- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -
Semaine 35 : Libre expression
Je râle beaucoup contre les généalogistes qui mettent leurs
arbres en ligne sans indiquer la moindre source. Mais quand les sources sont
citées, quel plaisir de savoir où chercher ses ancêtres !
J’utilise beaucoup Geneanet où j’ai de nombreux (et souvent
très lointains) cousins. Je compare mon travail et le leur. Et lorsqu’une
nouvelle branche apparaît je vais vérifier les informations données pour,
éventuellement, les adopter. Bien sûr, en retour, je dépose moi aussi mon
arbre, afin qu’il serve à d’autres.
C’est, je trouve, une forme d’entraide fort appréciable.
Ainsi, alors que j’étais bloquée sur l’ascendance de Jean
Baptiste Marin, mon ancêtre à la XIIème génération (sosa n°3288), originaire de
Thonon les Bains (74). Plusieurs arbres indiquaient la parenté de ce procureur
fiscal du Chablais, mais sans source : je m’étais donc gardée de les
suivre. Lorsqu’enfin j’ai su où chercher j’ai pu, à mon tour, compléter cette
branche de mon arbre.
En effet, c’est dans l’Armorial et nobiliaire de l'ancien
duché de Savoie d’Amédée de Foras que l’on peut trouver ces informations. Les
tomes I à III sont numérisés et accessibles en ligne sur Gallica.
La généalogie des Marin s’y trouve car la famille a été
anoblie : Claude et Pierre Marin, originaires de Bonneville, reçoivent des
patentes de noblesse le 7 octobre 1598. Le nouveau blason de la famille est
d’azur au chevron d’argent accompagné de trois cannes de mer
(ou des joncs marins, les experts se contredisent) de sinople, deux en chef et
une en pointe.
Blason Marin, Armorial de Foras © Gallica
La famille s’est divisée en deux branches : celle de
Claude (mes ancêtres directs) s’est transportée à Thonon. Elle s’est éteinte au
milieu du XVIIIème, faute de fils. La seconde branche, celle de Pierre, s’est
établie à Pers-Jussy et s’est éteinte vers 1680.
Je suis sûre qu’il s’agit bien de cette famille (et non
d’homonymes), car Foras désigne mon ancêtre Jean Baptiste « neveu à la
mode de Bretagne de Saint François de Sales ». En effet, Jean Baptiste a
épousé Marie Marthe de Sales, fille de Gaspard (lui-même cousin germain de
Saint François : voir ici la "rencontre" que nous avons partagée lors du #RDVAncestral de 2017).
A partir de là, j’ai
pu dérouler sa fratrie : 3 sœurs et 3 frères. L’un d’eux (Claude) fut
nommé lieutenant du juge maje de Chablais, par patentes du 16 septembre 1629. Le
juge-mage, parfois écrit juge-maje (du latin judex major = grand juge) est une ancienne fonction juridique
variant selon les lieux et les époques. Depuis l`Antiquité romaine le judex major était le premier juge d’un
tribunal. Dans le cadre de l'administration du comté, puis le duché de Savoie,
les princes de Savoie ont mis en place, à partir du XIIIème siècle, des baillis ainsi que des
juges de bailliage, dits juges-mages. À partir de 1260 dans le bailliage de
Savoie, puis plus tard dans les territoires contrôlés. Ils remplacent peu à peu
les châtelains dans certaines prérogatives dans le cadre judiciaire, ils
deviennent de fait les exécuteurs des jugements rendus. Avec la mise en place
des Statuts de Savoie (1430), le juge-mage devient judex ordinarius. Il
doit être présent dans chaque centre des provinces du duché de Savoie. Cette
magistrature disparaît lors de l'Annexion du duché de Savoie à la France en
1860.
Un autre frère (Jean François) fut religieux de Contamine. Il
s’agit sans doute du prieuré Notre-Dame (aujourd’hui à Contamine-sur-Arve),
ancien prieuré bénédictin, occupé en 1083 par des moines de l'ordre de Cluny.
La question de la suppression du prieuré se pose dès l'année 1618, puis en
1621. L'intervention de François de Sales aurait permis, le 7 octobre 1625, au
prieuré d'être relevé par les Barnabites, ordre de clercs réguliers fondé en
1530 dans le but de prêcher, d'instruire la jeunesse et d'établir des missions.
Le père de Jean Baptiste, prénommé Claude, était lui aussi procureur
fiscal du Chablais (nommé par lettre patente du 9 février 1594). Le procureur fiscal est l'officier d'un seigneur, haut justicier chargé de l'intérêt public et de
celui du seigneur Il est chargé d'exercer
le ministère public auprès du tribunal seigneurial. Il veille aux
droits du seigneur et aux objets d'intérêt commun. C'est ce Claude Marin qui
est souvent nommé dans les vies de Saint François, dont il était l'ami.
C’est le père de Claude, aussi prénommé Claude, qui est
anobli. Il est mon ancêtre à la XIVème génération.
Aymon, son père, est la dernière génération ajoutée. Selon
Foras il a épousé Charlotte de Rochette. Il détaille aussi cette famille… mais
dans le tome V. Las, n’ayant pu consulter ce tome, j’ai arrêté ici cette
branche. Bien sûr, si une âme généreuse veut photographier pour moi l’article
de Rochette (situé à partir de la page 203 d’après ce que j’en sais), je serai ravie…
Bref, trois générations supplémentaires, une quinzaine de personnes et de nouvelles pistes de recherches : vive le partage en généalogie !