« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 15 novembre 2024

M comme meurtrissures

Affaire Sénat de Savoie contre JAY-GUILLOT

 

Les rumeurs vont bon train à Samoëns. Non seulement Vincent REY fréquentait la maison de Levy, comme c’était de notoriété publique, mais de nombreux témoins ont aussi vu François JAY assez gravement blessé.

 

Meurtrissures, création personnelle inspirée d’A. Juillard
Meurtrissures, création personnelle inspirée d’A. Juillard

 

Le Sieur Jean François FERRIER, avait vu à plusieurs reprises Vincent REY fréquenter la maison de François JAY, puisqu’elle n’était guère éloignée de chez lui. Il le voyait depuis son jardin. Il y allait lors de l’après dîner, indifféremment que François JAY fut absent ou qu’il fut dans la paroisse, de nuit comme de jour. L’amitié que portait Vincent REY à ladite Françoise GUILLOT femme dudit JAY était bien connue.

En outre, il avait entendu dire, une quinzaine de jours auparavant, que François JAY se plaignait d’avoir des plaies, qu’il disait avoir été faites par des coups de pied du cheval du Révérend chanoine CHOMETY. Il paraissait même qu’il avait gardé le lit à cause de ces plaies pendant trois à quatre jours. Cependant il ne l’avait pas vu lui même et ne se rappelait pas ceux qui le lui avait dit.

 

Le Sieur Michel ANDRIER se rappelait fort bien que le jour de St François de Sales [24 janvier*] dernier, il vit sortir François JAY de l’église, entre environ midi ou une heure, et que l’ayant salué il vit au front qu’il avait une petite plaie ou une contusion. Mais il ne put pas bien l’observer parce qu’il était éloigné de lui d’environ neuf à dix pas et qu’il s’occupait d’autres affaires.

 

Nicolas BIORD, était un voisin des JAY mais ne les fréquentait pas beaucoup parce que leur maison était un peu éloignée de la sienne. Il lui avait cependant bien dit qu’il avait été malade parce qu’il avait gardé un cheval qui l’avait renversé et maltraité et cela aux environs de la St François de Sales passée. Mais il ne lui avait vu aucune plaie. Françoise GUILLOT sa femme aurait été malade pendant ce temps là aussi, mais il ne l’avait pas vue : c’était seulement un bruit publique. Lui-même n’avait rien su au sujet de sa maladie.

 

Il fallut attendre le témoignage de François SIMOND pour avoir un peu plus qu’une rumeur.

Un jour de la semaine passée, sans se ressouvenir positivement duquel, François JAY vint le trouver chez lui. Ayant su qu’il avait de la fièvre, il venait s’informer de l’état de sa santé et segayir [s’égayer, de divertir] un peu avec lui. « Je le remerciay de sa politesse et luy dit que je ne pouvait point sortir que la fievre m’avais trop fatigué. Il passa une partie de l’après midy avec moy. »

Vers les trois à quatre heures après midi, voyant que la Claudaz Michelle BURNIER sa femme allait goûter, il l’invita à manger un morceau avec eux. Il vit alors François JAY s’assoir avec beaucoup de peine sur un banc, qui était cependant fort haut, et prendre le pain avec la main droite et le mettre entre les genoux pour en couper. Il lui demanda pourquoi il ne se servait pas de la main gauche et pourquoi il s’asseyait avec tant de peine. Il lui répondit qu’il avait mal au bras gauche, de même qu’à la hanche gauche, qu’un cheval qu’il avait emprunté au chanoine CHOMETTY l’avait extrêmement maltraité à coup de pied. Il ne le questionna pas davantage sur ces coups mais il observa bien qu’il avait encore une plaie ou une contusion au milieu du front, large comme une belle faine.

