« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mardi 14 novembre 2023

L comme Licence

Dans les registres de Conques on trouve des mariages, bien sûr. 

Scène d'accordailles © RMN


Le mariage religieux obéit à certaines règles édictées par l’Église, notamment lors des conciles de Latran au XIIIème et de Trente au XVIème siècle. Il est reconnu comme sacré et indissoluble. Les époux doivent être monogames. Un âge minimum est requis.
Les curés de Conques précisent parfois l'âge et la majorité/minorité des fiancés, mais c'est plutôt rare.

 

Mariage André Cavanac, 1784 © AD12

"L'an 1784...ont été conjoints en mariage par nous vicaire soussigné suivant les formalités de notre sainte mère l'église catholique apostolique et romaine andré cavanac vigneron majeur de vingt cinq ans...et anne landes majeure de vingt cinq ans..."
Pour en savoir plus sur les âges au mariage à Conques, voir la lettre J de ce ChallengeAZ.

 

La parenté peut être un empêchement au mariage. On distingue différent types de parenté :

  • La parenté naturelle ou consanguinité : les mariés ne peuvent pas épouser leurs cousins jusqu’au 4ème degré.
  • La parenté par alliance : il est impossible pour un(e) fiancé(e), après rupture de premières fiançailles, d’épouser un(e) parent(e) du premier fiancé, tout comme il était impossible pour un veuf d’épouser un(e) parent(e) du premier conjoint.
  • La parenté légale par adoption : l’enfant adopté ne pouvait épouser un enfant de ses parents adoptifs, ni ses parents
  • La parenté spirituelle : il y avait interdiction d’épousailles avec son parrain ou sa marraine.

Compte tenu des contraintes géographiques (endogamie) et démographiques, il devenait difficile de trouver un conjoint qui ne soit pas de l’une de ces parentés ; c’est pourquoi l’Église accordera parfois des dispenses.
Cependant, dans la décennie étudiée, je n'ai trouvé aucune dispense de consanguinité. Cela implique que, malgré la situation isolée de Conques, il y avait suffisamment d'ouverture sur l'extérieur pour renouveler les populations.

 

Pour procéder à la cérémonie les fiancés doivent procéder à un certains nombre de phases obligatoires :

  • la publication des bans
  • la célébration en public, c'est-à-dire témoins et prêtre
  • la signature des nouveaux époux sur un registre paroissial

 Comme pour la parenté, des dispenses peuvent être accordées.

 

"L'an 1783... après la publication d'un ban de mariage faite en cette église et dans celle d'Arjac... sans qu'il soit venu à notre connaissance... aucun empechement canonique ni civil ont été conjoints en mariage suivant les formalités de notre sainte mère l’église catholique et romaine, après avoir obtenu la dispense des deux autres bans... signé par le secrétaire de l'évêché... jean pierre madrières... et anne medal..."

Pour en savoir plus sur cette dispense des deux bans, voir la lettre D de ce Challenge.


Lorsque le ou la futur(e) mari(e) est originaire d’une autre paroisse, il/elle se devait d’apporter une autorisation signée du curée de la paroisse d’origine certifiant qu’il/elle n’était pas marié(e) et ce afin d’éviter toute bigamie. Contrairement aux dispenses de consanguinité - et logiquement - on trouve de nombreux certificats signés des curés de paroisses extérieures qui autorisent les mariages; ce qui conforte l'exogamie des mariages conquois soupçonnée plus haut.

 

"L'an 1783 et le 16e juillet après la publication d'un banc de mariage faite en cette église et dans celle d'Arjac comme il conste par le certificat de Mr Marc curé signé le quatorze juillet sans qu'il soit venu en notre connaissance ni en celle de Mr le curé d'Arjac aucun empêchement canonique ni civil ont été conjoints en mariage suivant les formalités de notre sainte mère l'église catholique et romaine après avoir obtenu la dispense des deux autre bans… Jean-Pierre Madrières Me cordonnier fils légitime à Pierre Madrieres et à feue Anne Treilhes de la ville de Conques et Anne Medal fille légitime à feu Michel Medal et à Catherine Pradels du lieu d'Arjac"

"L'an 1780... a été célébré... le mariage de benoit anterrieux... du lieu de noailhac avec marie anne batejat... paroisse de montinhac la susdite épouse résidant a conques en qualité de servante, les bans publiés ainsi que de raison à noilhac et à montinhac et Conques sans qu'il nous aye apparu d'aucun empechement ni opposition ce qui résulte des attestations a nous envoyées par les messires curés de noilhac et montinhac..."

 

Mariage de Jean Chivalié, 1783 © AD12
"L’an 1783 est le 4e février après la publication des bans de mariage faites pendant trois dimanches consécutifs dans notre église et dans celle de la Capelle Neuve Eglise comme il conste par le certificat signé de Mr Portalès prieur curé sans qu’il soit venu à notre connaissance aucun empêchement canonique ou civil ni à celle de Monsieur le curé de Neuve Eglise, ont été conjoints en mariage… Jean Chevaille dit Baldit charpentier fils légitime à feu Jean Chevaille et à Chatherine Baldit et Jeanne Banide fille légitime d’Antoine Banide et feu Marie Rols de la ville de Conques…"

Jean Chivalié (dont le nom a été copieusement déformé) et Jeanne Banide sont mes sosas 130 et 131. N'étant pas originaire de la paroisse de Conques, le fiancé a fait publier les bans dans sa paroisse d'origine (La Capelle Neuve Église), comme il se doit, et a fourni un certificat signé de son curé pour le prouver.

Sa première épouse étant décédée 15 mois après le mariage, il épouse en secondes noces Marguerite Lavernhe; avec une curieuse formulation lors de la rédaction de l'acte de mariage :

Mariage Jean Chivalié, 1785 © AD12
"L'an 1787 et le 3e du mois de février après avoir publié à notre messe de paroisse pour la première, seconde et troisième publication attendu que les parties promirent d'obtenir la dispense des deux autres bans, et ils l'ont en effet obtenue, en conséquence après avoir publié pour la quatrième fois sans qu'il y ait eu aucune opposition et sans qu'il soit venu à notre connaissance aucun empêchement nous avons donné la bénédiction nuptiale selon qu'il se pratique dans l'église catholique..."

Seul exemple dans ma généalogie de publications de quatre bans après avoir obtenu la dispense de deux !

 


 

2 commentaires:

  1. Sans oublier que les dispenses de consanguinité sont assorties d'une aubole conséquente ! l'église s'y retrouvait largement ! Domi

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    1. l'église est devenue riche avec mes ancêtres montagnards qui vivaient dans des villages isolés et se mariaient entre cousins, ou alors les cultivateurs qui pour que les terres restent dans la famille mariaient leurs enfants aux cousins ...

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