« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

samedi 11 novembre 2023

J comme Jeunes et moins jeunes

Il n'est pas toujours facile de déterminer les âges d'après les registres de Conques.

 


Les curés et vicaires paroissiaux n’indiquent jamais (ou trop rarement) les âges au mariage : on peut les compter sur les doigts d’une main. Des recherches complémentaires m’ont permis de calculer l’âge des trois quarts des protagonistes : sur les 120 personnes mariées à Conques entre 1780 et 1790, 94 personnes ont un âge déterminé. Toutefois ces âges sont à prendre avec précaution : certains sont estimés d’après l’âge au décès (l’acte de naissance n’ayant pas été retrouvé) et sont donc sujet à caution.

D’après ces chiffres, la moyenne d’âge au mariage serait d’un peu moins de 29 ans.

La mariée la plus jeune (de façon certaine) est Anne ou Marianne Souletier, âgée de 15 ans. Elle aura son premier enfant deux ans plus tard, une fille qui ne vivra que deux semaines ; puis une autre l’année suivante mort-née. Et d’autres encore nés en dehors de la période étudiée (qui ont atteint l’âge adulte). Elle meurt en 1856 dite âgée de cent ans (bon en fait elle n’en avait que 85…).

Elle se marie donc en 1787, avec Jean Fraisse, un vigneron qui est âgé de 34 ans. Ce qui fait que ce couple détient un autre record, celui du plus grand écart d’âge entre les conjoints : 19 ans de différence.

 

Le marié le plus jeune est Antoine Chincholle, marié à 16 ans. Rappelons qu’à cette période la majorité matrimoniale religieuse (c'est-à-dire âge auquel une personne peut s'engager dans le mariage sans l'autorisation de ses parents ou tuteurs) est alors de 30 ans pour les hommes et 25 pour les femmes ; cependant l'âge nubile (état d'une personne en âge de se marier) est de 14 ans pour les hommes et 12 pour les femmes.

Le jeune Antoine, menuisier de son état, épouse en 1784 une fille de bourgeois, Marie Jeanne Baurs, de 11 ans son aînée. Ils s’installent dans la paroisse d’origine d’Antoine, Rignac : ils quittent donc le cadre de mon étude, mais je sais qu’ils auront là-bas plusieurs enfants au moins à partir de 1789.

 

A contrario la mariée la plus âgée a 48 ans environ : il s’agit de Catherine Savi. Son époux en avait 50 : il est lui aussi le marié le plus âgé. Pourquoi ce mariage tardif ? Mystère. Il ne semble pas que les époux aient convolé en premières noces (en tout cas ils ne sont mentionnés veuf/veuve ni l’un ni l’autre). Je sais par ailleurs que Catherine était au service de Me Benazech, notaire.

 


 

Concernant les âges au décès, sur les 345 actes de décès trouvés entre 1780 et 1790, une quinzaine d’actes ne précisent pas l’âge des défunts.

 

6 seraient nonagénaires. Parmi eux, le plus âgé serait Victor Lafon décédé à 96 ans.

Sépulture Victor Lafon, 1787 © AD12

"Victor Lafon veuf de Marie Jalfs âgé d’environ quatre vingt seize ans décédé le jour d’hier…"

Bon, en fait il était âgé de 82 ans.

 

Le suivant, Jean Anterrieux, est dit âgé de 95 ans. Il est né en fait le 12 octobre 1700 : seulement 85 ans au décès.

Marguerite Blax, sensément âgée de 90, en avait en fait 84, Charles Delfieux seulement 85 au lieu de 90 et Antoinette Escudier 84 au lieu de 90. Bref, peu de chance qu’il y ait en fait des nonagénaires à Conques. Il ne reste en lice plus que Catherine Roques, dite âgée de 95 ans, décédée en 1785. Je n’ai pas trouvé sa naissance. L’acte de naissance le plus rapproché qui pourrait correspondre est celui d’une Catherine Roques mariée en 1747, née en 1714 dans une paroisse voisine (soit 71 ans seulement). Je ne sais pas si c’est bien elle, mais si c’est le cas, cela l’élimine aussi des nonagénaires.

 

Après vérification des âges, c’est dans les tranches 60/69 et 70/79 ans que les adultes meurent le plus : 12% des décès de la période.

Mais hélas, toutes tranches d’âge confondues, ce sont les moins de 10 ans les plus touchés : 47%, ou 162 décès. Et parmi eux, 63 n’ont pas atteint l’âge d’un an ; ce qui représente 18% des décès de toute la décennie. 25 sont mort-nés.

On devine ici que la misère tient la population dans sa poigne de fer.

 


 

 

vendredi 10 novembre 2023

I comme Instrumentistes

A Conques il y avait des instrumentistes. Ce n’étaient pas forcément des religieux. 

Orgue de Conques, installé en 1898 © Inventaire national des orgues


  • Jean Avalon l'organiste

Baptême Jean Baptiste Dalmon, 1784 © AD12

"… son parrain a été Mr Jean Avalon organiste..."

