« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

samedi 31 octobre 2015

#Centenaire1418 pas à pas : octobre 1915

Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois d'octobre 1915 sont réunis ici. 

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
___ 


1er octobre
Mêmes emplacements.

Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs.
Pertes : 1 chasseur tué.
Ordre de bataillon n°56 : décorations.


2 octobre
Sous-secteur de Blancrupt : action des minenwerfers [ 1 ] sur les Carpathes, Neurgey et Haute Roche.
Journée et nuit calme dans le sous-secteur de Noirrupt.
Continuation des travaux en cours.
Ordre de bataillon n°57 : citations à l’ordre de la division.
Ordre de bataillon n°58 : affectations.

3 octobre
Mêmes emplacements.
Continuation des travaux en cours.
Bombardement du ravin de Lomberg (Basses Huttes) vers 16h.
Pertes : 1 sergent-major tué par balle.

4 octobre
Mêmes emplacements.
Continuation des travaux en cours.
Sous-secteur de Blancrupt : de 19 à 21 h bombardement par le minenwerfer des boches de la Roche du Corbeau et des Carpathes Nord.
A 21h les boches tentent un coup de main sur ces postes en attaquant avec des grenades.
Devant le poste de la Roche du Corbeau, ils sont repoussés à coups de fusil.
Le poste des Carpathes Nord presque entouré doit se replier légèrement ; l’ennemi occupe son emplacement mais il en est chassé et à 23h30 notre poste le réoccupe.

5 octobre
Mêmes emplacements.
Continuation des travaux en cours.
Sous-secteur de Blancrupt : tirs intermittents d’artillerie. De 19h à 22h fusillade très vive de part et d’autre aux Carpathes Nord et à roche du Corbeau. Des bombes de tous calibres sont lancées par les boches sur les Carpathes Nord.
Sous-secteur de Noirrupt : vers 9h30 l’ennemi bombarde le ravin de Rottenbach avec du gros calibre.
Perte : 1 chasseur disparu.
Ordre de bataillon n°59 : décorations.

6 octobre
Mêmes emplacements.
Continuation des travaux en cours.
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs.
Ordre de bataillon n°60 : décorations.

7 octobre
Sous-secteur de Blancrupt : plusieurs bombes de minenwerfer sont lancées sur Beauregard.
A 20h30 une fusillade intense venant de la Roche du Corbeau est dirigée sur nos positions des Carpathes.
Quelques bandes de nos mitrailleuses et cinq feux de sabre dirigés par nos postes avancés des Hautes Roches rétablissent le calme.
Perte : 1 chasseur tué.

8 octobre
Sous-secteur de Blancrupt : à 21h30 l’ennemi dirige vers nos postes de la Roche du Corbeau et des Carpathes Nord une fusillade et lance quelques bombes.
A 1h15 une patrouille boche tente de couper les chevaux de frise placés en face de notre sentinelle du poste de Neurgey.
Elle est aussitôt dispersée par notre feu dirigé par le petit poste.
Ordre de bataillon n°61 : citations.

9 octobre
Ordre de bataillon n°62 : promotion.
 
Campement alpin Lac Noir, 1915 © Gallica


10 octobre
Sous-secteur de Blancrupt : à 2h une patrouille boche s’approche de nos sentinelles des Carpathes.
Elle est aussitôt repoussée à coups de grenades.
Vers 10h une nouvelle patrouille s’approche du petit poste de droite de l’Arbre Blanc et lance une bombe sur notre sentinelle.
Quelques coups de feu la mettent en fuite.

11 octobre
Sous-secteur de Noirrupt : nos postes avancés du Rain du Pair et de la ferme Cyrille dispersent par quelques coups de feu des travailleurs ennemis.

12 octobre
Sous-secteur de Blancrupt : plusieurs bombes sont lancées par les boches sur le poste des Carpathes au moment où ils prononcent une violente attaque sur le Linge.
Entre 17h et 17h30 ce poste reçoit une douzaine de gros crapouillots. Le poste est démoli en partie.
Dans le sous-secteur de Noirrupt : l’ennemi bombarde le Collet de Noirrupt avec des obus à gaz suffocants au moment où leur attaque sur le Linge se déclenche.
Perte : 1 sergent et 1 chasseur blessés par balles de mitrailleuse.

13 octobre
Ordre de bataillon n°63 : nominations.
Ordre de bataillon n°64 : affectations.

14 octobre
Aucune mention dans les JMO.

15 octobre
Sous-secteur de Blancrupt : vers 9h les boches envoient une vingtaine d’obus de 77 sur Tiercom sans produire aucun dégât.
En raison des circonstances la garnison de la rive gauche de Surcenord est réduite à 6 escouades au lieu de 8.
A 1h30 à la droite du sous-secteur de Noirrupt les boches lancent une attaque sur le Linge.
16 octobre
Vers 15h un avion ennemi survole nos lignes dans le sous-secteur de Blancrupt.
A Noirrupt nous envoyons une patrouille pour tenter d’enlever la sentinelle boche placée à la Corne Sud du Bois Neutre (Basses Huttes).
L’ennemi aperçoit notre mouvement.
Il donne aussitôt l’alarme au moyen d’une fusée et accueille notre patrouille par un feu de salve nourri.
Elle peut néanmoins retourner indemne dans nos lignes sans avoir pu accomplir sa mission.
A 17h30 notre artillerie tire sur la scierie du Bonhomme et sur quelques travailleurs boches.
 
