Et voilà qu'une nouvelle source vient, elle aussi, explorer le XVème siècle, sur une autre branche de mon arbre en Haute-Savoie, les Baud. Plusieurs sources, en fait.
Étant donné que la Savoie (au sens large) n'a été rattachée définitivement à la France qu'en 1860, on y trouve des documents spécifiques à son organisation particulière.
Ainsi la "consigne des mâles" : c'est un dénombrement pour le service de l'armée du duc de Savoie. Connaître le nombre d'hommes qu'il pouvait mobiliser était important pour le duc. C'est pourquoi une organisation a été mise en place très tôt pour obtenir cette information. L'organisation la plus aboutie est sans doute celle de 1713. Les hommes concernés, ou qui le seront plus tard, sont répartis en 4 classes : 0 à 12 ans, 13 à 18 ans, 19 à 40 ans, plus de 40 ans. La consigne des mâles de 1713 (et années suivantes) pour la formation des régiments provinciaux devait être mise à jour tous les 6 ans. Même s'il ne concerne que les hommes, c'est un document très précieux pour les paroisses où il existe car les AD n'ont pas tous ces états qui n'ont certainement pas été faits régulièrement. Ce document de 1713 pallie les manques des registres paroissiaux.
Il existe aussi un document appelé "état des âmes" : c'est un dénombrement ecclésiastique dressé en 1783. Il a été demandé par le roi aux évêques pour connaître l'état détaillé et exact de la population des paroisses. Il devait contenir :
- les noms, prénoms et âges des personnes composant chaque famille (deux sexes)
- les étrangers habitant la paroisse
- la liste des personnes nées dans la paroisse mais qui l'ont quittée définitivement
- la liste des personnes qui sont absentes temporairement.
On ne sait pas ce qu'est devenue cette enquête car il n'y a rien aux AD mais il existe des documents dans les archives de certaines paroisses. De plus, certains curés ont continué à mettre à jour cette enquête très longtemps pour les aider à mieux connaître leurs paroissiens. [ 1 ]
C'est ainsi qu'il existe un "état des âmes des anciennes familles de Morzine", rédigé au début du XIXème siècle. Il commence par une notice historique qui retrace l'histoire de la paroisse, avec notamment des transcriptions d'actes anciens (1358, 1365, 1498, 1505...) qui ont marqué la vie de Morzine et où on retrouve les noms des anciennes familles de la paroisse. Le document se poursuit par une notice pour chaque famille.
Enfin, une troisième source me permet de progresser dans ma généalogie : c'est la notice généalogique de John Baud (né en 1887). Rédigée vers 1950, elle recense les anciennes familles de la vallée, leurs armoiries, sceaux et marques diverses. Les textes sont complétés par des arbres généalogiques.
- Génération 9
- Génération 10
- Génération 11
- Génération 12
- Génération 13
- Génération 14
- Génération 15
- Génération 16
- Génération 17
Jean Baud Mollie est le plus ancien représentant de cette lignée. Il est connu sous le nom latin de Johannes Balli de Mollia. Il fait partie des fondateurs de la première chapelle de Morzine, dans un acte daté du 26 juin 1498 - chapelle aujourd'hui détruite. Il est identifié comme "mestral de la confrérie du Saint Esprit" [ 3 ].
John Baud assure que la filiation de cette lignée est "certaine", établie "d'après des actes notariés ou les registres paroissiaux".
Toute la lignée est citée également dans l'état des âmes.
Ce Jean Baud Mollie est donc né vers 1450 ou 1460.
Les lecteurs attentifs auront remarqué, en bonus, le dessin des armoiries de la famille, qui se décrivent ainsi : "coupé, au premier un aigle éployé [ailes ouvertes], au second un bœuf passant [marchant]".
Les travaux de John Baud semblent assez vraisemblables. Je ne suis pas sur place pour aller vérifier aux archives si les documents qu'il cite existent encore.
