« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 25 octobre 2024

#ChallengeAZ 2024 : Présentation

C'est l'heure du ChallengeAZ. Ce défi dure tout un mois : tous les jours (hors dimanche) un article est publié avec l'alphabet en fil rouge. Ainsi, le 1er jour du mois le premier article a pour sujet un mot commençant par la lettre A, puis le 2 un mot commençant par la lettre B, et ainsi de suite...

Planning ChallengeAZ 2024

 Affaire Sénat de Savoie contre JAY-GUILLOT

« Procédure
Pour le seigneur avocat fiscal général demandant en cas d’homicide
Commis en la personne de Vincent REY cavalier
Contre le chanoine de Samoëns CHOMETTY, les mariés JAY et Claudine VUAGNAT servante

Copie de lettre
Monsieur Comme l’on vient de me donner
Avis que l’on a trouvé dans les bois
Commun du Berouze un cadavre enveloppé
D’un manteau blanc…
 »

 

C’est ainsi que commence l’épais dossier de procédure du Sénat de Savoie contre mes ancêtres François JAY et Françoise GUILLOT sa femme.

 

Extrait du dossier de l'affaire JAY-GUILLOT © AD73 via le Fil d’Ariane
Extrait du dossier de l'affaire JAY-GUILLOT © AD73 via le Fil d’Ariane

Le Spectable [respectable, honorable] François Joseph DELAGRANGE, avocat et juge au Sénat de Savoie, était en résidence à l’abbaye royale de Sixt (Haute-Savoie) lorsqu’il reçu cet avis de Me DUSSAUGEY notaire et châtelain de Samoëns (paroisse voisine) l’avisant qu’un cadavre avait été trouvé dans les bois de Bérouze, situés à un quart de lieue [1,2 km] du bourg de Samoëns.

L’alerte est donnée : c’est le début de la procédure. Nous sommes le 11 février 1748. 

L’histoire se situe en Faucigny (Haute Savoie actuelle). Ce territoire, frontalier du Valais Suisse, appartient au Duché de Savoie (alors indépendant du royaume de France).

François JAY et Françoise GUILLOT sa femme sont mes sosas 400 et 401 (ancêtres à la IXème génération). Installés à Samoëns. Il a 30 ans et elle 23. Mariés depuis 1743, ils ont deux jeunes enfants de 4 et 2 ans (Claude et Jeanne Marie). François est maçon de profession (une spécialité locale et réputée). Le couple possède aussi quelques terres et bestiaux. Une servante, Claudine VUAGNAT, âgée de 25 ans, aide Françoise à tenir son ménage ; elle est par ailleurs sa cousine issue de germain (en d’autres termes, leurs parents étaient cousins germains).

Nicolas CHOMETTY est originaire de Taninges (11 km plus bas dans la vallée). Prêtre et vicaire de Morzine d’abord, il devient chanoine à Samoëns en 1745*.

 

La Savoie a connu plusieurs périodes d’occupation française, mais à l’époque où se déroulent les faits qui nous intéressent elle dépend de la Maison de Savoie. Au XVIIIème les ducs de Savoie obtiennent aussi le titre de rois de Sardaigne. Charles-Emmanuel III de Savoie accède au trône en 1730 et gouverne en despote éclairé. En 1733 il s'unit à la France et à l'Espagne qui projettent d'affaiblir la maison d'Autriche, lors de la guerre de Succession de Pologne.

 

C’est à cette occasion que le pays est occupé par l'armée espagnole, de 1742 à 1748. Il sert de base de ravitaillement à l’ennemi et de lieu de repos pour ses troupes ; les impôts sont multipliés, le pays est épuisé, l’époque est très dure. Le Faucigny est surtout occupé par la cavalerie. En 1743 deux compagnies de cavalerie du régiment de Séville sont logées à Taninges et Scionzier (22km). Les soldats et leur capitaine M. D’AGUILA (ou D’AGUILLARD) sont logés dans les maisons du bourg de Taninges, avec leurs chevaux. Nourriture pour les hommes, avoine et paille pour les montures sont fournis par la population locale. En décembre 1747, ces cavaliers du régiment de Séville sont envoyés prendre leurs quartiers d'hiver à Samoëns. Cette région, plus éloignée du centre du gouvernement, eut peut-être un peu moins à souffrir que la Savoie propre de cette occupation étrangère et l’entente entre les Espagnols et la population locale semble plutôt cordiale. Des affinités se sont créées, des mariages ont été conclus, mais aussi… un meurtre !

