Dans les registres de Conques, bourgade ecclésiastique, on trouve de nombreux chanoines, bien sûr. J’ai déjà évoqué les curés et vicaires de la paroisse à la lettre C (voir ici), voici donc maintenant les chanoines et autres clercs.
Au sein du clergé catholique, il existe une hiérarchie. On distingue le haut chœur qui comporte les dignitaires hiérarchiques et le bas chœur c'est-à-dire le bas clergé, les clercs.
Si l’église des moines s’appelle une abbatiale, celle des
chanoines est dite collégiale. Les chanoines ont presque les mêmes fonctions
que les moines mais ils diffèrent de ces derniers sur le fait qu'ils sont
prêtres. Une de leurs fonctions essentielles est de réciter l’office divin. A Conques,
l’accueil des pèlerins est aussi important bien sûr. Ils vivent en communauté,
que l’on appelle le chapitre. Ce qui ne signifie pas qu’ils vivent sous le même
toit : nombreux sont ceux qui ont des demeures individuelles autour de
l’église.
Chacun des chanoines a une fonction particulière, pour laquelle il touche une
pension.
Lors d’une visite pastorale au milieu du XVIIIème siècle (soit quelques années avant la période étudiée) le chapitre de Conques est composé de :
- un abbé séculier obligé à résidence
- un prévôt, qui n'y réside pas forcément
- un doyen
- 21 chanoines
Dans les registres de Conques on trouve :
- des chanoines « simples »
- André Benazech
"…son parrain a été Me André Benazech chanoine"
Ce chanoine est l’un des acteurs majeurs du sauvetage du trésor de Conques pendant l’époque révolutionnaire : en 1792 un arrêté de la Convention ordonna la réquisition de toutes les matières précieuses pour les envoyer à la Monnaie. "Le chanoine Benazech résolut de sauver le trésor. Il organisa un pieux complot, de concert avec la sœur Labro, supérieure du couvent, et trois prêtres de Conques : les deux frères Labro et Costes. Anterrieux, carillonneur et portier de l'église, Nolorgues, du hameau de l'Herm, et Bories, tous trois hommes sûrs prirent une part active à l'exécution de l'entreprise. Un violent orage se déchaîna sur le bourg. Les conjurés, sous la conduite du chanoine, se dirigèrent vers l'église, munis de corbeilles. Au moyen d’un vilebrequin, ils ouvrirent la porte, afin de faire croire à une effraction criminelle; ils forcèrent de même la porte du Reliquaire placé au-dessus de l'autel, enlevèrent toutes les pièces qu'il contenait, et sortirent de l'église par la porte située au bas de la tourelle du clocher. Puis ils se partagèrent le butin et se hâtèrent de l'enfouir; qui dans son séchoir, qui dans son jardin, qui dans quelque autre cachette. Lorsque les mauvais jours furent passés, ceux qui avaient en leur possession les objets sauvés, les rapportèrent fidèlement au sanctuaire de Sainte Foy." (in "Sainte Foy vierge et martyre" de A. Bouillet et L. Servieres)
- et ceux qui ont des « spécialités », comme les hebdomadiers
Religieux qui, dans une communauté, est chargé de présider l'office ou d'exercer une autre fonction pour une durée d'une semaine (par exemple pour lire les oraisons de l'office.).
On trouve plusieurs hebdomadiers à Conques :
- Joseph Beteille, décédé en 1781
"Messire Maitre Joseph Beteille hebdomadier et sous sacristain du chapitre de Conques âgé d'environ soixante quatre ans est décédé le jour d'hier deux décembre et a été enseveli le quatre dudit mois mil sept cent quatre vingt et un par moi Guillaume Toussaints Pons curé de Montignac à la prière qui mène, a été faite par monsieur Benoit vicaire de la paroisse de Conques, à l'absente de Monsieur le curé de ladite paroisse, présents messieurs Jean Paul Malaval et François Labro hebdomadiers du chapitre soussignés"
- Jean François (ou François) Labro, fils de mes sosas 278 et 279
"… présent Mr Me François Labro hebdomadier soussigné"
D’après les sources, il devait aussi être chantre (religieux qui entonne et préside au chant dans un monastère ou une église), mais aussi en 1790 responsable des enfants de chœur de la maîtrise de la collégiale Sainte-Foy (il est payé pour cela la somme de 90 livres). Il reçut, au grand séminaire où il fit ses études, les appréciations suivantes : « faible pour l'esprit, le jugement, la capacité, très bon pour le reste ». Il meurt en 1820 dans sa maison de Conques.