Les Avalon sont organistes de père en fils (sur trois générations). Jean, talent précoce, est organiste depuis 1747 : il a alors13 ans ! Il perçoit un salaire de 250 livres, plus 2 livres de fondation et 3 livres de chandelle.  Il tient les claviers de l’orgue de la collégiale de son père Jean Louis qui était aussi organiste à Conques. Son frère Jean Louis l’était à Bournazel, son grand-père Antoine l’avait été à Conques avant d’être en poste à Villefranche de Rouergue.

En 1792 il prête serment (en exécution de la loi du 15 et 23 août 1792), jurant fidélité à la nation, et s’engageant à maintenir la liberté. En 1794, il figure sur une liste des employés des chapitres supprimés, comme marié, père de deux enfants, et bénéficiant d’une pension de 250 livres. Le document donne sa description : « taille d’un mètre quatre cent soixante millimètres ; cheveux blancs sourcils châtain, les yeux gris ; nez long visage maigre, bouche moyenne, menton rond ». Il décède en 1810, à Conques dans sa maison, qualifié d’ex-organiste.

 

  • Joseph Basile Fabre le serpent

"... son parrain a été Joseph Basile Fabre serpant du chapitre de Conques"

 Oui, moi aussi j’ai eu du mal à comprendre le métier de Joseph. Mais en cherchant son acte de décès, que j’ai finalement trouvé en 1804, il y est qualifié de « ex-serpant ». Pas de doute possible. Mais que cela signifie-t-il ?

J’ai eu la chance de trouver sa biographie sur le site du CMBV (Centre de Musique Baroque de Versailles), qui a mis en ligne sa base Musefrem, base de données prosopographique des musiciens d'Église en 1790. Classés par département elles détaillent le parcours des musiciens en 1790 grâce à un dépouillement d’archives rigoureux.

Joseph Basile Fabre est originaire de Rodez. Il est d’abord enfant de chœur à la cathédrale, puis, à partir de 1740, il est à Conques où il exerce les fonctions de chantre et serpentaire. Il occupera ce poste pendant "plus de cinquante ans". Il reçoit annuellement la somme de 300 livres. Il est clerc tonsuré.

A partir des années 1790 on le voit toucher des pensions comme musicien, ou ex-musicien.  En 1799 un certificat de résidence, donne le signalement de Bazile Fabre "taille d´un metre quatre cents soixante millimetres cheveux gris sourcils chatains nez pointu visage megre bouche moyenne menton rond " et rappelle qu'il "a été employé au service du ci devant chapitre de Conques en qualité d’ex musicien plus de cinquante ans". En 1800 il signe le serment de fidélité à la république avec Jean Avalon l’organiste. Et l’année suivante un certificat de travail attestant que "Bazile Fabre a joué de l´instrument dit serpent dans ledit chapitre pendant plus de quarante ans".

Le serpent est en effet un instrument de musique, de la famille des cuivres. Doté d’une embouchure à perce conique comme le tuba, il dispose de trous comme une flûte à bec. Le serpent se présente sous la forme d'un « S », particularité qui lui a donné son nom.

Serpent


  • Guillaume Comte le maître de musique

La France, à l’époque moderne, est riche de musique jusque dans ses petites villes. Les institutions ecclésiastiques, telles que les cathédrales, les collégiales voire même les petites églises, financent des chanteurs et des instrumentistes, mais aussi une maîtrise, c'est-à-dire une école destinée à former de futurs artistes musiciens sous la direction d’un maître de musique. Celui-ci est à la fois pédagogue, compositeur, chanteur et/ou instrumentiste, théoricien. Il est chargé de tout ce qui concerne la bonne exécution de la musique durant les offices, conduisant le chœur d’enfants, les chantres (chanteurs), les instrumentistes (ceux de l’église, de la ville ou ceux de passage). Il peut composer ou copier messes et chants. Bien sûr, il rend des comptes au chapitre dont il dépend.

 

Sépulture Guillaume Comte, 1784 © AD12

"Me Guillaume Comte clerc tonsuré Me de musique du chapitre âgé d’environ 66 ans décédé le jour d’hier a été inhumé ce jour d’hui 5 avril 1784 en présence de Me Jean Pierre Aymé vicaire de la paroisse et de Jacques Alran soussignés avec nous curé de ladite paroisse qui avons fait ledit enterrement"

Né vers 1718, Guillaume Comte, est reçu en tant que musicien haute-taille (ténor), aux gages de 12 livres 10 sols par mois, par le chapitre de la cathédrale Notre-Dame de Rodez en 1740. En 1747 il est recruté comme maître de musique lors de la fondation de la maîtrise de la collégiale Saint-Géraud à Aurillac. Enfin, au début de la décennie 1750 il occupe le poste de maître de musique de la collégiale Sainte-Foy à Conques.

 

  •  Jean François Labro le chantre

En dernier lieu, un autre musicien nous est signalé, c’est Jean François Labro. Nous avons déjà rencontré ce prêtre à plusieurs reprises. La base du CBMV le signale comme chantre (personne qui assure les chants dans les offices liturgiques) et, en 1790, responsable des enfants de chœur. En décembre un état des dépenses du chapitre mentionne une somme de 90 livres payée à Labro pour les 4 enfants de chœur. Le terme de maître de musique ne lui est jamais appliqué.

Néanmoins, dans les registres d’état paroissiaux, ces fonctions ne sont jamais mentionnées.