 

Deux juges sont en charges du dossier JAY : d’abord François Joseph DELAGRANGE, juge ordinaire du marquisat de Samoëns, puis le juge mage de la province de Faucigny, Joseph RAMBERT (à partir du 24 février). 56 témoins vont être entendus. La procédure va durer du 11 février au 6 avril, date à laquelle les conclusions du substitut de l’avocat général seront rendues. Le jugement sera prononcé le 7 juin 1748.

 

A bientôt : le 11 février 1748 l’alerte sera donnée, l’histoire commencera…

 

 

 

 

* Pour l’anecdote, Nicolas CHOMETY (ou CHOMETTY) maria un couple de mes ancêtres, François BEL et Jeanne Etienne MARIN en 1739 à Taninges ; avec, comme témoin, un certain Joseph DELAGRANGE avocat et juge au Sénat de Savoie.

 

Certains articles seront suivis d'une rubrique "Pour en savoir plus..." afin d'apporter quelques renseignements complémentaires sur des points de droit en Savoie au XVIIIème siècle - comme ci-dessous.

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Pour en savoir plus…
Le fonctionnement de la justice en Savoie au XVIIIème siècle


Le souverain de Savoie (Charles Emmanuel III à l’époque qui nous occupe), portant aussi le titre de roi de Sardaigne, est en haut en la pyramide, le juge suprême. Mais ne pouvant juger seul toutes les affaires, il a mis en place une justice déléguée, sur le terrain, que rendent les magistrats au nom du souverain.

On trouve, au bas de l’échelle judiciaire, le châtelain. Il traite des affaires civiles de peu d’importance (menus conflits, litiges mettant de faibles sommes en jeu). Il doit procéder à l’information [enquête] sur les délits dans les 8 jours après leur perpétuation et confier les pièces du dossier au greffe criminel. Il recueille les témoignages et les plaintes. Il arrête les prisonniers et en assure la bonne garde. Conséquence de ce rôle policier, la saisie et l’inventaire des biens des personnes incriminées sont de son ressort. Outre ce rôle de magistrat, il est aussi un employé du fisc, chargé de la perception des revenus du domaine, des amendes et des impôts. Il exécute les décisions venant d’autorités supérieures. Bref, il joue un rôle fondamental étant à l’interface entre la population et les autorités centrales.

Au-dessus de lui exercent une multitude de juges seigneuriaux ordinaires, émaillant le territoire. Ils jugent en première instance toutes les causes tant civiles que criminelles.

On notera aussi la présence d’un « official », juge ecclésiastique qui traite des affaires mettant en cause les sujets ecclésiastique du prince.

Puis vient le juge-mage, magistrat unique pour chaque circonscription savoyarde. Celui du Faucigny siège à Bonneville. Il est nommé (et rétribué) par le roi sur proposition du Sénat. Le mot mage  signifie « plus grand », sans doute parce qu’ils ont la prééminence sur les autres juges de première instance, tels que les juges seigneuriaux et ecclésiastiques. Les crimes qui touchent à la souveraineté du prince relèvent de leur juridiction.


Le Sénat de Savoie (à ne pas confondre avec notre Sénat moderne qui a un rôle politique, celui-ci a bien un rôle judiciaire) se situe au sommet de la pyramide (exception faite du souverain, bien sûr), y compris en matière religieuse. Il siège à Chambéry. Il a des compétences tant au civil qu’en matière criminelle. Il juge en première instance les causes qui excèdent 2 000 livres. Il traite également de toutes les affaires dans lesquelles sont mis en cause les personnages centraux de l’État. Il a la compétence exclusive des crimes de lèse-majesté. Il s’occupe des délits passibles de peines corporelles ou pécuniaires dépassant un certain montant, des délits qui sont de nature à mériter la peine de mort ou celle des galères. Les sentences du Sénat sont rendues sans appel (l’unique solution pour les parties étant le recours en grâce auprès du roi).

Les membres du Sénat sont nommés directement par le roi. Son personnel comprend un premier président (à l’époque qui nous occupe il s’agit de Horace-Victor SCLARANDI SPADA), des présidents de chambres - il y a deux chambres : une pour le civil, une pour le criminel -, des sénateurs (dont le nombre varie selon les époques, comme Jacques RAMBERT ou François-Joseph BOURGEOIS), des auxiliaires de justices tels que conseillers, greffiers, huissiers.

 

Le Sénat est flanqué d’un ministère public, composé d’un avocat général et un procureur général (nommé avocat fiscal général à partir de 1723*), dont la mission est de défendre l’intérêt public et les droits du roi. Le parquet compte aussi un avocat des pauvres et un procureur des pauvres, pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir les services d’un avocat ordinaire.