Si l'on en croit ces sources un peu tardives - et j'ai tendance à les croire en effet - mon arbre vient donc de vieillir d'une centaine d'années et 8 générations supplémentaires.
Ces recherches généalogiques et article n'auraient pas pu voir le jour sans la contribution de "fouderg" (arbre et registres en ligne sur Geneanet). Qu'il en soit à nouveau, publiquement, remercié.
[ 1 ] Source : savoyards-lyon.pagesperso-orange.fr
[ 2 ] Le terme de tabellion désigne dans les États de Savoie des XVIIe et XVIIIe siècles l'ensemble des actes insinués (c'est-à-dire enregistrés).
[ 3 ] Le mestral (ou maistral) est une sorte d'officier municipal au Moyen-Age. Ici, il s'agit donc sans doute d'un administrateur de la confrérie.
Cela me rappelle une généalogie trouvée en Isère, rédigée de la même sorte et qui allait jusqu'au XVe siècle. Toute la question est la véracité des infos. Celles données par le curé semblent bien vraisemblable. Je ne savais pas qu'en Savoie de tels actes avaient été rédigés... très intéressant!
RépondreSupprimerProbablement peu de recherches personnelles : je retrouve in extenso mon arbre - y compris ses lacunes - et toutes mes sources.
RépondreSupprimer"Votre" photo de l'état des âmes a bien le même plis que la mienne (No 82), ce document n'est pas aux AD mais c'est un document privé de la paroisse St Guérin de Morzine, John BAUD, l'auteur des "notices généalogiques" n'a jamais été curé de Morzine, il n'y habitait même pas.
Bref, vive Geneanet et les registres et photos publiés par ses contributeurs.
Je pense que vous ne supporterez pas longtemps ce message sur votre somptueux blog ...
Jacques TABERLET
Bonjour,
RépondreSupprimerje suis assez étonnée de votre message, mais voici ma réponse. Tout d'abord, lorsqu'on publie librement ses données sur internet, il faut s'attendre à ce que d'autres s'en inspirent.
C'est bien ce que j'ai fait et, si vous vous en souvenez, je vous ai d'ailleurs envoyé un message directement pour vous remercier du travail accompli et mis à la disposition de tous.
En général, je préfère mettre en source le document de première main et non la personne qui l'a cité dans son arbre en ligne (sur Geneanet en l'occurrence) car il est parfois difficile de retrouver le premier qui en a parlé. Avant de publier une info, je vais toujours la vérifier : il se trouve qu'ici ce sont les registres que vous avez mis en ligne qui m'ont confirmé les informations trouvées.
Si j'ai mal interprété l'origine de la photo, je m'en excuse, et m'en vais la corriger de ce pas.
C'est toujours auprès des informations que vous avez vous-même mis en ligne à l'époque où j'ai rédigé cet article, que j'ai trouvé que John Baud était curé de Morzine : vous me dites maintenant qu'il ne l'était pas. Très bien, je vais corriger cela aussi.
Enfin, concernant votre dernière phrase, je vous remercie pour les derniers mots, mais quand aux premiers c'est bien mal me connaître; la preuve...
Je reste à votre disposition si vous souhaitez poursuivre la conversation.
Très cordialement,
Mélanie
Je suis totalement de votre avis au sujet des publications sur internet : je milite pour un accès libre, et suis avant tout très heureux de partager nos savoir librement. Mais j'ai sans doute plus de considération pour mes sources que vous.
RépondreSupprimerPour le pedigree de John BAUD, vous trouverez sa carte de visite sur la dernière page (395, non publiée) de l'état des âmes de Morzine, car après avoir tourné les pages pendant de nombreuses années, il en a payé la rénovation. C'est lui aussi qui a rédigé les pages d'en tête (c'était un héraldiste avant d'être un généalogiste). voici sa carte :
J.BAUD
Officier d’Académie, Chevalier du Mérite Agricole
Chevalier de l'Ordre Équestre du St-Sépulcre de Jérusalem.
de l'Ordre de la Couronne d'Italie et de l'Ordre du Mérite Civil de Bulgarie.