 

  • Jean Delagnes (ou Delannes) le carillonneur 

Sépulture Jean Delannes, 1785 © AD12

"Jean Delannes carillonneur âgé d'environ quatre vingts ans est décédé le jour d'hier..."

Le carillonneur est celui qui fait sonner les cloches de l'église afin de signaler les événements : messes, assemblées des habitants, mais aussi conflits ou invasions. Le plus célèbre d'entre eux est Quasimodo dans Notre-Dame de Paris. Jean Delagnes est donc carillonneur, mentionné comme tel lors de son décès alors qu'il a 80 ans : est-ce qu'il occupe encore cette fonction malgré son grand âge ? Je ne puis le dire. Quoi qu'il en soit, on le trouve déjà sonneur de cloches en 1753 (auparavant il était dit vigneron). Marié, père de 9 enfants et fils de carillonneur ! Son père Geraud est qualifié ainsi lors de son décès... à 85 ans !

 

 

Pour aller plus loin... Découvrez le serpent !

 

Le serpent, comment ça marche ? David Partouche © France Musique  

 

 

jeudi 9 novembre 2023

H comme Hebdomadier

Dans les registres de Conques, bourgade ecclésiastique, on trouve de nombreux chanoines, bien sûr.  J’ai déjà évoqué les curés et vicaires de la paroisse à la lettre C (voir ici), voici donc maintenant les chanoines et autres clercs. 

Ch. Nodier, J. Taylor et A. De Cailleux, Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France © Gallica

Au sein du clergé catholique, il existe une hiérarchie. On distingue le haut chœur qui comporte les dignitaires hiérarchiques et le bas chœur c'est-à-dire le bas clergé, les clercs.

Si l’église des moines s’appelle une abbatiale, celle des chanoines est dite collégiale. Les chanoines ont presque les mêmes fonctions que les moines mais ils diffèrent de ces derniers sur le fait qu'ils sont prêtres. Une de leurs fonctions essentielles est de réciter l’office divin. A Conques, l’accueil des pèlerins est aussi important bien sûr. Ils vivent en communauté, que l’on appelle le chapitre. Ce qui ne signifie pas qu’ils vivent sous le même toit : nombreux sont ceux qui ont des demeures individuelles autour de l’église.
Chacun des chanoines a une fonction particulière, pour laquelle il touche une pension.

 

Lors d’une visite pastorale au milieu du XVIIIème siècle (soit quelques années avant la période étudiée) le chapitre de Conques est composé de :

  • un abbé séculier obligé à résidence
  • un prévôt, qui n'y réside pas forcément
  • un doyen
  • 21 chanoines

 

Dans les registres de Conques on trouve :

- des chanoines « simples »

  • André Benazech

"…son parrain a été Me André Benazech chanoine"

Ce chanoine est l’un des acteurs majeurs du sauvetage du trésor de Conques pendant l’époque révolutionnaire : en 1792 un arrêté de la Convention ordonna la réquisition de toutes les matières précieuses pour les envoyer à la Monnaie. "Le chanoine Benazech résolut de sauver le trésor. Il organisa un pieux complot, de concert avec la sœur Labro, supérieure du couvent, et trois prêtres de Conques : les deux frères Labro et Costes. Anterrieux, carillonneur et portier de l'église, Nolorgues, du hameau de l'Herm, et Bories, tous trois hommes sûrs prirent une part active à l'exécution de l'entreprise. Un violent orage se déchaîna sur le bourg. Les conjurés, sous la conduite du chanoine, se dirigèrent vers l'église, munis de corbeilles. Au moyen d’un vilebrequin, ils ouvrirent la porte, afin de faire croire à une effraction criminelle; ils forcèrent de même la porte du Reliquaire placé au-dessus de l'autel, enlevèrent toutes les pièces qu'il contenait, et sortirent de l'église par la porte située au bas de la tourelle du clocher. Puis ils se partagèrent le butin et se hâtèrent de l'enfouir; qui dans son séchoir, qui dans son jardin, qui dans quelque autre cachette. Lorsque les mauvais jours furent passés, ceux qui avaient en leur possession les objets sauvés, les rapportèrent fidèlement au sanctuaire de Sainte Foy." (in "Sainte Foy vierge et martyre" de A. Bouillet et L. Servieres)

 

- et ceux qui ont des « spécialités », comme les hebdomadiers

Religieux qui, dans une communauté, est chargé de présider l'office ou d'exercer une autre fonction pour une durée d'une semaine (par exemple pour lire les oraisons de l'office.).

On trouve plusieurs hebdomadiers à Conques :

  • Joseph Beteille, décédé en 1781

"Messire Maitre Joseph Beteille hebdomadier et sous sacristain du chapitre de Conques âgé d'environ soixante quatre ans est décédé le jour d'hier deux décembre et a été enseveli le quatre dudit mois mil sept cent quatre vingt et un par moi Guillaume Toussaints Pons curé de Montignac à la prière qui mène, a été faite par monsieur Benoit vicaire de la paroisse de Conques, à l'absente de Monsieur le curé de ladite paroisse, présents messieurs Jean Paul Malaval et François Labro hebdomadiers du chapitre soussignés"

  • Jean François (ou François) Labro, fils de mes sosas 278 et 279

"… présent Mr Me François Labro hebdomadier soussigné" 

D’après les sources, il devait aussi être chantre (religieux qui entonne et préside au chant dans un monastère ou une église), mais aussi en 1790 responsable des enfants de chœur de la maîtrise de la collégiale Sainte-Foy (il est payé pour cela la somme de 90 livres). Il reçut, au grand séminaire où il fit ses études, les appréciations suivantes : « faible pour l'esprit, le jugement, la capacité, très bon pour le reste ». Il meurt en 1820 dans sa maison de Conques.