 

Jean François VIOLLAT autre voisin de Levy avait aussi rencontré François JAY blessé. Il lui avait expliqué qu’une dizaine de jour auparavant il avait reçu un coup de pied du cheval de Monsieur CHOMETTY, qui l’embarrassait bien. Sa femme lui avait aussi dit quelques jours avant, vers la St François de Sales, que son mari était malade et qu’il gardait le lit. Il avait été le voir sur les six heures du soir et l’avait trouvé effectivement couché. Lui demandant ce qu’il avait François JAY lui avait répondu qu’il était un peu malade, et que cela n’était rien. Il observait bien qu’il avait une contusion au milieu du front de la grosseur d’une noisette et lui demanda ce qui l’avait fait mal-là. Il répondit que c’était lui-même qui se l’était fait, par le moyen d’une chute. Sur cette réponse, il se retira. Par contre, il ne vit pas si Françoise GUILLOT sa femme avait une plaie au bras ou ailleurs.

 

Claudaz DUNOYER avait souvent travaillé comme journalière chez François JAY pendant le courant de l’été et du printemps passé. Elle avait souvent vu Vincent REY dans cette maison.

Quelques jours avant la St André [30 novembre] elle était à Cluses et elle y avait rencontré le soldat Vincent REY. Il lui avait chargé de dire à la Françoise GUILLOT de venir le trouver à Cluses. Si elle ne venait pas, il viendrait mettre le feu à la maison, et la tuerait. Il lui fit voit un mouchoir d’indienne bleu qu’il lui avait pris quelques temps auparavant et il voulait le lui rendre. Et aux environs de la St André passée, la Claudine VUAGNAT servante dudit JAY lui avait dit que le soldat était venu de Cluses, où il était de quartier, chez ledit JAY. Sur quelques difficultés qu’ils avaient eues, ils avaient fait fermer la porte mais le soldat était entré par la fenêtre de la cuisine. Il avait alors dégainé son sabre et blessé la servante à une main lorsqu’elle avait fermé la porte du poile où elle avait voulu se retirer. Il avait d’abord menacé de tous les tuer, et de tout saccager, et mais à la fin il s’était adouci et était redevenu tranquille. Il était resté jusqu’à deux heures après minuit, puis s’en était retourné à Cluses.

Quelques jours avant sa déposition, peut-être le vendredi passé, Françoise GUILLOT lui fit voir une plaie qu’elle avait à la main gauche, large d’un pouce et demi, près du petit doigt. Elle lui dit que cette plaie l’empêchait de laver la lessive et lui demanda qu’elle lui fasse le plaisir d’y aller, mais la journalière ne le pouvait pas. 

 

Devant ces témoignages, le juge demanda à Me Noël DELACOSTE le chirurgien s’il n’avait pas pansé et médicamenté ledit François JAY et Françoise GUILLOT sa femme. « Il y a plus de deux ans que je n’ay pas mis les pieds chez François JAY du village de Levy, si ce n’est que pour médicamenter un cavalier du régiment de Séville qui y était logé et qui y était malade. Je n’ay donné aucun remedes aux mariés JAY ny pansé aucune playes. Et il y a comme je vous dit plus de deux ans que je n’ay pas été appelé de leur part et ne leur ay donné aucun souin. »

 

Me Jean François DUSAUGEY, aussi chirurgien de la paroisse, n’a pas été appelé dans cette maison-là depuis plus de six mois, ne leur a fourni aucun remède et ne les a pas pansé. « Et, Seigneur, je n’y ay pas été depuis environ le mois de juin ou juillet dernier pour y soigner sa femme dudit François JAY. Et il y a plus dune année et demy que je n’ay pas vendu arssenis [arsenic] qui est la seule drogue que jaye là en fait de poison, n’en ayant plus tenu depuis lors. Et je ne sache pas que les mariés JAY aye été malade. »

 