 

Au niveau local il existe des avocats et procureurs fiscaux, et leurs subordonnés (nommés vice fiscaux), établis auprès de chacun des juges-mages. Les procureurs fiscaux sont choisis par le Premier Président du Sénat parmi les notaires ; ils ne peuvent pas refuser d’exercer cet office. Les vices fiscaux sont choisis parmi les « gens de biens ». Leurs fonctions est de rechercher les auteurs des crimes ou des délits commis dans leurs ressorts et d'en poursuivre la punition. Quand le cas est grave, ils en informent l’avocat fiscal général qui reprend éventuellement le dossier. Le personnel du ministère public est complété par des auxiliaires tels que les deux secrétaires (un au civil, un au criminel) chargés du service des audiences, des clercs, etc...

 

Les « Loix et Constitutions de Sa Majesté », ou Royales Constitutions (Regie Costituzioni), sont des lois ayant pour but de codifier le droit privé dans les États du roi de Sardaigne. Elles sont publiées en 1723 et 1729. Elles compilent et mettent à jour des antiques coutumes et des anciens édits afin d’en faire un corps régulier et complet de lois applicables dans tous les États de Victor-Amédée II (réformé ensuite par Charles-Emmanuel III en 1770). Toutes les procédures, peines et applications sont détaillées dans les Royales Constitutions.

Elles distinguent les « délits légers », qui correspondent aux « injures verbales entre des personnes de la même condition, aux batteries sans armes, et sans effusion de sang », les « autres délits » plus graves et les crimes très atroces, dont le texte ne donne pas de définition, mais pour lesquels il établit une procédure particulière. Parmi l’arsenal de peines laissé à disposition du juge, nous trouvons : la fustigation publique, la prison, la chaîne (le prisonnier est enchaîné et utilisé pour les travaux de force), le bannissement, les galères, et enfin la mort, le plus souvent par pendaison.

La peine de mort est prévue dans un nombre considérable de cas, mais elle reste assez inégalement appliquée. Le bannissement comme l’envoi aux galères, sont largement employés par le Sénat pour toutes sortes de crimes et de délits avec une durée variable.

Les sentences du Sénat sont en principe rendues sans appel, l’unique solution pour les parties étant le recours au roi. Celui-ci peut rendre des lettres de grâce, pardon ou abolition de crimes.

 

 

* Les fonctions du ministère public n'avaient rien de fiscal; mais comme il avait été institué pour que la faiblesse des juges ou la ruse des parties ne fissent rien perdre au trésor, il conserva les traces de son origine.


 

 

vendredi 20 septembre 2024

Fin de vie

Sentant sa fin proche venir, Marie Charrier (ma sosa 227 à la VIIIème génération) règle ses affaires. Elle n’a que 61 ans environ, mais elle est malade, détenue au lit. Depuis la « chambre basse » de la métairie de Cruhé, paroisse de Noirterre (79), elle reçoit notaire et témoins. 

Extrait testament Marie Charrier 1809 © AD79
Extrait du testament de Marie Charrier, 1809 © AD79 


Dans  cette « chambre, ayant une porte et une petite fenêtre au midi donnant sur le jardin, une autre porte à main droite et communiquant dans une autre chambre, une autre porte et une fenêtre au couchant donnant sur la cour […], dans un lit à main gauche de la cheminée [se trouve] ladite Marie Charrier veuve Paineau malade mais saine d’esprit, mémoire et entendement. » Outre un sens du détail particulièrement entretenu, Me Melon a dû se rêver poète dans une autre vie et, à défaut de vers, il rédige des testaments particulièrement sensibles et délicats. Jugez plutôt :

« Laquelle [déclare] que son âge avancé, les infirmités dont elle se trouve accablée, jointe à une indisposition de santé qui depuis quelques temps lui font apercevoir que, si le temps de sa dernière heure est encore éloigné, elle n’a plus qu’à compter des jours de douleurs. Que dans cette idée elle s’est décidée à prendre des mesures relatives aux biens dont la vie lui laisse la libre disposition ».

Bref, elle met ses affaires en ordre et fait « son testament et ordonnance de dernières volontés ».

La veille déjà, le six novembre 1809, elle avait fait le bilan de ses biens. La communauté qui existait entre elle, son défunt mari et ses enfants, pour gérer la métairie de Cruhé, avait été dissoute trois ans auparavant, le 30 septembre 1806. Un inventaire avait été dressé devant le même Me Melon, notaire à Bressuire. Il résulte de cet acte que ladite communauté s’élevait, déduction faite du passif, à la somme de 9 964 francs. Marie Charrier y était fondée pour la moitié (soit 4 982 francs) et chacun de ses enfants - savoir François, Pierre, Perrine épouse de Jean Lavault, Marie Louise épouse de Mathurin Gabard, Françoise épouse de Jean Gabard (cousin du précédent), et Marie Anne aujourd’hui décédée - pour une douzième partie (soit 830,33 francs).