Vis-à-vis du transept septentrional de l'église, s'élevait une chapelle dédiée à St Thomas de Cantorbery (détruite dans les années 1820/1840) séparée de la basilique par la faible largeur du cimetière. Les notables s’y faisaient enterrer. Elle appartenait aux prêtres de la Fraternité de Conques. Jean François Labro en faisait partie. 

Décès Anne Raynal, 1782 © AD12

"… presens Messieurs J. François Labro prêtre fraternisant et hebdomadier..."

 

- des prêtres obituaires

Ils sont des membres du clergé catholique voués à la célébration des obits (= messes anniversaires dites pour les morts), les messes et prières collectives pour le salut des défunts. Ils étaient rétribués par des dons ou des fondations annuelles ou perpétuelles prodiguées par des croyants soucieux du salut de leur âme après leur mort.

  • Jean François Labro, cumule les fonctions : il est aussi prêtre obituaire.

"… parrain Me Jean François Labro prêtre et obituaire de st thomas" 

 

- des clercs

Sont appelés clercs les fidèles ayant reçu l’ordination de diacre (ordination qui confère le pouvoir de baptiser et de prêcher) ou de prêtre (ordination donnée par l’évêque conférant la mission de rendre présent le Christ parmi les hommes, en célébrant l’eucharistie, en pardonnant les péchés, en instruisant et guidant le peuple qui lui est confié..).

  • Geraud Anterrieux

 "...present Geraud Anterrieux clerc du chapitre..."

Dont des clercs tonsurés :

La tonsure est le signe visible de passage à l'état clérical. Certains clercs de Conques sont dits « clercs tonsurés »

  • Jean Baptiste Costes
 
Décès Antoine Selves, 1785 © AD12

"… present [...] Jean Baptiste Costes clerc tonsuré"

Plus tard il sera qualifié de « prêtre obituaire de St Thomas » (décès d’Anne Besse, 1788). Selon la tradition il prit une part active dans le sauvetage des reliques organisé par le chanoine Benazech lors de la période révolutionnaire, avec la sœur Labro, supérieure du couvent, les deux frères Labro, Anterrieux le carillonneur et portier de l'église ainsi que Nolorgues du hameau de l'Herm.

Il est le neveu de mon sosa 128 Antoine Astié.

  • Guillaume Comte

"Guillaume Comte clerc tonsuré Me de musique du chapitre âgé d’environ soixante six ans, décédé le jour d’hier a été inhumé ce jour d’hui cinq avril mil sept cent quatre vingt quatre"

  • Louis Charles Labro

"… présents messieurs Jean François Labro prêtre fraternisant et Louis Charles Labro clerc tonsuré"

Louis Charles Labro est le jeune frère de Jean François.

  • Jean Fabre

"… en présence de Jean Baptiste Fabre clerc tonsuré régent des écoles"

Jean Baptiste Fabre est le témoin de nombreux actes. Il est le régent des écoles. Puis, à partir de 1788, on le voit qualifié de clerc tonsuré (il reste régent).

 

- les sacristains

Personne (laïque ou religieuse) employée par la paroisse, chargée de la sacristie, de préparer les objets nécessaires au culte et aux cérémonies, d’entretenir et d’orner l’église.

  •  Me Bes (prénom inconnu)

"Me Bes sous sacristain du chapitre"

 

- les chapelains

Prêtres chargés de façon stable d’assurer le service religieux dans une église non paroissiale (communauté religieuse) et ceux chargés d’un sanctuaire (comme Lourdes par exemple).

C’est le cas de Jean Vernhes, dit chanoine du chapitre en 1784 et, après la Révolution et la suppression des ordres religieux, ex chapelain.

"…Jean Vernhes ex chapelain domicilié à Conques âgé de 46 ans est décédé ce jour d’hui…"

 

- le prévôt

Chef ou doyen du chapitre d'une cathédrale ou d'une collégiale.

  •  Nicolas de Turine

"…la bénédiction nuptiale leur a été donnée par Mr Jeanne Marie Joseph Louis Philippe Nicolas de Thurine prévôt du chapitre de Conques…"

 

 

 

mercredi 8 novembre 2023

G comme Griffe

Les signatures sont nombreuses sur les registres de Conques. La noblesse, les gens du droit et les clercs signent bien sûr, mais aussi :

- des  maçons, charpentiers, menuisiers, sabotiers

Signature Pierre Doumergue, garçon charpentier, 1789 © AD12


- des vignerons, fermiers, cultivateurs

- des brigadiers, employés

- des chapeliers, tailleurs, 

- des aubergistes, marchands

- des domestiques

- des sages femmes

Signature Magdalene Vernhes, 1787 © AD12


Des signatures qui nous tiennent à cœur : celles de nos ancêtres.