Vis-à-vis du transept septentrional de l'église, s'élevait une chapelle dédiée à St Thomas de Cantorbery (détruite dans les années 1820/1840) séparée de la basilique par la faible largeur du cimetière. Les notables s’y faisaient enterrer. Elle appartenait aux prêtres de la Fraternité de Conques. Jean François Labro en faisait partie.
"… presens Messieurs J. François Labro prêtre fraternisant et hebdomadier..."
- des prêtres obituaires
Ils sont des membres du clergé catholique voués à la célébration des obits (= messes anniversaires dites pour les morts), les messes et prières collectives pour le salut des défunts. Ils étaient rétribués par des dons ou des fondations annuelles ou perpétuelles prodiguées par des croyants soucieux du salut de leur âme après leur mort.
- Jean François Labro, cumule les fonctions : il est aussi prêtre obituaire.
"… parrain Me Jean François Labro prêtre et obituaire de st thomas"
- des clercs
Sont appelés clercs les fidèles ayant reçu l’ordination de diacre (ordination qui confère le pouvoir de baptiser et de prêcher) ou de prêtre (ordination donnée par l’évêque conférant la mission de rendre présent le Christ parmi les hommes, en célébrant l’eucharistie, en pardonnant les péchés, en instruisant et guidant le peuple qui lui est confié..).
- Geraud Anterrieux
"...present Geraud Anterrieux clerc du chapitre..."
Dont des clercs tonsurés :
La tonsure est le signe visible de passage à l'état clérical. Certains clercs de Conques sont dits « clercs tonsurés »
- Jean Baptiste Costes
"… present [...] Jean Baptiste Costes clerc tonsuré"
Plus tard il sera qualifié de « prêtre obituaire de St Thomas » (décès d’Anne Besse, 1788). Selon la tradition il prit une part active dans le sauvetage des reliques organisé par le chanoine Benazech lors de la période révolutionnaire, avec la sœur Labro, supérieure du couvent, les deux frères Labro, Anterrieux le carillonneur et portier de l'église ainsi que Nolorgues du hameau de l'Herm.
Il est le neveu de mon sosa 128 Antoine Astié.
- Guillaume Comte
"Guillaume Comte clerc tonsuré Me de musique du chapitre âgé d’environ soixante six ans, décédé le jour d’hier a été inhumé ce jour d’hui cinq avril mil sept cent quatre vingt quatre"
- Louis Charles Labro
"… présents messieurs Jean François Labro prêtre fraternisant et Louis Charles Labro clerc tonsuré"
Louis Charles Labro est le jeune frère de Jean François.
- Jean Fabre
"… en présence de Jean Baptiste Fabre clerc tonsuré régent des écoles"
Jean Baptiste Fabre est le témoin de nombreux actes. Il est le régent des écoles. Puis, à partir de 1788, on le voit qualifié de clerc tonsuré (il reste régent).
- les sacristains
Personne (laïque ou religieuse) employée par la paroisse, chargée de la sacristie, de préparer les objets nécessaires au culte et aux cérémonies, d’entretenir et d’orner l’église.
- Me Bes (prénom inconnu)
"Me Bes sous sacristain du chapitre"
- les chapelains
Prêtres chargés de façon stable d’assurer le service religieux dans une église non paroissiale (communauté religieuse) et ceux chargés d’un sanctuaire (comme Lourdes par exemple).
C’est le cas de Jean Vernhes, dit chanoine du chapitre en 1784 et, après la Révolution et la suppression des ordres religieux, ex chapelain.
"…Jean Vernhes ex chapelain domicilié à Conques âgé de 46 ans est décédé ce jour d’hui…"
- le prévôt
Chef ou doyen du chapitre d'une cathédrale ou d'une collégiale.
- Nicolas de Turine
"…la bénédiction nuptiale leur a été donnée par Mr Jeanne Marie Joseph Louis Philippe Nicolas de Thurine prévôt du chapitre de Conques…"
Hebdomadier ... merci pour cette découverte ... Je ne connaissais même pas le mot
RépondreSupprimerMoi non plus ! ;-)
SupprimerMélanie - Murmures d'ancêtres
J'aurais appris pas mal de choses avec ton articles !
RépondreSupprimerJe rejoins mes camarades de lecture. Un billet bien instructif ! Merci pour ce petit cours 😊
RépondreSupprimeron en apprend des choses, je ne connaissais pas "hebdomadier" ni "obituaire"
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