Mais ayant été observé audit inventaire que Perrine Paineau femme Lavault et Marie Louise femme Gabard avaient eu lors de leur mariage chacune la somme de 400 francs qui avait été prélevé sur ladite communauté, les parties consentirent que, sur l’actif de la communauté, il fut prit une somme de 1 600 francs en faveur des autres enfants, afin d’établir l’égalité entre eux. Le surplus de l’actif de ladite communauté, prélèvement fait, fut divisé entre Marie Charrier et ses enfants, suivant ce que chacun se trouvait fondé. Il restait donc à ladite veuve 4 182 francs, à Perrine et Marie 697 francs (en plus du versement de leurs dots de 400 francs chacune), et pour les autres enfants 1 097 francs.

 

Trois ans plus tard, en 1809 donc, Marie Charrier est « parvenue à un âge où le repos doit se mettre à la place des peines, des soins, des embarras qui depuis longtemps ont altéré sa santé, maintenant toujours chancelante. » Faisant le bilan que, depuis la dissolution de la communauté qui existait entre elle et ses enfants, la portion qui lui en a été départie diminue sensiblement, à la fois parce qu’elle ne peut se livrer à aucun travaux qui puissent faire fructifier ses avoirs et parce qu’il lui coûte continuellement pour se procurer ce qui est indispensablement nécessaire à sa subsistance. D’autre part, elle voit avec satisfaction François Paineau son fils aîné diriger avec soins ses intérêts particuliers et augmenter son avoir par son assiduité au travail et par de sages entreprises. Dans le cas où elle aurait encore plusieurs années à vivre restant seule, son avoir se trouverait entièrement dissipé et ses héritiers totalement privés de ce qu’elle a à cœur de leur conserver.

Partant de ces raisons, qu’elle croit des plus légitimes, elle propose à son fils d’établir une communauté entre elle et lui. Comme il a manifesté le désir de lui prodiguer les secours et les soins qu’exigent sa vieillesse, il a été fait, convenu et arrêté entre eux d’établir une communauté de tous les biens meubles et effets qui leur appartiennent à chacun, à partir de ce jour. L'apport de ladite veuve dans cette communauté est constitué par la portion qu'elle a reçue dans la succession de Marie Anne sa fille décédée quelques mois plus tôt et la somme de 3 673 livres qui lui reste des 4 182 livres de la moitié de l’inventaire réalisé après la dissolution de la précédente communauté en 1806 - Elle a en effet entre temps consommé 509 livres tant pour subsistance que pour traitement dans ses maladies. Ledit François Paineau, pour sa part, y conférera ses travaux, son industrie, sa portion afférente dans la succession de ladite Marie Anne sa sœur et la somme de 1 724 francs qui est entre ses mains en meubles, argent et autres objets mobiliers ; c'est-à-dire 1 097 francs de sa portion d’inventaire que sa mère lui a payé et 627 livres qu’il a gagné par ses travaux particuliers depuis la dissolution de communauté, ainsi que sa mère le reconnaît. Il sera libre à l’une ou à l’autre des parties de dissoudre à volonté ladite communauté ou association. En ce cas, elle sera partagée entre ledit Paineau et sadite mère par moitié.

 

Ainsi par cet acte, Marie Charrier assure sa subsistance pour la fin de vie, dont la santé et si fragile. Mais ce n’est pas tout. Marie désire gratifier plus particulièrement son fils aîné.

Il est vrai que, de ses huit enfants, deux sont morts en bas âge, trois filles se sont mariées et ont quitté le foyer maternel pour ceux de leurs époux. La dernière fille est décédée sept mois auparavant, en avril. Lui reste deux fils, qui demeurent encore avec elle. François l’aîné a alors 33 ans. Le cadet, Pierre est âgé de 26 ans. Tous les deux sont encore célibataires (François se mariera l’année suivante mais Pierre restera célibataire toute sa vie). Marie donc vit avec ses deux fils. Et visiblement ils prennent particulièrement bien soins d’elle et de sa santé chancelante, notamment l’aîné. C’est pourquoi elle souhaite les récompenser de leurs attentions.