Signature François Rols, sosa 136, 1787 © AD12


Signature Pierre Jean Martin, sosa 138, 1787 © AD12


Signature Antoine Mas, sosa 132, 1780 © AD12

Un autre type de signatures émouvantes : celle où l’on devine une écriture laborieuse.


Signature Joseph Carles, vigneron, 1781 © AD12


Signature Jean Fabre, employé, 1780 (signe Faure) © AD12

 

Les femmes sont beaucoup moins nombreuses à signer.

Signature Elisabeth Ytié, 1781 © AD12

 

Les mariages contiennent parfois plusieurs signatures :


Mariage Antoine Lagarrigue et Marianne Cussac, 1781 © AD12
Signatures  du marié, cordonnier ; François Rols mon sosa 136, propriétaire ; Jean Antoine Raynal, aubergiste ; Jean Benoit, le vicaire de Conques ; et d’autres témoins non listés : Pradels, Raynal, Anterrieux.

 

C’est en particulier le cas lorsqu’un avocat en parlement, fils d’un autre avocat en parlement, épouse une fille d’avocat et notaire royal, la bénédiction étant donnée par un doyen du chapitre de Conques, en présence d’un autre avocat en parlement, d’un conseiller du roi, d’un juge, et d’un notaire.



Mariage de Joachim d’Albusquier et Françoise Garrigue, 1782 © AD12

 
"L'an mil sept cent quatre vingt deux et le seizième jour du mois d'octobre après la publication d'un banc de mariage entre Mr Antoine Joachim d'Albusquier avocat en parlement habitant de la ville d'Entraygues fils légitime à feu Mr Henri Antoine d'Albusquier aussi avocat au parlement de ladite ville d'Entraygues et à dame Elizabeth de Julien mariés de ladite ville d'une part, et demoiselle Françoise Garrigue fille légitime à feu Mr Jean Baptiste Garrigue, avocat et notaire royal, et à demoiselle Marie Girou, mariés du lieu de Bournazel, ladite demoiselle Garrigue résidant actuellement en la présente ville, ladite publication ayant été faite tant au prône de notre messe de paroisse qu'à celle d'Entraygues comme il conste par le certificat de Mr le prieur en date du 14 octobre Palangié prieur curé d'Entraygues signé, et à celle de Bournazel comme il conste aussi par le certificat de Mr le curé dudit lieu daté aussi du 14 dudit mois Moysset curé signé, et les parties ayant obtenu la dispense de deux bancs en date du 15 octobre 1782 Frijol vicaire général signé, contresigné par le secrétaire de l'évêché signé Dajol, dûment insinué le jour et en que la date de la dispense sans qu'il soit venu à notre connaissance aucun empêchement civil ni canonique non plus qu'à celle de Monsieur le prieur d'Entraygues et de Mr le curé de Bournazel comme il conste par leur certificat ci-dessus mentionnés ; la bénédiction nuptiale leur a été donnée par Mr Jeanne Marie Joseph Louis Philippe Nicolas de Thurine prévôt du chapitre de Conques délégué par nous curés dudit Conques tant de notre chef que du chef de Mr le prieur d'Entraygues et de Mr le curé de Bournazel, en présence de nous susdit curé de Conques, de Mr Me Antoine Flaugergues avocat en parlement curateur de ladite demoiselle Garrigue, de messire François […] de Baldit conseiller du roi et son assesseur civil et criminel au sénéchal et présidial de Rodez, de Mr Joseph Adrien Ferrières juge de Conques, de Jean Benazech notaire, et de Mr Joseph Flaugergues avocat en parlement soussigné avec l'époux et l'épouse"

 

 

 

 

mardi 7 novembre 2023

F comme Feu

Les vicaires et curés de Conques sont assez avares en mentions complémentaires au décès.

 

HFE Philippoteaux, Enterrement en Bretagne © Louvre


Sépulture Pierre Astié, 1786 © AD12

"Pierre Astié veuf de Catherine Soutouly âgé d’environ 90 ans est décédé le jour d’hier, a été inhumé ce 12 mai 1786…"

Bon, en fait mon sosa 256 avait 85 ans, mais peu importe...

 

"Le 13 de novembre mourut et le 14 fut ensevelie Jeanne Bousquet épouse de Rols de Conques âgée d’environ 68 ans…"

Le prénom de mon sosa 272 n’est même pas mentionné dans l'acte de décès de son épouse en 1781, tout aussi lapidaire.

 

De même, les lieux de décès, sont très rarement mentionnés.

Si on a de la chance, le village est nommé.

 

"Jean Clerc […] mourut au village de la Crousette présente paroisse"

 

Il y a à Conques en ces temps de misère, comme on le verra plus tard, de nombreux enfants exposés. Mais ces enfants sont tous élevés à l’hospice. Je n’en ai trouvé qu’un seul décédé en dehors : a-t-il été mis en nourrice ? Est-ce que ses parents seraient revenus le chercher, de manière officieuse puisqu’il n’a pas été reconnu ? Quoi qu’il en soit, cela ne lui a guère porté chance : il est décédé à l’âge de 5 mois.

