- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -
Semaine 46 : Cimetières et tombes
A l'occasion de cette quarante sixième semaine du
challenge #52Ancestors dont le thème est "cimetière et tombes", je
reviens sur les tristes (et nombreux) voyages d’Antoine Mas au cimetière.
On le sait, la période qui précède la Révolution française est une
période de calamités agricoles : mauvaises récoltes, faim, froid,
disettes… puis Révolution. Bien peu ont échappé à ces fléaux (en
général, ils seront bientôt rattrapés et auront des ennuis jusqu’au
cou…).
A Conques (12), si je n’ai pas de détails particuliers sur cette
période, je vois bien que les registres paroissiaux débordent d’actes de
sépultures.
Est-ce que la configuration du village a beaucoup changé par rapport à
aujourd’hui ? Je l’ignore. Cependant aujourd’hui le cimetière est coincé
entre l’abbaye et… le vide. Conques est en effet un village niché à
mi-pente d’une grande colline (petite montagne ?) au cœur d’une vallée
encaissée [*]. Il n’est pas très grand. Entouré d’un petit muret ;
paisible lieu de repos et d’éternité.
Vue aérienne de Conques © B.Rousset via survoldefrance.fr
Lieu que la famille Mas a fréquenté de (trop) nombreuses fois. Antoine
Mas (mon sosa n°132) a épousé Françoise Pradel - ou Pradellis/Pradelly -
(sosa n°271) en 1775. Il est couvreur (il est même dit « Maître
couvreur » en 1789 ; ce qui me fait penser qu’il ne devait pas être le
plus pauvre parmi les plus pauvres), demeurant à Conques, rue des Rocs
[**]. Ensemble ils ont eu 9 enfants… Et ils en ont enterré 8 ! Presque
aussi régulièrement que Françoise mettait des enfants au monde (soit à
peu près tous les deux ans), Antoine allait ensuite les enterrer au
cimetière !
Le plus jeune a vécu 13 jours, le plus vieux 87 ans (mais il est resté
célibataire). Seul mon ancêtre directe, Jean Antoine a survécu à cette
hécatombe et a eu une descendance.
Antoine a donc accompagné ses enfants au cimetière en :
- 1781 : décès de Françoise (âge inconnu)
- 1783 : décès d’Antoine âgé de 2 semaines
- 1785 : décès de Catherine âgée de 11 mois
- 1789 : décès d’Antoine âgé de 13 jours
- 1792 : décès d’Anne âgée de 13 ans
- 1794 : décès de Marie âgée de 4 semaines
- 1818 : décès de Marie Jeanne âgée de 31 ans
- 1883 : décès d’Antoine âgé de 87 ans
On le voit, deux parviendront tout
de même à l’âge adulte (Marie Jeanne et Antoine) mais, restés célibataires, ils ne donneront pas
de descendance. A vrai dire, Antoine père ne connaîtra pas le décès de
son (troisième) fils Antoine, car il meurt avant lui, avant 1833.
Le paradoxe de l’histoire est que j’ignore quand exactement Antoine père
est décédé : je perds sa trace entre le décès de Marie Jeanne en 1818,
où il est présent, et celui de son épouse en 1833, où il est dit décédé.
Le voir si souvent au cimetière pour les autres et ne pas le trouver
lui…
Si autrefois la mortalité infantile était courante, et si aujourd’hui
elle est effrayante, comment ces parents ont-ils vécu le décès de la
quasi-totalité de leurs enfants ? C’est une chose que nous ne pouvons
imaginer à leur place, à leur époque. Mais la tristesse a bien dû
habiter dans une maison de la rue des Rocs à Conques…
[*] Ce qui explique l’origine de son nom : la conque.
[**] Du moins je le suppose : l’adresse donnée est en partie sous une tâche d’encre !