 

Aussi elle déclare au notaire, revenu dans la métairie le 7 novembre que, « considérant que François Paineau mon fils demeurant avec moi, et particulièrement depuis la mort de François Paineau mon mari, a dirigé les travaux et les intérêts de la maison. Que sa bonne conduite et son économie a fait fructifier suffisamment le peu que j’avais pour élever mes autres enfants et leur amener une aisance telle qu’ils peuvent […], en tenant la même conduite, se soustraire aux besoins que produit la misère. Que pour cette raison il est de justice que j’offre ma reconnaissance audit François Paineau. Considérant également que Pierre Paineau mon autre fils demeurant aussi avec moi a aidé son frère dans ses travaux, qu’à ce titre il mérite aussi ma gratitude. »

C’est pourquoi elle « donne et lègue audit François Paineau à perpétuité, à lui et aux siens, par preciput et hors part, la quotité de biens meubles et immeubles dont il était permis de disposer par les lois existantes. » C'est-à-dire qu’elle lui donne, par avantage au dessus des autres héritiers, la part maximum de son patrimoine dont la loi lui permet de disposer librement (malgré la présence d’héritiers réservataires, à savoir ceux qui ont droit à une part obligatoire sur la succession).  Elle « charge expressément ledit François Paineau de vouloir, le plus tôt qu’il puisse, faire dire des messes pour le repos de [son] âme, pour la somme de 24 livres, et de donner aux pauvres la quantité de 4 charges de blé seigle et desquelles il voudra bien faire faire la distribution après la récolte prochaine. »

A son autre fils Pierre elle donne, hors sa part de succession, « un lit ou la somme de 72 livres ».

 

Ces dispositions désavantagent ses filles mariées. Marie Charrier en est bien consciente. C’est pourquoi elle précise : « si mes filles et gendres veulent bien me donner ou prouver l’amitié qu’ils m’ont toujours manifesté, ils ne contrarieront d’aucune manière mes intentions telles qu’elles sont exprimées en faveur desdits François et Pierre Paineau leur frère et beau frère et que je considère comme un acte de justice. Pour cette raison je les invite à vouloir respecter ma volonté. »

 

Marie décède dans « le courant de ce mois » de novembre 1809. Mais, malgré des dispositions claires et précises, le fiel de la discorde s’est insinué entre ses enfants. Cinq mois plus tard, les revoilà devant Me Melon pour contester ce testament, si avantageux pour certains et défavorable pour d’autres. Ses trois gendres, Jean Lavaut et les cousins Mathurin et Jean Gabard, pensent avoir des droits à cause de leur belle mère sur ladite communauté établie entre elle et son fils François. Tandis que, de son côté, François Paineau son fils, en vertu du testament précité a, au contraire, la prétention d’obtenir ce que sa mère lui a légué.

Afin de maintenir entre elles l’harmonie qui a toujours existé, les parties ont le présent désir d’entrer en discussion. S’étant approchées, elles ont convenu et ont respectivement arrêté ce qui suit :

  • Tous les meubles et effets qui forment et composent la communauté établie entre ladite veuve et son fils resteront à la disposition et appartiendront en toute propriété à compter de ce jour audit François Paineau.
  • Les autres biens de la métairie de Cruhé appartiendront également, pendant le temps qui reste à expirer de bail, audit François Paineau, sans que les autres parties puissent y prétendre, mais sous l’expresse condition que ledit François Paineau acquitte seul, et sans que les autres puissent être inquiétés, les prix de ferme et contributions qui seront dues à cause de cette métairie.
  • Est attendu que sur la communauté entre ladite veuve et son fils il revient auxdits Gabard, Lavaut et Pierre Paineau les quatre cinquième dans la moitié des effets de ladite communauté, à cause du décès de ladite veuve et en tant que ses héritiers ; lesdits Gabard, Lavaut et Paineau veulent bien se restreindre à la somme de 734,70 francs pour leur portion, ce qui fait pour chacun la somme de 183,67 francs ; en conséquence ledit François Paineau promet et s’oblige de leur payer à chacun cette dernière somme avant un an, sans intérêt.
  •   Au vu de tout ce qui a été convenu ci-dessus, lesdits François et Pierre Paineau désirant recevoir le profit du testament fait en leur faveur par ladite Charrier leur mère, les parties s’accordent à renoncer à toute demande supplémentaire.

 

On le voit, la poésie d’un testament des plus clairs, n’a pas empêché les héritiers de devoir négocier l'héritage et s’accorder entre eux, sous peine d’une brouille à jamais irréversible.

 

~ * ~

 

Avant de terminer, je note ici une curiosité généalogique : Marie, qui rencontre donc le notaire les 6 et 7 novembre pour ses dernières dispositions est, selon les registres d’état civil, décédée… le 30 octobre !