 

Sépulture Jacques, 1788 © AD12

"L'an 1788 et le 13ème juillet est décédé Jacques, fils à père et mère inconnus, au village de Lapade paroisse de Montignac âgé d'environ cinq mois, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse en présence de Jacques Alran et de Joseph Delannes qui n'a su signer"

 

"François Contour du village del Cade paroisse de St Cyprien âgé d'environ soixante trois ans décédé le jour d'hier dans la maison de Bernard Rouannes charpentier le vingt neuf mars mil sept cent quatre vingt cinq, a été inhumé ce jourd'huy trente mars, présents Antoine Puech gendre du défunt, Jacques Alran soussigné"

 

Je n’ai pas retrouvé l’histoire de ces personnes : qui était Bernard Rouannes par rapport à François Contour ? Pourquoi était-il chez lui ? Mystère.

 

Petits ou grands, si les paroissiens ne sont pas décédés chez eux, ils sont décédés à l’hôpital.

 

"Marie Ourgouilloux… âgée d’environ 66 ans décédée le jour d'hier à l'hôpital de Conques…"

"… a été inhumé Jacques Carles … décédé de la veille à l’hôpital de cette ville…"

 

Sépulture Jeanne Labro, 1781 © AD12
 

"… est décédée à l’hôpital de Conques Jeanne Marty fille légitime à Pierre Marty et à Anne Labro… âgée d’environ 2 ans…"

 

Je compte 67 mentionnés morts à l’hôpital, soit 19% des décès sur la décennie.

 

 

lundi 6 novembre 2023

E comme Edit d'Henri II

Le roi Henri II institue, par un édit de février 1556, la déclaration de grossesse obligatoire. Ce premier édit est reconduit sous Henri III (en 1585) puis confirmé par une déclaration de Louis XIV (26 février 1708). La réglementation restera en vigueur jusque dans les années 1830. 

 

La déclaration vise à lutter contre les avortements et les infanticides et à réduire les cas d’abandon d’enfants.

La déclaration de grossesse est donc l’acte par lequel les femmes célibataires ou veuves font savoir à l’autorité judiciaire – le greffe de la haute justice seigneuriale ou celui de la prévôté royale – qu’elles sont enceintes. Le défaut de déclaration peut entraîner la peine de mort.

Cet édit doit être lu tous les trois mois par le prêtre, dans chaque paroisse de France, aux prônes des messes paroissiales.

 

Les curés de Conque se sont non seulement acquittés de cette obligation, mais en ont consciencieusement rédigé la preuve, tous les ans, dans les registres paroissiaux (sauf 1780 et 1781).

 

Certificat signé Verdier, 1783 © AD12

"Nous soussigné curé de la ville de Conques certifions que nous avons publié cette année au prône de notre messe de paroisse l'édit d'Henri Second concernant les femmes et filles qui cachent leurs grossesses comme il est ord porté par les édits et ordonnances. à Conques ce 2 janvier 1783. Verdier curé"


"J'ai l'honneur d'assurer de notre respect monsieur le juge mage de Villefranche de lui certifier que je lui fais passer un double des registres de ma paroisse et que j'ai publié l'édit d'Henri deux concernant les filles et femmes qui cachent leurs grossesses pendant tous les trois mois ainsi qu'il nous est prescrit par les ordonnances royaux [sic] à Conques ce 1er de l'an 1788. Aymé curé de Conques"

 

Certificat Aymé, 1790 © AD12

"J'ai l'honneur de certifier a messieurs les juges du district d'Aubin que je publie pendant le cours de l'année l'édit d'Henri deux concernant les femmes enceinte qui recèlent leur grossesse et leur part et que je leur ai fait remettre ledit registre de 1790. A Conques ce 2 de l'an 1791. Aymé curé"

 

Dans la décennie précédente, l’édit n’est signalé qu’à la fin de l’année 1775 seulement.

 

Pour les curieux, voici le texte complet de l'édit :


Édit d'Henri II, 1556 © Gallica

"Édit du roi Henri II contre les femmes qui scellent leur grossesse donnée à Paris au mois de février 1556

