« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

jeudi 23 novembre 2023

T comme Tombeaux et levées des corps

Les curés de Conques sont assez avares de détails concernant les tombeaux des défunts. Toutefois certains des paroissiens de Conques se voient gratifier de quelques précisions quant à leurs décès.

Mise au tombeau, Anonyme, XIXème siècle © Louvre 


  • Quelques rares mentions du cimetière :

"L'an 1788 et le 13ème juillet est décédé Jacques, fils à père et mère inconnus, au village de Lapade paroisse de Montignac âgé d'environ cinq mois, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse en présence de Jacques Alran et de Joseph Delannes qui n'a su signer"

 

Sépulture Jean Escudier, 1784 © AD12

"Jean Escudier maçon veuf âgé d’environ 70 ans mourut le 6e février 1784 et fut inhumé le lendemain dans notre cimetière par nous curé..."

"Ce 8e mars même année un garçon maréchal ferrant natif de la paroisse de Bouillac habitant Conques depuis environ 20 ans a été trouvé noyé au dessus de la chaussée du moulin de Combelong sur les frontières de la paroisse de Noailhac et la vérification faite par la justice il a été enterré le 10 du mois de l'agrément du sieur père de Noailhac dans le cimetière de Conques. Il étoit âgé d'environ 65 ans"


  •  Les tombeaux des chanoines :

"…a été inhumé dans le cimetière et les tombeaux du chapitre messire Charles Lacarbonniere chanoine du chapitre de Conques…"

"… a été inhumé dans le cimetière et dans les tombeaux du chapitre messire Marie Anne François Charles Masson chanoine du chapitre de Conques…"

 S'agit-il de l'ancienne tour servant de caveau aux chanoines ?


"Marie Jeanne Besombes âgée de 4 ans fille légitime et naturelle de Pierre Besombes maréchal et d’Anne Toulouze mariés décédée le jour d’hier a été inhumée ce jour d’hui 8 septembre 1785 dans un tombeau appartenant à Mr Guiot de son consentement et pour cette fois ci seulement…"

Ce Mr Guiot est l’un des chanoines du chapitre. Histoire curieuse de cette enfant inhumée dans le tombeau d'un chanoine : les actes paroissiaux ne disent pas tout...


  • Autre tombeau :

"Le 15 est décédé Marion Laville fille légitime à feu Laurent Laville et Foy Vernhes mariés de la ville de Rodez et a été inhumée le 16 de février 1780 au cimetière devant un tombeau appartenant à la fraternité situé derrière la chapelle de St Jacques âgée de 7 ans…"

Pour mémoire les prêtres de la Fraternité disposaient de leur propre chapelle, dédiée à St Thomas de Cantorbery. Les notables s'y faisaient enterrer (voir à ce sujet la lettre H de ce ChallengeAZ). Laurent Laville était fils de notaire, qualifié de bourgeois; son épouse fille de marchand.

 

  • La levée des corps :
Sépulture Foy d'Humières, 1784 © AD12

"Noble Foy d’Humières âgée d’environ 62 ans décédée le jour d’hier a été inhumée ce jour d’hui 5ème août 1784. En présence de Me Jean Pierre Aymé vicaire et de Me Jean François Labro hebdomadier du chapitre. L'enlèvement a été fait par le chapitre de notre consentement lequel consentement nous a été demandé par ledit chapitre qui nous a envoyés Mr Labro hebdomadier dudit chapitre pour l'obtenir et lequel nous avons accordé après qu'il ait été convenu avec Mr labbe de Masson syndic dudit chapitre et en présence dudit Me Labro que cela étant une pure concession de ma part cela ne tiendrait ne tirerait à aucune conséquence pour l'avenir, nous présents à l'enlèvement du corps qui a été fait dans la chambre de Mademoiselle d'Humières où nous sommes montés avec l'officiant toutes les cérémonies faites à l'autel de paroisse"

Foy d'Humières était la fille du seigneur de diverses places. Elle vivait avec sa mère et ses sœurs au château d'Humières dans les hauts de Conques. La levée du corps est faite par les chanoines avec le consentement du curé de la paroisse et en présence de celui-ci, avant la cérémonie funèbre à l'autel de la paroisse.

 


Sépulture de Pierre Benezech, 1788 © AD12

"L’an 1788 et le 18ème décembre a été inhumé Pierre Benezech marchand décédé de la veille, époux de Jeanne Baurs, âgé de 71 ans, à laquelle inhumation a assisté le chapitre, de notre consentement donné aux parents du défunt, et nous avons assisté au présent enterrement et sommes entré en la maison du défunt pour faire l'enlèvement et conjointement avec Me Figeagol chanoine officiant, et le tout s'est fait en présence de monsieur Antoine la Rousse vicaire de la présente paroisse et de Jean Baptiste Fabre régent des écoles soussignés avec nous"

Les chanoines du chapitre ont donc assisté à l’enterrement du marchand, mais avec l’accord du curé de la paroisse. Après la levée du corps, une procession s’est déroulée de la maison du défunt jusqu’à l’église. Et c’est l’un des chanoines qui a procédé à la cérémonie. Mais pas n’importe lequel : Me Figeagol (ou Fijagol) était aussi vicaire général du chapitre (premier collaborateur de l’abbé).

 

 

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