Il n’y aucun doute à avoir concernant l’identité de la personne, fort bien décrite, ni sur les dates des actes notariés, par ailleurs rappelées dans l’acte de 1810 entre ses héritiers. Les déclarations de succession et de mutation indiquent qu’elle est décédée le 12 ou le 13 novembre. Alors, qu’a fabriqué le maire de Noirterre, faisant fonction d’officier de l’état civil, en inscrivant sur son registre le 31 octobre que Marie Charrier est « décédée du jour précédent sur les cinq heures du matin » ? Il n’y a pas d’actes sur le registre avant la fin du mois de novembre. Peut-être qu’à l’occasion du décès suivant, il s’est soudain rappelé qu’il n’avait pas inscrit le décès de Marie Charrier sur le registre et que, ne se rappelant pas bien la date du décès, il a écrit au hasard le 31 octobre ? Ce n’est que mon hypothèse mais, je le crains, cette anomalie généalogique restera sans réponse…


 

 

 

 

vendredi 30 août 2024

Maître d'escrime

Lorsqu’il a 20 ans, Louis Astié est déclaré propre au service militaire. Il part donc pour le 9ème Régiment d’Infanterie le 12 novembre 1878.

Il mesure 1,68 m, il est châtain (des cheveux et … des yeux – on dirait plutôt "noisettes" aujourd'hui), un visage ovale, un front ordinaire et une bouche moyenne. Il a reçu une éducation puisqu’il sait lire, écrire et compter.

En janvier 1882 il devient "caporal moniteur d’escrime". Il entre à l’École Normale de Gymnastique et d'Escrime, basée à Joinville, qui forme des cadres sportifs pour les armées. Il a alors 25 ans : l’escrime est entrée dans sa vie et n’en sortira plus. 

 

La plus ancienne salle d'escrime parisienne

Salle Coudurier à Paris © elperiodico


L’art de l’épée a toujours tenu une place importante dans l'éducation des seigneurs et chevaliers. Il est enseigné par des maîtres d'armes, personnes qui enseignent les techniques de combat et le maniement des armes. Au XVIIIème siècle, dès leur jeune âge, les enfants de la noblesse portent la lame au côté et apprennent à l'utiliser. Naturellement l'escrime est primordiale dans l'éducation de la noblesse. Elle fait partie, avec la danse et l'équitation, des arts permettant de fortifier le corps. Et, bien sûr, comme la chasse elle prépare à la guerre.

Au cours de l'entrainement militaire chaque régiment a son maître d'armes, enseignant le maniement des armes. Son instruction, participant à la formation de la jeunesse à la défense de la nation, est le symbole d’une éducation patriotique par excellence. Tout au long du XIXème siècle, la pratique de l’escrime est alternativement obligatoire ou facultative dans les corps d’armées. En 1869, Napoléon III impose à nouveau l'instruction de l'escrime aux soldats. En 1877, le règlement prévoit de rendre l'escrime à l'épée obligatoire dans la cavalerie et l'infanterie, et l'escrime au sabre obligatoire dans la cavalerie et facultative dans l'infanterie.

 

Pourquoi Louis s’est-il tourné vers l’escrime ? A-t-il appris le rudiment des armes auprès de son père gendarme (voir ici) ? L’a-t-il découvert à l’armée elle-même ? Quoi qu’il en soit, Louis poursuit sa spécialisation dans l’escrime : en 1882 est dit "caporal chef de salle". Le 16 juillet 1882 il obtient son brevet de maître d’armes. Quatre jours plus tard il est nommé au poste de "sergent maître d’armes". C’est à son tour d’enseigner aux jeunes recrues ; ce qu’il fait au 95ème Régiment de Ligne. En septembre 1882 il se réengage dans l’armée pour 5 années supplémentaires.

Alors en garnison à Bourges, il rencontre et épouse Marie Eulalie Victorine Desroches, fille d’un casernier (chargé de l’entretien des bâtiments et du matériel d’un casernement) décoré de la médaille militaire. Ensemble ils auront trois filles.

 

En 1884 il est qualifié de "maréchal des logis" (équivalent du grade de sergent). En 1886 il est passé au 1er Régiment d’Artillerie où il est toujours maître d’escrime. En 1887 Louis signe à nouveau, pour un troisième engagement. Le certificat de bonne conduite lui est accordé, ce qui n’est guère étonnant au vue de ses états de services. Il est renvoyé dans ses foyers à l’expiration de son second engagement en 1893. Au tournant du siècle la famille emménage à Ivry, où l’un de ses frères aînés demeure déjà depuis quelques années.


En avril 1896, un article le concernant paraît dans la presse.