Henri, par la grâce de Dieu, roi de France ; à tous présents et à venir, salut. Comme nos prédécesseurs et progéniteurs très chrétiens rois de France ayant par actes vertueux et catholiques, chacun a son endroit, montré par leur très louables effets, qu’à droit et bonne raison ledit nom de très chrétien, comme à eux propre et péculier, leur en avoit été attribué : en quoi les voulant imiter et suivre, et ayant par plusieurs bons et salutaires exemples témoigné la dévotion qu’avons à conserver et gardé ce temps céleste et excellent titre, duquel les principaux effets sont de faire initier les créatures que Dieu envoie sur terre en notre Royaume, pays, terres et seigneuries de notre obéissance aux sacrements par lui ordonnés : et quand il lui plaît les rappeler à soi, leur procurer curieusement les autres sacrements pour ce institués, avec les derniers honneurs de sépulture. En étant dûment averti d’un crime très énorme et exécrable, fréquent en notre Royaume qui est que plusieurs femmes ayant conçu enfants par moyens déshonnêtes ou autrement, persuadées par mauvais vouloir et conseil, déguise, occulte et cachent leurs grossesses sans en rien découvrir et déclarer. Et advenant le temps de leur part et délivrance de leur fruit, occultement s’en délivre ; puis le suffoquent, meurtrissent et autrement suppriment, sans leur avoir fait impartir le saint sacrement de baptême. Ce fait les jette en lieux secrets et immondes, ou enfouissent en terre profane, les privant par tel moyen de la sépulture coutumière des chrétiens. De quoi étant prévenues et accusées par devant nos juges, s’excusent, disant avoir eu honte de déclarer leur vice, et que leurs enfants sont sortis de leur ventre morts et sans aucune apparence ou espérance de vie : tellement que par faute d’autre preuve, les gens tenant tant nos cours de Parlement, qu’autres nos juges, voulant procéder au jugement des procès criminels faits à l’encontre de telles femmes sont tombés et entrés en diverses opinions : les uns concluant au supplice de mort, les autres à question extraordinaire, afin de savoir et entendre par leur bouche, si à la vérité le fruit issu de leur ventre était mort ou vif. Après laquelle question endurée, pour n’avoir aucune chose voulue confesser, leurs sont les prisons le plus souvent ouvertes, qui a été et cause de les faire retomber, récidiver et commettre tels et semblables délits, à notre très grand regret et scandale de nos sujets. A quoi pour l’avenir nous avons bien voulu pourvoir.

Savoir faisons, que nous désirant extirper et du tout faire cesser lesdits exécrables et énormes crimes, vices, iniquités et délits qui se commettent en notredit Royaume et ôtez les occasions et racines d’iceux dorénavant commettre, avons (pour ce obvier) dit, statué et ordonné ; et par édit perpétuel, loi générale et irrévocable, de notre propre mouvement pleine puissance et autorité royale, disons, flattons, voulons, ordonnons et nous plaît, que toute femme qui se trouvera dûment atteinte et convaincue d’avoir scellé, couvert et occulté tant sa grossesse, que son enfantement, sans avoir déclaré l’un ou l’autre, et avoir prit de l’un ou l’autre témoignage suffisant même de la vie ou mort de son enfant lors de l’issue de son ventre et après se trouve l’enfant avoir été privé, tant du saint sacrement de baptême, que sépulture publique et accoutumée, sont telles femme tenue et réputée d’avoir homicidé son enfant. Et pour réparation, punie de mort et dernier supplice, et de telle rigueur que la qualité particulière du cas le méritera : afin que ce soit exemple à tous, et que si après n’y soit fait aucune doute ni difficulté.

Si donnons en mandement par ces présentes à nos âmes et féaux conseillers les gens tenant nos cours de Parlement, prévôt de Paris, baillifs, sénéchaux et autres nos officiers et justiciers, ou à leurs lieutenants, et à chacun d’eux, que cette présente ordonnance, édit, loi et statut, il fasse, chacun en droit soi, lire, publier et registrer ; et incontinent après la réception d’icelui, publier à son de trompe et cri public par les carrefours et lieux publics ; à faire cris et proclamation, tant de notre ville de Paris, que autre lieu de notre Royaume et aussi par les officiers des seigneurs aux justiciers en leurs seigneuries et justices, en manière que chacun n’en puisse prétendre cause d’ignorance, et ce de trois mois en trois mois. En outre, qu’il soit lu et publié aux prônes des messes paroissiales desdites villes, pays, terres et seigneuries de notre obéissance par les curés ou vicaires d’icelles, et icelui édit garde et observe, et fasse garder et observer de point en point selon sa forme et teneur, sans y contrevenir. Et pour ce que de cesdites présentes l’on pourra avoir affaire en plusieurs lieux, nous voulons que aux vidimus d’icelles fait sous sceau Royal, foi soit ajoutée comme au présent original : auquel en témoin de ce, afin que ce soit chose ferme et stable, nous avons fait mettre notre sceau.

Donné à Paris, au mois de février, l’an de grâce mil cinq cent cinquante six ; et de notre règne le dixième. Ainsi signé sur le repli, par le roi en son conseil, Clause."

 


 


samedi 4 novembre 2023

D comme Dispense des deux bans

La publication des bans est une démarche nécessaire à tout mariage. Il s’agit d’une procédure obligatoire dont le but est de rendre publique et officielle une future union et de permettre à toute personne de s’y opposer pour une raison valable et vérifiable (empêchements de consanguinité, d’affinité spirituelle, d’honnêteté publique, de concubinage, etc..). Le non-respect de la publication des bans peut être une cause d’annulation du mariage. Sous l’Ancien Régime les bans sont publiés pendant les trois semaines précédant la cérémonie (depuis les conciles de Latran, 1215, et de Trente, 1563) lors au prône des messes des trois dimanches ou jours de fêtes dans la ou les deux paroisses d’origine des futurs époux. 

 

Noce aveyronnaise © Cartorum
 

Il existe cependant différents cas qui permettent d’être dispensé de la publication d’un ou plusieurs bans :

  • lorsque l’on souhaitait s’unir durant l’Avent ou le Carême, période théorique d’abstinence qui interdisait toute union pour 40 jours ;
  • pour éviter la naissance d’un enfant illégitime si la grossesse était déjà bien avancée ;
  • relation de cousinage entre les époux ;
  • veuf et veuve se remariant ;
  • Etc…

Il va de soit que cette demande de dispense est payante.

