessaire pour lentetien et nourriture du susdit bestal pendant le reste de lhyver,

-          quatre sacqs propres d’avoir le bled et farine asses bons et environ trente livres chanvre peigné,

-          trois vingt et douze mesure de bleds tant orge, avoine que legume,

-          une bourgne [= sorte de nasse] en laquelle il y a environ trois boisseaux de bran [= partie grossiere du son] ou son, [et] un autre bourgne en lequelle il y a du mil

-          deux charges et un boisseau de bled et seigle mesure de mortaigne,

-          douze boisseaux de baillarge [= orge de printemps]

-          un panier et quelques poires mellée, treize sols

-          un panier de pommes

-          une chartée et demie de foin avec une chartée de paille aussy

 

Sources : Inventaire Buffard Jean, 1707 (Ardon, Ain), Testament Assumel Lurdin Claude, 1777 (Lalleyriat, Ain), Testament Janin Aimé, 1710 (Lalleyriat, Ain), Vente Caillaud Pierre, 1759 (La Verrie, Vendée)

 

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mardi 16 novembre 2021

N comme Négatifs

  - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Petite entorse au dépouillement des documents notariaux : nous allons parler aujourd’hui des négatifs. Ceux des photographies.

 

© kinefot.com


Je n’en ai pas en ma possession, mais j’ai une assez belle collection de clichés familiaux (originaux ou reproductions), dont les plus anciens remontent aux années 1870. On peut y distinguer plusieurs types :

-          les portraits, souvent réalisés en studio (pour apprendre à en reconnaître les caractéristiques, voir l’article consacré à ce sujet Toile peinte et balustrade)

-          les boutiques : boucherie, mercerie…

-          les noces

-          la vie quotidienne

-          les militaires

-          etc…

 

Et si on est joueur on peut, sur ces photos, distinguer en creux (en « négatif » donc) quelques informations :

-          "Bon sang ! ce que ces frères se ressemblent !"

-          "Tiens, on porte encore la coiffe traditionnelle à telle époque… mais plus sur le cliché suivant."

-          "A tel mariage les parents du marié ne sont pas à ses côtés : est-ce parce qu’ils habitent très loin ?" En effet un consentement parental rédigé devant notaire, trouvé dans les archives, est venu confirmer cette hypothèse. Et du même coup résoudre une impasse d’état civil : mais où donc sont décédés les parents ?

 

Finalement, même lorsque l’on s’éloigne des archives notariales, on y revient toujours… Comme quoi, ce n’est pas si négatif de s’en éloigner un peu en fin de compte.

 

lundi 15 novembre 2021

M comme Monnaies et étrennes

  - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Les dots contiennent bien souvent de l’argent. La plupart du temps, ces sommes sont payables à échéance (à la fête de Saint Michel, aux fêtes de Pâques) tous les ans jusqu’à épuisement complet de la somme due. En général ces sommes ne sont pas sujettes à intérêt, ce qui est alors précisé.

 

© anouveausurlaroute.fr

 

-          "la somme de trois cent livres

-          la somme de quatre cent livres scavoir du chef [= des droits] dudit Tairral père celle de cent livres et du chef de sa mere cent ecus

-          payables tous ce dessus scavoir soixante livres et susdites estrennes le jour de la consommation dudit mariage des futurs maries et le surplus a dix livres par an jusqua lentier effectif payement de la susdite somme de 120 livres sans  aucun interet"

 

Ici la future épouse est orpheline : elle constitue sa dot elle-même, avec l’héritage laissé tant par son père que celui de sa mère.

-          "ladite Marguerite Paul future epouse se constitue et constitue en dot la somme de cinq cents livres pour droits legitimaires* paternels et maternels"

 

Parfois, la future mariée a, par son labeur passé, économisé une petite somme : elle vient grossir la cagnotte de la dot.

-          "vingt deux livres qui luy sont deus par claude poncet de ce lieu son maistre en reste de ses gages

-          la future sest constituee la somme de vingt livres quelle adit avoir devers soy en gage par son industrie ou au service des maistres quelle a promis dapporter et delivrera a sondit futur espoux le jour de la consommation dudit mariage,

-          ladite Issanjou future espouze sest constituee la somme de cent trante livres quelle a gaigne […] par son industrie

-          ladite Bousquet future epouze du consentement de sesdits père et mere se constitue la somme de cinquante livres par elle gagner au service des maistres de laquelle somme luy a été due celle de vingt livres par M. Vaissiere chirurgien de la vinzelle"

 

Plus rarement, le donateur prévoie de laisser un revenu régulier à sa veuve qui lui survit :

-          "donne et legue a la noble jeanne etienne marin sa bien aimé epouse son revenus des moulins de la tour"

 

 

Sources : Contrat de mariage Amagat Jean, 1701 (Conques, Aveyron), Contrat de mariage Astié Antoine, 1769 (Conques, Aveyron), Contrat de mariage Astié Jean, 1694 (Conques, Aveyron), Contrat de mariage Monet Pierre, 1715 (Martignat, Ain), Contrat de mariage Milhaud François, 1706 (Campouriez, Aveyron), Contrat de mariage Raouls Geraud, 1721 (Conques, Aveyron), Contrat de mariage Rols Joseph, 1732 (Conques, Averon), Testament Bel François, 1773 (Taninges, Haute-Savoie)


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