« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

dimanche 22 octobre 2023

#ChallengeAZ 2023 : présentation

 

Voici le mois de novembre et le #ChallengeAZ, ce défi d'écriture généalogique où pendant tout le mois un article est publié chaque jour suivant l'ordre de l'alphabet.

 

Cette année, pour mon 10ème ChallengeAZ (waouh : déjà 10 !) je vous propose d’aller à Conques en Rouergue (aujourd’hui département de l’Aveyron). Les fidèles lecteurs de ce blog le savent, c’est le berceau de mes ancêtres éponymes. Ils y ont vécu de 1671 (trace la plus ancienne retrouvée à ce jour) jusqu’au milieu du XIXème siècle. J’ai choisi de me pencher non sur mes ancêtres directement mais sur la paroisse en général : j’ai dépouillé une décennie d’actes paroissiaux afin d’y dénicher les personnalités marquantes, les métiers, les quartiers, etc… Certaines familles sont établies là depuis plusieurs générations, d’autre ne font que passer. 

Registre paroissial de Conques (détail), 1780 © AD12
 

J’ai choisi cette décennie un peu au hasard, parce que les registres étaient écrits lisiblement (tout au moins au début : je n’avais pas vu qu’ensuite ça allait se gâter). C’est la décennie 1780/1790 qui a été retenue.


Conques est une petite bourgade développée autour de son abbaye. Elle est établie à flanc de coteau, au milieu de vallées profondes. L’abbaye a connu une immense renommée au Moyen-Age, étape importante sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Elle a compté jusqu’à 900 moines. Autour de son abbaye s’est développé un bourg de commerçants et d’artisans, ville close de murailles. 

L’utilisation de matériaux locaux (schiste, grès, calcaire « rousset », pans de bois et toits de lauze) confère une grande unité à l’habitat conquois. Disposées en palier sur le versant, les maisons tournent en général leur façade principale vers le midi et elles possèdent deux entrées : celle du rez-de-chaussée, ouverte sur la rue inférieure, et celle de l'étage, ouverte sur un jardin ou la rue supérieure.

 

Conques © K.Golik


Le déclin s'amorce à partir du XIVème siècle, lorsque la vogue des pèlerinages s'estompe. Conques compte alors 3 000 habitants, se plaçant ainsi au septième rang parmi les villes du Rouergue. En 1770, à la veille de ce ChallengeAZ, elle n’en compte plus que 630. Au XVIème siècle la discipline monastique s’est nettement relâchée. Le pape sécularise l’abbaye, c'est-à-dire qu’il remplace des moines par des chanoines (ils sont une vingtaine). Si les premiers vivent retirés du monde, consacrant leur vie à Dieu, dans les locaux communs de l’abbaye, les autres ont davantage de contact avec la population, habitent des maisons dans le bourg et sont relevés de leurs vœux de pauvreté. En général ils sont prêtres. Il existe plusieurs ordres : au XVIème ce sont des chanoines de St Augustin, aujourd’hui ce sont des Prémontrés.
Au XVIIIème siècle la misère règne. Conques reste un bourg ecclésiastique : les chanoines y tiennent un rôle important dans le secours de la ville, notamment à l’hôpital (ou hospice). 


Voici donc un aperçu d’une communauté, en des temps difficiles, vu au travers de ses registres paroissiaux.

 

Pour des raison de commodité, j'ai parfois modernisé la transcription des actes cités, mais la plupart du temps je les ai laissé tels quels.



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