« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mercredi 1 novembre 2023

A comme Absent

Le baptême est le premier sacrement, celui qui introduit dans l’Église et efface le péché originel. La personne est immergée dans l'eau ou aspergée. Cet accueil dans l’Église se fait entouré des parents, du parrain et de la marraine qui présentent l’enfant à la communauté. Ces derniers sont les personnes qui s'engagent à soutenir son filleul ou sa filleule (la personne parrainée) dans sa vie chrétienne pour l'aider à grandir dans la foi. 


 

Mais à Conques, parfois, le parrain se fait représenter par une autre personne lors de la cérémonie du baptême. L’Église a en effet prévu le cas particulier où le parrain ou la marraine ne peut être présent le jour de la cérémonie ou toute autre raison. Dans ce cas là, l’absent pourra se faire représenter par une autre personne. Celle-ci remplacera le parrain ou la marraine le temps de la cérémonie et signera à sa place. La personne initialement choisie reste le parrain ou la marraine officielle aux yeux de l’Église. 

 

Baptême Marie Rose Labro, 1786 © AD12
"Marie Rose Labro fille légitime et naturelle de François Labro marchand et Marie Rose Benazech mariés de la présente ville est née hier et a été baptisée ce jourd'hui 6ème du mois d'aout 1786, parrain Me Jean François Labro prêtre et obituaire de Thomas de la ville de Conques qui la baptisée et qui a commis pour la tenir en sa place Jean Antoine Falissard marchand, marraine Marie Jeanne Benazech sa tante, qui ont signé"

 

Nous retrouverons le prêtre Jean François Labro de nombreuses fois au cours de ce ChallengeAZ. Ici il est l’oncle de la baptisée (il est aussi le fils de mon sosa 278). Il semble que, dans ce cas, le parrain ne pouvant pas cumuler le double rôle parrain/officiant a délégué son rôle à une autre personne. Le représentant est l’oncle par alliance de la baptisée.

 

Les parents récidivent deux ans plus tard :

"…Jean Joseph Labro fils légitime du sieur François Labro marchand et de demoiselle Marie Benazech mariés de cette ville, [le] parrain a été messire Jean Joseph d'Adhemar chanoine du chapitre de Ste Foy de Conques qui s'est fait représenter par Jean Benazech notaire oncle du baptisé…"

 

Cette fois je ne sais pas pourquoi le chanoine n’a pas pu être présent pour la cérémonie. Certains actes gardent leur mystère.

 

Baptême Jean Louis Avalon, 1787 © AD12
"L'an mil sept cent quatre vingt sept et le vingt trois mars a été baptisé Jean Louis Avalon fils légitime et naturel de Me Jean Avalon organiste du chapitre et de demoiselle Marie Christine Valete mariés né de la veille, son parrain a été Me jean Louis Avalon organiste dans la maison de Bonneval qui a commis en sa place le sieur Pierre Jean Martin praticien de cette ville soussigné et sa marraine a été mademoiselle Anne Pages grand mère du baptisé soussignée"

 

Jean Louis Avalon, organiste de l'abbaye de Bonneval (commune du Cayrol), est le parrain du fils de son frère Jean Louis et de Marie Christine Valete, prénommé Jean-Louis. Il n'est pas présent à la cérémonie et est représenté par Pierre-Jean Martin, praticien de Conques (celui-ci est mon sosa 138). Il y a près de 50 km entre Le Cayrol et Conques : la distance explique sans doute son absence.

 

"L'an mil sept cent quatre vingt neuf et le quinzième septembre a été baptisé Pierre Joseph Raymond Laforgue de Ferrieres né du légitime mariage de monsieur Joseph Adrien Laforgue de Ferrieres juge baillif de la temporalité de Conques et de dame Marianne Jausion son parrain a été messire Pierre Joseph Raimond de Vaillac chevalier de l'ordre de st Louis ancien officier de la gendarmerie habitant de Capdenac qui a commis Me Joseph Clement Laforgue prêtre de st Cyprien oncle paternel du baptisé, et qui la baptisé, et qui s'est fait remplacer par messire Louis d’Espeyrac garde du roy seigneur dudit lieu, et la marraine a été madame Marianne Leyrolle veuve de Mr Laval de Busens grand mère du baptisé qui a commis en sa place demoiselle Anne Laforgue de Segonzac tante paternelle du baptisé qui a signé ainsi que les autres"

 

Ici une double représentation ! Le milieu est plus élevé (chevalier de saint Louis, garde du roi…) et, à nouveau, on retrouve le cas de l’officiant qui ne peut être parrain.

 

10 commentaires:

  1. Une pratique intrigante, mais il me semble que j'ai déjà croisé un tel acte... Je ne me souviens juste plus où 😅

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  2. Jamais vu de cas comme ça, c'est donc bien d'en parler ;-)

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  3. Merci , c'est original, j'ai déjà rencontré "absent" dans des actes mais je ne m'étais pas attardée sur le sujet. J'ai appris grâce à vous.

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  4. Merci Mélanie, j'ignorais que ça pouvait exister !

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  5. Interessant, je vais vérifier si j'ai des remplaçants de baptême !

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  6. Jamais vu ce cas. Il arrive assez souvent que le père soit absent lors du baptême. Soit il était retenu par son travail, soit, m'a-t-on dit, il s'agit de nouveaux convertis à la religion catholique et le père n'est pas vraiment "converti"

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  7. En vous lisant, j'ai un vague souvenir d'un cas similaire sur l'une de mes branches mais laquelle... 🤔

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  8. J'ai déjà rencontré deux ou trois fois ce cas, quand il s'agissait de parrains ou marraines "huppés" qui ne prenaient pas la peine de venir, ou ne le pouvaient pas. je me demande d'ailleurs comment le curé qui officiait pouvait être sûr de l'accord du dit parrain ou de la dite marraine...

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  9. La photo qui illustre ce joli billet est parfaite. Tu as dû être contente de la cueillir.

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  10. Oui, déjà rencontré ce cas de remplacement lors d'un baptême. Je suis interpellée par le patronyme VALLETTE (et variantes) rencontré pour mes ancêtres en Puy de Dôme (63).

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