Biplan allemand de reconnaissance © wintzenheim1418.free.fr


17 octobre
Vers 20h une patrouille boche tente de traverser nos lignes entre Haute Roche et les Carpathes.
Elle est aussitôt dispersée par nos coups de feu.

18 octobre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs.
Rien à signaler.
Ordre de bataillon n°65 : citations.
Ordre de bataillon n°66 : affectation.

19 octobre
Noirrupt : l’ennemi tire beaucoup dans la direction de nos travaux de la nouvelle tranchée du Rain du Pair.
Nous répondons en dispersant de nouveaux groupes de travailleurs dans les champs.

20 octobre
Noirrupt : dans la matinée notre sentinelle placée au boqueteau du Rain du Pair tire plusieurs coups de fusil sur une corvée boche qui traversait la route. Un des boches est blessé.
Ils répondent par une vive fusillade sans résultat.
Ordre de bataillon n°67 : citations.
La 2ème brigade n’ayant donné aucune réponse aux propositions de citations du 31 août, le Commandant (tout en regrettant ce retard) est heureux de citer les Chasseurs qui se sont distingués au cours des attaques des 22 et 23 août 1915.

21 octobre
Noirrupt : vers 16h30 une patrouille de la 3ème Compagnie est lancée à la recherche du Chasseur Marsaleix (du 22ème BCA).
Ce Chasseur avait abandonné son poste le matin. Il a tenté de franchir nos lignes et de passer à l’ennemi.
Surpris par une de nos sentinelles, il la tue à bout portant de deux coups de fusil.
Serré de près par la patrouille, il se cache dans un buisson vers le poste de Cyrille.
Il est pris enfin et amené à l’Etat-Major de la 5ème Brigade.
Sur l’ordre du Lieutenant Colonel commandant la Brigade, un Conseil de Guerre Spécial se réuni à 23 heures.
Condamné à mort, Marsaleix est exécuté le matin du 22 à 7h30.
 
Dossier fusillé Marsaleix © Mémoire des Hommes


22 octobre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs. Aucun événement important à signaler.
Perte : 1 caporal et 1 chasseur blessés, 1 chasseur tué.
Ordre de bataillon n°69 (sic : pas de 68) : citation du chasseur Schlier, tué par le déserteur Marsaleix alors qu’il allait l’arrêter.
Ordre de bataillon n°70 : décorations.

23 octobre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs. Rien à signaler.
Perte : 1 chasseur blessé.
Ordre de bataillon n°71 : cassation du sergent Favery pour avoir libéré ses hommes du travail 1h30 avant l’heure fixée.
Ordres de bataillon n°72, 73 et 74 : citations.

24 octobre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs. Aucun événement à signaler.
Perte : 2 chasseurs blessés par éclat de crapouillot.
Ordre de bataillon n°75 : cassation.

25 octobre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs. Aucun événement à signaler.
Perte : 1 caporal et 1 chasseur blessés, 1 chasseur tué.

26 octobre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs. Aucun événement à signaler.
Perte : 1 chasseur tué par balle.
Ordre de bataillon n°76 : citations.

27 octobre
Dans le sous-secteur de Blancrupt vers 10h les Allemands envoient quelques obus de 77 sur notre petit poste au boqueteau de Neurgey et quelques crapouillots sur le petit poste de l’Arbre Blanc.
Dans le sous-secteur de Noirrupt nos postes avancés entendent dans la matinée des tirs d’exercice exécutés par les boches en arrière d’Orbey.

28 octobre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs. Aucun événement à signaler.
Ordre de bataillon n°77 : cassation.
Ordre de bataillon n°78 : nominations.

29 octobre
Dans le sous-secteur de Blancrupt de 14h à 15h un avion français survole les lignes boches.
Il reçoit environ 150 coups de canons, sans résultat.
Pertes : 3 chasseurs légèrement blessés.

30 octobre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs. Aucun événement à signaler.
Ordre général n°44 : le Général Commandant en chef est heureux de transmettre aux armées l’ordre que de sa Majesté le Roi d’Angleterre lui a adressé lors de sa visite sur le front français : « Soldats de France, je suis bien heureux d’avoir pu réaliser un désir qui me tenait au cœur depuis bien longtemps, de vous exprimer ma profonde admiration pour vos héroïques exploits […] et ces magnifiques vertus militaires qui sont le fier héritage de l’Armée Française.
[...] Mes armées sont bien fières de se battre à côté de vous et de vous avoir comme camarades.
Puissent les liens qui nous unissent subsister  et nos deux pays rester toujours intimement liés.
Soldats, acceptez mes salutations les plus cordiales et les plus vives. Je ne doute pas que vous ne meniez cette lutte gigantesque à une fin victorieuse  et je tiens au nom de mes soldats et de mon pays à vous exprimer mes chaleureuses félicitations et mes meilleurs souhaits. »
Le président de la République qui a accompagné le Roi d’Angleterre pendant son voyage joint ses félicitations personnelles à celles qui vous sont adressées par Sa Majesté.
Revue du roi d’Angleterre sur le front français, 1915 © Gallica



31 octobre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs. Aucun événement à signaler.




[ 1 ] Le Minenwerfer (lance-mine) est un mortier léger de 76 mm tirant un projectile de 4,5 kg, dont la portée optimale était comprise entre 300 et 1 000 mètres.
 

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