En 1700 il fait rédiger un testament par Me Vionnet, notaire à Saint Germain de Joux. Il est alors dans sa cuisine "couché tout proche du feu [...] destenu dans une certaine maladie depuis quelques temps". Rappelons qu'il a environ une soixantaine d'années. Dans ce document il est prénommé Neymod, qui serait une variante du prénom Aimé/Aymé (tout comme Nayme, Amed, Amod, Neymod, Neymoz, Neyme, Nayme).
On retrouve dans ce testament les éléments traditionnels de ce type de document :
- le titre
- la date
- la présentation du notaire
- la personne et le lieu
- la raison du testament
- la recommandation
- le lieu de la sépulture
- les dons à l'église
Il souhaite également donner "a leglise dudit laleyria la somme de trente livres pour estre employé aux reparations que ledit sieur curé trouverat plus appropos estre necessaire faire dans laditte eglise de laleyria payables pour une fois [en une fois] par ses heritiers cy bas nommes". Tout cela fait "pour le sallue et repos de son ame".
- les legs
A sa fille Françoise, épouse de Jacques Lhiardet, il donne "la somme de cent livres, une vache, un veau dun an, un habit de bon drap de nopce".
A ses autres filles Marie (épouse de Pierre Pernod Melod), Anne (épouse de Pierre Pernod Denisa) et Jeanne (épouse Jean Baptiste Buffard) il donne la même chose. A Bernarde (non encore mariée), il promet 150 livres, une vache, un veau et habit de bon drapt de couleur payable trois ans après son mariage "et jusqua ce que son party se presente en loyal mariage elle aurat sa demeurance avec sa mere, et heritieres avec lesquels elle serat norrie vestue et entretenue honnestement".
Enfin "il a fait crée nommé de sa propre bouche nomme et institue pour ses heritiers universels et particulliers chascuns pour esgalle part et portion a scavoir joseph, françois et claude" ses trois fils (non encore mariés).
- les témoins et signatures
Cependant, malgré la maladie, Aimé va survivre. Et on le retrouve dix ans plus tard, mettant à jour son testament, devant le même notaire. Voyons les différences entre les deux documents :
- le titre
- la date et la présentation du notaire
- la personne, le lieu et la raison du testament
- la recommandation, le lieu de la sépulture et les dons à l'église
- les legs
Concernant sa fille Françoise, le testateur "dict et declare avoir dejat cy devant donné dotté [...] la somme de cent livres, une vache, un veau dun an, un habit de bon drapt de colleur que le tout leurs auroit esté payé". Le legs ayant déjà été reçu, elle n'a plus rien à attendre ni espérer de ce nouveau testament.
Même chose pour Marie, Anne et Jeanne. Pour Bernarde, le notaire commence par reproduire le passage la citant dans le premier testament. Se rendant compte de son erreur, il raye le paragraphe et en rédige un nouveau, similaire à ceux concernant ses sœurs. Or, Bernarde est morte de suites de couches depuis 7 ans déjà ! Il n'est fait aucune mention de legs au fils de ladite Bernarde, ni aucun de ses autres petits-enfants.
Il est plus prolixe pour son fils aîné Joseph à qui il lègue "la somme de quattres cent livres [...] et cest outtre auttres somme de seize livres, trois vingt et douze mesure [= 72] de bleds tant orge, avoine que legume, un pot a feut de fert valliant trois livres, un chauderon dairin de la valleur de six livres, une poille affrire de fert, trois tasseaud servant au labourages, une achon [= petite hache], une caugnye [= cognée = hache], un goy [= serpe], un pert [= une paire] danchapplat [outil agricole ou servant à la maçonnerie peut-être], un[e] faux avec sa garniture, cinq lineaux [= pièces de lin, draps], une couverte [= couverture] moitie laine et fillet, deux serres propres à serrer le bois une grande et lauttres petitte, trois vaches, une genisse de deux ans, deux veaux de laict, et deux chevrot de laict, avec touttes la vesselles de bois, et meubles de bois pour servir à manger". Les maigres possessions d'un laboureur de montagne du Jura Sud.
Le notaire revient ensuite sur la dot de Bernarde, précisant qu'elle a déjà été payée. Beaucoup de confusion autour de la cinquième fille d'Aimé. On ignore cependant si elle vient d'Aimé ou du notaire (ou les deux !). Je ne connais pas l'âge du notaire, mais il est actif de 1676 à 1718 : il ne doit pas être tout jeune non plus...
Plus loin, ce sont des renvois et répétitions de mots : il "fait, cree, cree [sic] de sa propre bouche nomme et institue pour pour [sic] ses deux heritiers universel et particulliers chascuns pour esgalle part et portion a scavoir françois et claude janney" ses deux autres fils.
Comme dans le premier document, le testateur précise qu'il "veut entend et ordonne que tous ses debtes legats et œuvres pies soyent paye [...] incontinant appres son deces" et que au cas où "advenant que lun ou lauttre desdits deux heritiers ne veuille bien sacomoder avec lauttre et que icelluy qui portent quelque conteste et dificulte contraire" ses biens soient partagés entre ses héritiers ou leurs proches parents avec le consentement de leur mère "sans figure de proces".
- les témoins et signatures
Une mention a été ajoutée, naturellement, ce nouveau testament "cassant revocquant et annullant tous auttres testament codicille ou donnation quil porroit avoir cy devant faict" notamment celui fait en 1700.
Le document se termine par les renvois et oublis faits dans le corps du texte, dont celui-ci : "♯ approuvant la ratture de quinze lignes".
Les deux documents sont donc assez similaires, hormis la mise à jour des dots des filles qui ont été payées et le legs de Joseph qui est davantage détaillé; traces fugaces d'une existence qui a continué à s'écouler. Mais Aimé n'a pas varié dans ses intentions globales.
Malgré sa vieillesse, la vie va continuer pour Aimé, jusqu'à atteindre "environ quatre vingt huit années" : il décède en mars 1728.
Explication de textes bien détaillée
RépondreSupprimerFanny-Nésida