Me Jean Baptiste BOEGEAT, maître chirurgien du bourg de Taninges, avait vu le Révérend CHOMETTY aux environs du vingt cinq ou vingt six janvier dernier, un des deux jours qui était un jeudi [jeudi 25 janvier**] et qui était jour de marché à Taninges, vers les dix à onze heures du matin. Le Révérend Sieur Nicolas CHOMETTY chanoine de la collégiale de Samoëns, qu’il connaissait parfaitement pour être natif de sa paroisse, vint le trouver un peu enfarouché dans sa boutique située au bourg de Taninges. Il lui demanda s’il n’avait point d’onguent. « Quel ongan et pour le mettre sur quoi ? » répondit le chirurgien. Le Révérend lui répliqua que c’était un ami qu’il lui avait écrit et qu’il ne lui avait pas demandé quel onguent précisément il voulait. « Il sortit une lettre de sa poche sans me la montrer ny m’en faire la lecture. Et je luy dit ensuite que je ne pourrais point donner d’ongan sans que je ne vis les playes. Et il me dit que vous ne voulez pas m’en donner, je m’en vay ailleurs. » Un petit moment après le chirurgien le vit passer à cheval.

Depuis, au vu des bruits publics, il pensait que le Révérend était venu chercher chez lui cet onguent pour guérir les plaies qu’avait faites le cavalier de Séville, tant à François JAY qu’à Françoise GUILLOT sa femme dans le débat qu’ils devaient avoir eu lorsque celui-ci a été tué. D’autant que ce François JAY avait été obligé de tenir le lit à l’occasion de ces plaies, ainsi qu’il avait été rapporté au chirurgien, sans qu’il puisse dire précisément qui le lui avait rapporté. Il parait d’autant plus probable que ce Révérend Sieur CHOMETTY, suivant le même bruit public, était très bien avec ledit JAY et même accusé de complicité de cet homicide. Mais le témoin reconnu cependant que ce même bruit public n’avait pour fondement précisément que la fuite des mariés JAY et du Révérend Sieur CHOMETTY, aussitôt qu’ils s’étaient aperçu que l’on avait découvert le cadavre dans les bois de Bérouze.

 

 

 

* Ce n’est pas logique : François JAY ne peut être blessé qu’après le 26 janvier (pas le 24). De même les soldats espagnols à la recherche de leur déserteur sont venus à Samoëns le 26 et non pas quelques jours avant la St François.

** Ce devait plutôt être le vendredi car le jeudi personne n’était encore blessé.

 

 

jeudi 14 novembre 2024

L comme linges

Affaire Sénat de Savoie contre JAY-GUILLOT


Lorsque le juge fit la visite dans la maison de François JAY le 12 février, il demanda à Me Antoine Joseph DUSAUGEY, notaire collégié et châtelain, de faire procéder à une description des effets qui était dans la maison de Levy, et d’en charger un gardiateur pour que rien n’en soit soustrait. François JAY, sa femme et leur servante avaient alors abandonné la maison depuis deux jours et l’avaient laissé ouverte. Le lendemain, alors qu’il procédait à la description demandée qu’il n’avait pas terminé la veille, « et ne l’étant pas même encore asteure » [à cette heure], il trouva dans le poile [pièce de vie de la demeure savoyarde] les linges ensanglantés en présence des gardiateurs Pierre SIMOND et Claude DEFFAUG, pris pour témoins pour l’assister dans ladite description. 

 

Linges, création personnelle inspirée de Van Ostade
Linges, création personnelle inspirée de Van Ostade

 

Sur le lit qui est le plus près de la fenêtre, parmi un tas de linge qui paraissait nouvellement lessivé, se trouvaient deux chemises, l’une d’homme et l’autre de femme, toutes tachées de sang. Il y avait aussi une paire de culotte de toile de couleur minime [qui est d’une couleur tannée, fort obscure, comme celle de l’habit des religieux minimes] faite à la Française, qui étaient aussi tachée de sang. « J’y bien cru devoir les faire mettre au coing pour vous les exhiber ». Il y avait également une petite veste couverte de toile de rite sans manche qui n’avait des boutonnières que d’un côté et des gros boutons rouges de fillet [fil ?] de l’autre côté, sur laquelle on voyait de même des taches de sang, notamment à la troisième boutonnière.

