« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

jeudi 22 novembre 2018

#ChallengeAZ : S comme Samoëns

Lien vers la présentation du ChallengeAZ 2018
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Samoëns est la ville d’origine de Jean-François. Elle est située en Haute-Savoie. Son nom aurait une origine médiévale signifiant "les sept monts" (de sat, "sept", et de moens, "monts ou alpages"), rappelant les 7 sommets qui entouraient le village ; C'est pourquoi ses habitants se nomment les septimontains et les septimontaines.

Samoëns dominé par le Criou © Delcampe

Au cœur historique de Samoëns, l’église, les anciennes halles du marché datant du XVIème  siècle, dites "la Halle de la Grenette", et le Gros Tilleul. Celui-ci, arbre emblématique de la ville, a été planté en 1438 pour célébrer un jugement rendu par le Duc Amédée VIII de Savoie, confirmant aux habitants de Samoëns la possession de plusieurs alpages situés dans une vallée voisine. Arbre remarquable, par son âge et par son envergure, le Gros Tilleul constitue un véritable repère et un lieu de rencontre et de convivialité incontournables de la vie locale.

L'église est une ancienne collégiale dépendante du diocèse de Genève. L’édifice actuel a été construit sur les ruines de l'ancien, détruit en 1476 lors de l'invasion des Bernois. Plusieurs réfections se sont succédé au cours des siècles, œuvre des maçons de Samoëns, tailleurs de pierre réputés en Savoie et en France. En effet, la tradition de la pierre a marqué la vallée du Haut-Giffre qui regorge de carrières de calcaire. Pour compléter leurs revenus issus de l'activité agricole, les hommes de la région travaillaient la pierre. 

En 1659, les frahans (nom donné aux tailleurs de pierre) étaient si nombreux à Samoëns et leur savoir-faire si réputé, qu'ils se sont regroupés au sein d'une confrérie très célèbre. Celle-ci menait des actions philanthropiques, prenait soin des malades, formait de jeunes apprentis et avait sa propre école de dessin qui abritait une importante bibliothèque. Les membres de la confrérie des maçons et des tailleurs de pierre de Samoëns étaient si réputés qu’ils furent appelés sur les plus grands chantiers : par Vauban pour ses fortifications, puis par Bonaparte pour les canaux de Saint Quentin, et même jusqu’en Pologne ou en Louisiane. Pour communiquer et pour ne pas se faire comprendre des autres, ils utilisaient un dialecte bien à eux : "le mourmé". Des témoignages de leur talent subsistent partout sur l'architecture du village.

La figure locale la plus célèbre de Samoëns est sans conteste Marie ­Louise Jaÿ (dont nous partageons un ancêtre commun... à la 12ème génération !). Née en 1838, à 15 ans, la jeune fille part tenter sa chance à Paris comme vendeuse au "Bon Marché". C'est dans la capitale qu'elle rencontre Ernest Cognacq, qu'elle épousera par la suite (devenant les fameux "Cognacq-Jay"). Ensemble, ils fondent le grand magasin "La Samaritaine". Le succès est immédiat. A la tête d'une immense fortune, sans enfant, Marie ­Louise et Ernest consacrèrent la fin de leur vie aux bonnes œuvres et n'oublièrent jamais son village natal à elle. Ainsi en 1906 Marie Louise créa le jardin botanique "la Jaÿsinia" et en 1917 subventionna la rénovation de l'intérieur de l'église.

Samoëns, dont l’altitude oscille entre 670 et 2 700 m (chef-lieu est situé à 703 mètres d'altitude), jouxte la frontière suisse. La famille maternelle de Jean-François, les Jay (tiens, tiens…) sont une vieille famille locale. Son père en revanche, est né en Suisse et a passé la frontière avant d’épouser Adélaïde. La ville est dominée par l'Aiguille du Criou, sommet pointu qui culmine à 2 207 mètres d'altitude.

En 1911, la ville compte 2 220 habitants. Si les parents de Jean-François demeurent toujours à Samoëns en 1914, lui-même est momentanément en résidence en région parisienne où il est garçon de café. Cependant son domicile officiel reste Samoëns, et c’est pourquoi il est mobilisé par l’armée en Haute-Savoie.