Chambellan d'Honneur de 1re classe de N.D. de Lorette. Croix de St Jean de Latran
Secrétaire de l'Académie Chablaisienne
Correspondant de la Commission des Monuments Historiques
Membre de la Société Française d'Archéologie
Membre agrégé de l'Académie de Savoie, de l'Académie Florimontane
et de l'Académie Salésienne
Château de CHATEL par USISENS (Haute-Savoie)
et
3, Avenue Jules Ferry
THONON LES BAINS
Concernant l'état des âmes, c'est à mon avis Le Concile de Trente (1542-1563) qui a rendu obligatoire la tenue de registres de baptême, de mariage et de décès et dans ceux de mariage, l’obtention d’une dispense doit y être mentionnée pour qu’un mariage consanguin soit valable. Cette dernière obligation a conduit à l’émergence d’un nouveau registre, appelé « Etat des âmes », dont le premier modèle connu est celui de Charles BORROME vers 1574 et dans lequel le clergé consignait les éléments généalogiques de ses ouailles dans le but (entre autre …) d’un contrôle des consanguinités.
L'état des âmes de Morzine a probablement été ouvert vers 1800, comme ceux des paroisses environnantes, et rédigé de manière contemporaine, donc assez fiable. Mais à Morzine, le curé J. PISSARD, féru d'histoire locale (voir son bulletin paroissial dès 1912) a doublé son volume 100 ans plus tard par ses recherches généalogiques, donc moins fiables, puis John BAUD a fait de même 30 ans plus tard. Il convient donc de rester prudent à la lecture, selon l'écriture que l'on peut reconnaître ...
Les éléments antérieurs à 1750 ne sont quasiment jamais d'époque, et pour le reste il y a de nombreuses contradictions avec les registres paroissiaux et l'état civil.
Et pour les notices généalogiques de John BAUD, celles restants à la cure de Morzine ne sont qu'un pâle reflet de sa généalogie familiale détenue par ses héritiers qui hélas ne souhaitent pas la rendre publique.
Cordialement, JT
Bonsoir,
RépondreSupprimerA propos de John Baud. Ce personnage nous renseigne lui-même sur ses origines et ses orientations. Il occupe une bonne place (page 23) dans un curieux "Annuaire mondial de la chevalerie" édité en 1952 par des amateurs d'une époque où, selon eux les personnes de qualité se devaient être armés d'une flamberge et se faisaient adouber par d'autres du même tonneau...
John J. Baud, comte de Châtel, né le 24 novembre 1887 à Coudrée, Sciez (Hte Savoie). il demeurait à Thonon-les-Bains, historien etc... secrétaire de l'Académie Chablaisienne, membres de plusieurs autres sociétés françaises et étrangères (je résume), porteur de plusieurs titres et décorations, certaines plausibles (Mérite Agricole, off. Instruction publique), d'autres de pure fantaisie : Ordre du lion des Ardennes (son grand maître a vu sa condamnation en cassation en 1968 !), St Sauveur et Ste Brigitte de Suède (sortie de l'imagination d'un Italien nommé Vincent Orléans né à Casoria (Italie) en 1907, Epée de Chypre, hospitaliers de St Jean, prieuré du Danemark (un faux ordre) etc...
Les armories qu'il prétend porter, augmentées d'une curieuse couronne à sept perles dont trois grosses, exposées sur un manteau fourré d'hermine (comme les ducs et princes) entourées des décorations laissent assez perplexe et sans préjuger de la qualité de ses recherches entraîneraient à les considérer avec la plus grande prudence.
Cordialement,
Dominique Delgrange
Secrétaire général SFHS (Société française d'héraldique et de sigillographie, Paris, siège social aux archives nationales).
Bonsoir,
Supprimermerci pour ces précisions sur John Baud qui, visiblement, devait être un sacré personnage. En espérant que ses recherches ne soient pas trop fantaisistes...
Mélanie - Murmures d'ancêtres