 

« Salle d'armes

Jeudi 15 avril 1896, à 7 heures du soir, ouverture d'une salle d'armes, 3, rue Coutant, à Ivry-Port, par M. Astié Louis, professeur ex-maître d'armes, au 1er régiment d'artillerie à Bourges. Les leçons seront données de 7 à 10 heures du soir. Prix très modérés. Nous espérons que la jeunesse ivryenne ne restera pas indifférente à cet appel, et qu'elle viendra en grand nombre grossir le contingent d'élèves que possède déjà M. le professeur Astié. » (Le Réveil Républicain, édition de Malakoff)

 

Depuis la Restauration, en effet, la liberté d'installation permet à de nombreux vétérans de l'armée d'ouvrir leur propre salle d'escrime. Pour pouvoir enseigner et diriger une salle d’armes, les maîtres d’armes français doivent être titulaires d’un diplôme d’état et doivent pouvoir enseigner le maniement de trois types d’armes :

- le fleuret est une arme d’estoc (coup porté par la pointe). Il apparaît au XVIIème siècle : arme plus légère et plus courte que la rapière, sa lame de section quadrangulaire se termine par un bouton (ce qui lui donne son nom car il est moucheté comme une fleur). Grâce à elle on peut faire de l’escrime sans avoir l’intention de se battre, le jeu consistant à effleurer la poitrine adverse. Élégance et courtoisie marque le fleurettiste.

- l’épée est caractérisée par une lame droite et une coquille circulaire qui protège la main.

- le sabre est une arme d’estoc, de taille et de contre taille (coups portés à la fois par le tranchant, le plat ou le dos de la lame). Sa lame est quadrangulaire et peut éventuellement être courbée. La coquille n’est pas circulaire mais a un profile en poignée.

 

C’est ce qu’a fait Louis Astié : ouvrir sa salle, après de nombreuses années passées dans l’armée. Pour cela il est titulaire du brevet de maître d’armes, comme on l’a vu plus haut. Selon l’article de journal, il avait déjà des élèves (mais on ignore où il enseignait).

 

Il faut dire que l'escrime jouit d'un prestige grandissant dans la société de l'époque. Les maîtres d’armes n’enseignent plus exclusivement à la noblesse ou aux militaires, mais s’ouvrent aux civils : la bourgeoisie, notamment, mais aussi les gens de plume, deviennent adeptes de cet art. L’enseignement ne se fait plus à des fins guerrières mais devient davantage récréatif. Il se démocratise et devient un véritable spectacle : des assauts (simulacres de duels où l’on ne se bat qu’avec des armes mouchetées) sont organisés, connaissant un certain engouement du public.

 

Ainsi Louis organise un assaut d’armes public, dont les bénéfices seront reversés aux pauvres et à la caisse des écoles, en octobre 1897. L’événement connaît un véritable succès, la salle étant comble. Trois articles parus dans le Réveil Républicain le citeront même dans ses colonnes (le 2 pour l’annoncer, les 16 et 23 pour en faire le bilan). L’assaut a lieu dans les salons de l’Hôtel de Ville d’Ivry, animé par les sociétés musicales de la cité. De grands noms de l’escrime, tant militaires que civils y ont été conviés pour assurer le spectacle. Bien que plusieurs tireurs aient été gênés dans leur jeu par la défectuosité d’une planche pas assez suffisamment longue et large, ils ont néanmoins recueilli une ample moisson de bravos. 13 « combats » ont été donnés. Les tireurs ont fait apprécier leurs qualités de sang-froid et de précision. Les amateurs se sont surpassés. La séance a été close par la Marseillaise (rappelant les valeurs de patriotisme associées à l’escrime) donnée par les trois ensembles musicaux de la ville.

 

A la fin du XIXème siècle, l’escrime est vue peu à peu comme un sport de compétition. Depuis 1890, on commence en effet à parler d'escrime sportive. Des novateurs suggèrent de faire « juger» les assauts et de compter les coups. On ne prononce pas encore le mot de « match » mais celui de « duel blanc ». Un juge et quatre témoins sont présents pour comptabiliser les scores. Au début c’est davantage la manière et la vitesse relative des coups qui comptent, plus que les points. Peu à peu, cette pratique sportive de l’escrime s’organise et des compétitions apparaissent. Elle fait partie des sports retenus aux premiers Jeux olympiques modernes de 1896.

 

Les années 1880 marquent aussi le retour des duels dans la société. Les élégances prônées par les puristes du fleuret n’étaient pas toujours de rigueur et, dans la rue, l’escrime était plus souvent meurtrière. Devant l’hécatombe de la fine fleur de la nation, on tenta à plusieurs reprises d’interdire les duels, mais sans succès. Les salles d’armes qui se multiplient ont l’ambition de canaliser ces velléités de violence au nom de l’honneur (qu’il soit réel ou imaginaire). L'épée, arme de duel réglementaire, était utilisée sans conventions. Dans sa salle, le maître d'armes met en condition celui qui doit régler un duel à l'épée. Le but n'est pas de tuer mais de mettre son adversaire hors de combat.

 

Le XIXème siècle est un âge d’or pour l’escrime : les armes légères et équilibrées permettent des prouesses techniques en toute sécurité, les maîtres d’armes sont au sommet de leur science. Ils seront à la source du rayonnement de l’escrime française à l’étranger.

