Je compte 8 paires de jumeaux parmi mes ancêtres directs (dont 2 paires mixtes garçons/filles). Ce qui n’est pas énorme pour 3 201 aïeux : 0,24 %. J'en compte 52 paires sur la totalité de ma généalogie (7 656 personnes), soit 0,67 %.
Jumeaux © A.Geddes
On reste néanmoins en-dessous de la moyenne nationale. Historiquement, en effet, environ 1 grossesse sur 80 donne naissance à des jumeaux, soit 1,25 % (1).
Sur les 52 paires, 24 sont des jumelles (filles/filles), 9 sont des jumeaux (garçons/garçons) et 19 sont mixtes (garçons/filles).
Bien sûr, on connaît tous la distinction entre vrais et faux jumeaux : les premiers sont issus d'un seul et même œuf, tandis que les seconds proviennent d’une gestation identique, mais de deux ovules fécondés par deux spermatozoïdes.
Chez ces derniers, les jumeaux « dizygotes », il n’y a entre eux que les similitudes que l'on peut rencontrer entre n'importe quels frères et sœurs. Du fait qu’ils se développent grâce à deux placentas séparés, comme deux enfants nés de deux grossesses différentes, ils peuvent être de sexes différents. La prédisposition génétique qui favorise leur venue est à rechercher du côté maternel, puisque le père n'influence en rien la double ovulation originelle.
Chez les vrais jumeaux, « monozygotes », c’est la cellule œuf qui se sépare en deux, formant ainsi deux embryons qui ont le même patrimoine génétique. Si l'ovule se divise moins de trois jours après la fécondation, les jumeaux se ressembleront davantage à la naissance (poids et taille) que si l'ovule fécondé se divise plus tard. Les jumeaux monozygotes sont souvent très ressemblant physiquement. Mais en prenant de l'âge, ils peuvent se différencier, à la suite des choix personnels comme la nourriture, les activités physiques et intellectuelles... ainsi que des expériences de vie.
Dans nos sociétés modernes, on voit augmenter le nombre des grossesses multiples, notamment à cause de l'utilisation à grande échelle des médicaments pour lutter contre l’infertilité.
Les causes de la gémellité sont encore mal connues aujourd'hui (hormis ce phénomène moderne) ; en particulier pour les jumeaux monozygotes.
Enfin, littéralement, le terme jumeau se réfère à tous les individus (ou l'un de ceux-ci) qui ont partagé le même utérus au cours d'une même gestation. Les triplés (ou quadruplés) sont donc 3 (ou 4) jumeaux. Je n’ai pas encore trouvé de grossesse triple (ou davantage) dans ma généalogie.
En généalogie, il est difficile de distinguer, d'après les actes d'état-civil, les faux des vrais jumeaux ; hormis les grossesses mixtes, qui sont obligatoirement des faux jumeaux.
Chez moi, on naît jumeaux majoritairement en automne et hiver : 6 paires de jumeaux nés en septembre, novembre, décembre et 7 en janvier. Avril, juin et août ne sont pas propices : seulement 2 paires pour chacun de ces mois.
Lorsqu’on connaît leur âge, les mères ont le plus souvent la trentaine (19 cas). Les plus jeunes ont 21 ans et la plus âgée 45.
C’est en Maine et Loire qu’il y a le plus de jumeaux : 24 paires (mais c’est le département où j’ai retrouvé le plus d’ancêtres ; ce n’est donc pas très significatif) ; suivi, très loin derrière, par les Côtes d’Armor : 7 paires.
C’est au XVIIème que les jumeaux sont les plus nombreux chez moi (28 paires). Seulement 2 paires au XIXème. Le Floch Ursule (née en 1874) est mon ancêtre jumelle la plus proche de moi : c’est mon AAGM.
Rares sont les jumeaux qui ont eu des jumeaux : Sur les huit paires de jumeaux (chez mes ancêtres directs), on compte à nouveau des jumeaux dans la descendance de Rattier Françoise (elle a eu des jumelles) et de Bouguié Joseph et Quero Marie (à la deuxième génération : leurs petits-fils donnant eux-mêmes naissance à des jumeaux).
Rattier Laurent et Barbot Jacquine ont deux paires de jumeaux : dans la première paire on compte notre ancêtre Françoise (citée ci-dessus) ; dans la seconde paire l’un des deux enfants décède 11 jours plus tard.
Ces Rattier sont prospères en matière de gémellité : après les deux paires citées ci-dessus, notre ancêtre Françoise donne elle-même naissance à des jumeaux, ainsi que la sœur de Laurent (une fille baptisée par la sage-femme en péril de mort, décédée le lendemain et un fils est mort-né non prénommé). Soit 4 paires en deux générations.
René et Jacques Girard, nés en 1682 à Nueil les Aubiers (79), sont qualifiés de frère « gemeaux ». Le rédacteur de l’acte a aussi ajouté un « S » au patronyme (« Girards ») et il précise qu’ils sont nés le même jour (heureusement, du reste, notamment pour la mère !).
Les grossesses gémellaires restes des grossesses à risques et la mortalité infantile des jumeaux est aussi importante : sur les 52 paires, une voit les deux bébés mort-nées (elles ne seront d’ailleurs pas prénommées), trois autres voient l’un des deux bébés aussi mort-nés, et une douzaine de bébés meurent en bas âge (mais tous ces enfants n'ont pas été suivis systématiquement : d'autres sont peut-être aussi décédés en bas âge sans que je ne le sache). Par contre, aucune de nos mères de jumeaux n’est décédée des suites de couches gémellaires.
Les jumeaux décédés ne dérogent pas à la règle des prénoms (comme les enfants uniques) : Maugars René et Le Bouvier Urbanne donnent naissance à des jumelles, Renée et Jeanne, nées en 1654 ; elles décèdent toutes les deux quinze jours plus tard. Deux ans après ils donnent naissance à une fille, à nouveau prénommée Jeanne (notre ancêtre).
Après trois enfants uniques, Le Mercier Etienne et Goguelet Jacquine donnent naissance à des jumelles Marguerite et Catherine en 1679 : elles décèdent rapidement (6 semaines). La naissance suivante est à nouveau gémellaire : Jean et Catherine nés en 1682 (Catherine décède à 6 mois). Suivront deux enfants uniques nées en 1684 et 1686, Catherine (la troisième donc), notre ancêtre, et Magdelaine.
Cinq couples ont deux paires de jumeaux parmi leurs enfants, dont Boissinot François et Albert François qui donnent naissance à deux paires de jumeaux successives, à deux ans d’intervalle. Un seul de ces enfants survivra. Neuf enfants (uniques) suivront ensuite.
Picard Pierre et Babin Fare ont cinq enfants, dont deux paires de jumeaux nés après notre ancêtre Marie Anne.
Bref, si j'avais voulu une grossesse multiple, les chances auraient été assez minces (moins que la moyenne nationale). Néanmoins j'aurai probablement donné naissance à une - seule - paire de filles, en hiver, dans ma décennie d'âge qui est en train de se terminer. Peut-être qu'elles et moi on aurait survécu. Mais surtout j'aurais dû vivre au XVIIème siècle en Maine et Loire.
En gros, c'est raté !
(1) Mathieu Vidard, Les jumeaux, émission La tête au carré sur France Inter, 31 mars 2011