La chemise d’homme était déchirée sur environ quatorze pouces [35,56 cm] au milieu des deux épaules et depuis un pouce [2,54 cm] du bord du cou. Il y avait une tache sur le côté gauche de la fente, qui paraissait être un reste de sang qui ne s’en est pas allé à la lessive. Et cette tache tendait même jusque dans la manche gauche. Il y avait d’autres taches et déchirures encore à différents endroits de la chemise. Il n’y avait pas de boutonnière autour du col mais apparemment on l’attachait avec du fil, comme on en voyait encore des petits bouts.

La chemise de femme était beaucoup plus tachée de sang que celle d’homme. Il y avait une tache au bras gauche qui était presque tout à fait noire. Il y en avait d’autres sur les deux côtés du sein qui étaient plus grande que la première mais pas si noire, s’étant mieux en allée dans la lessive. Il y avait de plus différentes autres taches de sang dans différents endroits de la chemise, sur les manches. Elle avait été ouverte [déchirée] au devant jusqu’aux creux de l’estomac.

De même que dans la veste, il y avait dans les culottes un trou de la largeur d’un petit doigt qui paraissait avoir été fait avec un couteau. Et quoique ces culottes aient été lavées, on observait qu’il avait coulé du sang du trou jusqu’au bas de la culotte, grâce aux vestiges et les traces qui en restaient. D’autres taches étaient situées sur le devant du gousset [petite poche]. Les culottes ne paraissaient pas avoir été doublées et elles avaient quatre boutons de chaque côté ainsi qu’une jarretière de même étoffe et une boutonnière à chaque jarretière. Elles étaient ouvertes en devant et avaient un gros bouton jaune à la ceinture.

 

Le juge ordonna à Me VUARCHEX de garder les chemises, veste et culottes et d’en saisir le greffe pour en conserver toute identité de corps de délit. C’est après y avoir apposé sur cire rouge son cachet ordinaire, représentant un chevron traversant où sont trois liquernes et deux poules dessus et une dessous. En foi de quoi il dressa son rapport et le signa.

 

 

 

mercredi 13 novembre 2024

K comme klak

Affaire Sénat de Savoie contre JAY-GUILLOT

 

Le juge apprit par ailleurs que le Révérend CHOMETTY possédait une arme. Son voisin, le Discret Claude François DUNOYER qui habitait une maison éloignée de trente à trente cinq pas de la sienne, et dont les fenêtres donnaient sur celles du Révérend, l’affirma en témoignant à son tour : Un soir il l’entendit depuis son lit. Se levant et se rendant à sa fenêtre, il le vit entrer chez lui et plus précisément dans sa cuisine, parce que la porte faisait du bruit et qu’on distinguait parfaitement ce bruit-là parmi plusieurs. 

 

Klak, création personnelle inspirée de M. Manara
Klak, création personnelle inspirée de M. Manara

Et avant d’entrer dans sa cuisine le Révérend lâcha un coup de pistolet. Deux heures sonnèrent immédiatement après. « Je ne sais point d’où le Révérend CHOMETY venait mais il ne pouvait venir que du côté de la place du présent bourg, suivant le bruit qu’il avait fait en venant qui provenait de ce côté. » Si le témoin ne se souvenait pas exactement de quelle nuit il s’agissait, il pensait que c’était trois ou quatre nuit avant la St François de Sales [24 janvier] précédente. En effet, c’était le lendemain, qu’étant allé à Taninges, on lui avait dit qu’ils avaient bonne compagnie à Samoëns, qu’il y était venu un maréchal des logis et deux soldats du régiment de Séville qui venaient chercher un autre soldat auprès de sa maîtresse, mais qu’il n’y était pas. Il devait avoir déserté.

Il entendait très souvent le Révérend CHOMETTY rentrer fort tard et même après minuit. Il savait bien qu’il portait des pistolets de poches et même qu’il en avait acheté un du brigadier nommé LA RAISSE pour le prix de huit livres.