 

Louis Astié a dû, tant de fois, revêtir l’équipement complet du fleurettiste (dans cet ordre) : des chaussettes, un pantalon, une veste en toile très serrée, dont le plastron est doublé d'une grosse toile ou d’un cuir pour améliorer la protection aux points les plus sensibles, un gant, un fleuret et un masque.
Devant le nombre d’accidents type « œil crevé » lors des entraînements, on créa en effet le masque afin de protéger le visage des pratiquants. Au début simple grille un peu lâche devant la face, il se développe pour préserver le cou, les côtés du visage et le dessus de la tête, avec une grille plus serrée et une bavette en cuir pour éviter de se faire transpercer la gorge. La tenue est traditionnellement blanche. Cette couleur, difficile à entretenir, est naturellement attribuée aux tenues réservées à l'activité sportive que seuls les milieux aisés pouvaient pratiquer, comme les polos et pantalons pour jouer au tennis, la combinaison des pilotes des sports automobiles, etc…

 

On notera, lors de l’assaut organisé en 1897 par Louis Astié, la leçon publique donnée après les combats par Louis lui-même à sa fille de 11 ans, Jeanne.

 

Rappelons que l’éducation physique et intellectuelle des jeunes filles du début du XIXème siècle était extrêmement limitée, tout comme les fonctions que leur promettait l’âge adulte : épouser un homme, lui donner des héritiers et, pour les classes supérieures,  assurer un rôle de représentation aux côté de leurs maris. Autant dire que l’escrime, activité virile et musclée par excellence, en était bannie. La morale la condamnait fermement. Les activités physiques, déjà peu fréquents chez les fillettes, étaient encore plus rares chez les adolescentes, car ils étaient suspectés d’éveiller la sexualité. La bienséance limitait l’éventail des exercices physiques à la promenade et à la danse, qui permettaient aux jeunes femmes de d’exacerber leur féminité et, par la même occasion, de se trouver un époux.

Cependant, quelques féministes revendiquèrent l’accès à l’escrime par les femmes,  appuyées par certains médecins sensibles aux bienfaits de l’activité physique sur la santé et le développement de l’organisme.

 

C’est le cas de Marie Rose Astié de Valsayre. Née Claire-Léonie Tastayre (en 1846), elle se fait connaître pour ses talents musicaux sous le pseudonyme de Marie de Valsayre. En 1869, elle épouse le docteur Astié (sans rapport avec notre famille). Elle commence des études médicales et sert comme infirmière (ou ambulancière, selon les sources) pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Parallèlement, elle entreprend une carrière de journaliste. Elle s’intéresser aussi aux luttes menées par des travailleuses en compagnie de Louise Michel. Elle milite pour le droit des femmes à l’éducation (en demandant par exemple leur accès aux études de médecine, mais aussi la possibilité de devenir librement cochères ou maçonnes si elles le souhaitent), touche un peu à la politique. Elle est la première à demander l'abrogation de l'ordonnance de 1800, qui interdit aux femmes de porter le pantalon. Peu à peu ses revendications se font plus radicales, exigeant l’égalité des salaires ou le droit de vote pour les femmes. C’est l’âge d’or de la presse : Marie Rose y exprime ses opinions. Elle subit les railleries, parfois grossières, de ses contemporains masculins.
Presque naturellement, elle en vient à réclamer le libre accès à la pratique du sport, et en particulier de l’escrime, pour les femmes. Intrépide (elle s’est elle-même cautérisé une plaie au fer rouge), elle provoque en duel tous ceux (et celles) qui s’opposent à elle. Ainsi, en octobre 1884, un journaliste l’ayant traité de « veuve vautour », elle lui demanda une réparation par les armes. C’est le premier d’une longue liste, toujours vaine toutefois, les hommes répugnant à ferrailler avec une femme. C’est finalement une américaine qui accepta le combat, en 1886 : après un contentieux au sujet de la supériorité des doctoresses françaises sur les américaines, et comme l’Américaine traita d’idiote Marie Rose, aussitôt celle-ci lui jeta son gant à la figure. Miss Shelby releva le défi et les deux femmes croisèrent le fer. Mais l’Américaine dû s’incliner après avoir été blessée au bras par Marie Rose qui reconnut cependant les qualités de son adversaire.

 

Louis Astié était-il sensible aux revendications féministes ? Nous l’ignorons. Bien sûr, il n’avait pas de fils pour lui succéder, mais le fait qu’il enseignait son art à sa fille tendrait à prouver son ouverture d’esprit sur ce sujet.

 

Louis s’éteint en 1905 à l’âge de 48 ans. Il était encore professeur d’escrime.