 

"L'an mil sept cent quatre vingt trois et le seizième juillet après la publication d'un banc de mariage faite en cette église et dans celle d'Arjac comme il conste par le certificat de Mr Marc curé signé le quatorze juillet sans qu'il soit venu en notre connaissance ni en celle de Mr le curé d'Arjac aucun empêchement canonique ni civil ont été conjoints en mariage suivant les formalités de notre sainte mère l'église catholique et romaine après avoir obtenu la dispense des deux autres bancs en date du quatorze dudit mois et an Grun vicaire général signé contresigné par le secrétaire de l'évêché Vala signé dument insinué ledit jour et an Ityé signé, Jean-Pierre Madrières Me cordonnier fils légitime à Pierre Madrieres et à feue Anne Treilhes de la ville de Conques et Anne Medal fille légitime à feu Michel Medal et à Catherine Pradels du lieu d'Arjac en présence d'Antoine Delagnes travailleur, de Jean Antoine Falissard marchand, d'Antoine Martin vigneron et de Jean Falissard meunier a Molinac tous de Conques soussigné ainsi que l'époux, l'épouse n'ayant su signer de ce requise"

 

"L’an mil sept cent quatre vingt neuf et le onzième du mois de novembre après la publication des bans du futur mariage d'entre le sieur Hyacinthe Garrigues maître chirurgien habitant de la ville de Conques depuis environ quatre mois fils légitime et naturel du sieur Hyacinthe Garrigues aussi maître chirurgien et de demoiselle Catherine Virinques mariés habitant du lieu de Valady d’une part et de demoiselle Marie Jeanne Benazech fille légitime de sieur feu Pierre Benazech bourgeois et de demoiselle Jeanne Baurs mariés tous habitants de ladite ville de Conques faite un fois seulement au prône de notre messe paroissiale de ladite ville et au prône de la messe paroissiale du lieu de Valady où il a été annoncé que les parties se proposoient de demander la dispense des deux autres bans qu'ils ont obtenue comme il conste par le certificat de dispense du 9e novembre de la présente année signé du sieur Fajole vicaire général et plus bas du sieur Dujols secrétaire, ledit certificat annexé au registre que nous avons devant nous sans qu’il soit venu à notre connaissance ni à celle du sieur Rey curé de Valady d’après son certificat du 9 novembre même année aucun empêchement civil ni canonique, je soussigné ai reçu leur mutuel consentement et leur ai donné la bénédiction nuptiale en présence du sieur Jean Baptiste Garrigues frère au nouveau marié Me chirurgien habitant du lieu de St Cyprien, du sieur François Labro marchand, du sieur Guillaume Blax Me menuisier et François Ferrières clerc du chapitre [… ?] habitants de Conques soussigné avec les parties"

 

Mariage Pierre Bobis et Catherine Tarral, 1781 © AD12

"Le 27e septembre 1781 par nous curé soussigné a été célébré en face de la sainte église du consentement des parents respectifs le mariage de Pierre Bobis tisserand fils légitime de feu Jean Bobis Marie Lacroix mariés de la Croix paroisse de Vieillevie en Auvergne avec Catherine Tarral fille de feu Antoine Tarral et marie Boudou mariés de Conques, les bans de mariage ayant été publiés pour les 1er et 2e et dernière publication à la messe de paroisse de Conques sans opposition ni déclaration d'empêchement, les parties ayant obtenues une dispense des deux bans de Mgr l'évêque de Rodez ci attachée, ledit Bobis résidant à Conques depuis plus d'un an et étant majeur, présents Baptiste et François Bobis frères du nouvel époux, Pierre Anterrieux et Guillaume Tarral de Conques signés"

 

Cas unique sur la période étudiée : une sommation respectueuse :

"Le 25 de juillet 1781 a été célébré le mariage de Michel Falissard fils de Jean Falissard marchand et d’Anne Galtier mariés de Moulinols paroisse de Conques avec Antoinettre Vigroux fille de Pierre Vigroux et de Catherine Carles mariés de la ville de Conques après avoir publié les bans pendant trois fois selon le droit sans opposition ni révélation d'empêchement en conséquence de trois sommations respectueuses que ledit Michel Falissard a faite à son père en due forme contrôlées à Marcillac qui sont chez le sieur Benezech notaire de Conques attaché au contrat de mariage qui sont en conséquence desdites sommations passées devant lui le 22 de ce mois et du consentement des autres parents respectifs présents Pierre et Antoine Vigroux frères de l’époux, Joseph Falissard et Pierre Alexis Alran soussigné avec l’époux, l’épouse de ce requise a dit ne savoir"

 

Une sommation respectueuse est un acte extra-judiciaire que des mineurs sont tenus de faire signifier à leurs père et mère lorsque ces derniers n’ont pas donné leur consentement au mariage. On dit que la sommation est respectueuse, car la demande est formulée avec respect, et surtout parce qu’elle est faite sans appareil de justice : c’est un notaire et non un huissier qui joue le rôle d’intermédiaire.

Mariés le 25 juillet, le couple donne naissance à un fils le 31 ! La grossesse était peut-être la cause du refus parental pour ce mariage… et la raison pressante des époux de le faire !