Le Sieur Joseph GUILLOT natif de Charraz [Charrat, Suisse] et habitant de la paroisse de Samoëns, corrobora ce fait :

« J’habite et couche dans une chambre d’une des maisons du Sieur procureur RIONDEL d’Annecy qui m’a été louée par le Révérend chanoine CHOMETTY, que je say s’appeler Nicolas, lequel occupait cy devant l’appartement dessous de ladite maison. » Lui aussi avait remarqué le bruit particulier que faisait la porte de la cuisine du Révérend CHOMETTY et l’entendait souvent jusqu’à deux ou trois heures après minuit. Par contre, il ne savait pas qui ouvrait et fermait cette porte parce qu’il n’avait pas cherché à le savoir.

Contrairement à son voisin, il n’avait pas entendu tirer des coups de pistolet avant la St François de Sales précédente au devant de la maison. « Et quant même je l’aurais ouï, je ny aurait pas non plus fait attention parce que il y a des Valaisans qui en tirent beaucoup en venant se promener dans la paroisse. »

A l’heure où il déposait, cela faisait plusieurs jours qu’il n’avait pas vu le Révérend CHOMETTY. Le dimanche après midi, alors que des personnes le cherchait, il observa qu’il n’y avait plus personne dans la maison, que les volets des fenêtres en étaient fermés et qu’il n’y avait plus aucun meuble dans la cuisine, dont le plancher était tout sale et remplis de paille. La porte de la cuisine n’était pas fermée à clef. C’était peut-être pendant la nuit que tout avait été debagagé.

Le témoin précisa que le Révérend CHOMETTY ne confessait plus et qu’il y avait plus d’une année qu’on lui avait enlevé son admission.

Il confirma qu’un nommé LA RAISSE, brigadier des employés, lui avait vendu un pistolet de poche pour le prix de huit livres.

 

Me Noël DELACOSTE, le chirurgien avait lui aussi appris par le bruit commun qui se répandait depuis longtemps que le Révérend chanoine CHOMETTY fréquentait presque tous les jours la maison de François JAY située au village de Levy. Il l’avait vu aller très souvent pendant le jour mais jamais pendant la nuit. Il savait aussi qu’on lui avait enlevé la confession il y a plus d’une année.

Le jour de Notre Dame [Nativité de Notre-Dame, le 8 septembre] de septembre dernier, revenant de la foire de Megève il s’était arrêté à Magland [à 26 km de Samoëns] pour y entendre la messe. Il y rencontra Claude Joseph JACQUARD qui l’invita à aller boire un coup avec lui. En y allant ils croisèrent le Révérend chanoine CHOMETTY avec François BURNIER tous deux de cette paroisse, que ledit JACQUARD invita de même à déjeuner. Ils déjeunèrent sur environ les dix heures du matin. Et après déjeuner ils repartirent chez eux. Le Révérend CHOMETTY s’en fut à cheval. Il tira alors un pistolet de sa poche et lâcha un coup en l’air. 

 

 

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Pour en savoir plus
Le port d’armes

Il est codifié dans les Royales Constitutions de la façon suivante :

« Permettons à toutes personnes le port des armes longues à feu & des pistolets ; on ne pourra cependant porter les pistolets que dans les fourreaux […]  mais jamais sur eux & moins encore à la ceinture, sous peine de soixante écus, & subsidiairement de deux ans de galères.

On sera aussi censé abuser du port des armes, lorsqu'on les portera dans les bals ou noces, dans les endroits où il y aura concours de peuple à l'occasion de quelque Fête, ou pour d'autres motifs; comme encore lorsqu'on les portera de nuit en errant par les Villes, terres & autres lieux ; la peine de ceux qui en auront ainsi abusé sera de vingt ans de galères, s'ils sont mage urs.

Défendons non seulement de porter des pistolets courts, des balestrins, stylets, poignards, couteaux à la Génoise, & autres armes fuselées, mais encore de les retenir dans les maisons, sous peine aux contrevenants, quant au port, de dix ans de galères, & pour la rétention, de celle de cinq.

Nous défendons aussi le port des couteaux à pointe, vulgairement appelles couteaux à gaine […] à peine de cinq ans de galères. Nous exceptons ceux à qui ces couteaux sont nécessaires pour l'exercice de leur métier, pourvu qu'ils n'en abusent pas. »