Le monument aux morts de Samoëns compte une soixantaine de noms, pour le conflit de la Première Guerre Mondiale. Parmi eux, ceux des jumeaux Jay, Joseph et Alphonse. Ils ne sont que des parents très éloignés de Jean-François (il faut remonter 7 générations pour leur trouver des ancêtres communs, au XVIème siècle), mais sont nés la même année et ont sans doute fréquenté les mêmes bancs d’écoles ou se sont retrouvés sous le Gros Tilleul. Cependant, ils ont connus des destins différents : si Jean-François a survécu à la guerre, Joseph a succombé à une bronchite dès 1915 (une de celles qui a touché Jean-François en Italie mais qui l’a épargné); Alphonse, quand à lui, est tombé dans la Somme en 1916.

Après guerre, Jean-François ne reviendra pas dans la ville d’origine, demeurant désormais à Eaubonne (Val d’Oise) avec son épouse et son fils unique... Épouse originaire de Seine et Marne, où il fut lui-même souvent cantonné lors de la guerre !


mercredi 21 novembre 2018

#ChallengeAZ : R comme registre matricule

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C’est le document de base qui renseigne sur le parcours militaire d’un homme, qu’il soit soldat ou ajourné.

Le document comporte plusieurs cases, variant au cours de l’histoire. Nous prendrons l’exemple ici de la fiche de Jean-François, datée de 1914


Fiche registre matricule Jean-François Borrat-Michaud © AD74

Certaines parties se passent de commentaire, d’autres font l’objet d’une explication si nécessaire. Les catégories sont les suivantes :

- l'identité

- le numéro matricule

- l'état civil

- le signalement physique

- le degré d’instruction :
0. pour le jeune homme qui ne sait ni lire ni écrire ;
1. pour le jeune homme qui sait lire ;
2. pour le jeune homme qui sait lire et écrire ;
3. pour le jeune homme qui sait lire, écrire et compter ;
4. pour celui qui à obtenu le brevet de l'enseignement primaire ;
5. pour les bacheliers, licenciés, etc...
X pour le jeune homme auquel aucun renseignement sur le degré d'instruction n'aura pu être obtenu.

- la décision du conseil de révision et ses motifs. Cette partie comprend le numéro d’inscription dans la liste cantonale du conseil de révision : Le recensement est la toute première étape des devoirs militaires qu'avaient les jeunes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Il s'agit de dénombrer tous les hommes appartenant à une classe donnée. Le recensement est effectué en décembre ce qui permet d'avoir une image précise du nombre de jeunes hommes au 1er janvier de l'année où ils vont rejoindre les casernes. Une fois le recensement effectué, jusqu'en 1905, l'administration peut organiser le tirage au sort puis la "révision" de ces hommes pour voir s'ils sont aptes à faire le service militaire. Après 1905, seul subsiste le conseil de révision, le tirage au sort étant supprimé. La dernière étape, moins d'un an après le recensement, étant l'appel sous les drapeaux. Lors du recensement, une fiche complète était établie avant d'être transmise à la préfecture (indépendante de la fiche de registre matricule). On retrouve la plupart de ces informations dans le registre matricule. Elles étaient probablement envoyées ensuite au bureau de recrutement de la subdivision. Le conseil de révision est composé d’élus et de membres de l’armée. Les jeunes gens sont appelés dans l'ordre du tableau de recensement (numéro que l’on retrouve sur la fiche matricule). A partir de 1905, le conseil de révision juge les aptitudes physiques des recrues suivant 4 catégories :
1. bon pour le service armé ;
2. bon pour le service militaire en raison d’une infirmité relative ou d’une constitution douteuse ;
3. constitution physique trop faible nécessitant un ajournement ;
4. infirmité qui entraîne une exemption de tout service militaire.
On notera le cas particulier du « bon absent » : Les jeunes qui ne se présentaient pas au conseil de révision étaient automatiquement inscrits "Bon absent". Un nouvel examen de leur situation se faisait lors de leur appel sous les drapeaux. S’il s’avère que leur omission a un caractère frauduleux, en plus de leur passage devant la justice, l'homme est envoyé dans les troupes coloniales d'office. C’est ainsi que Jean-François a été déclaré bon absent car résidant probablement encore à Paris lors de ces premières obligations militaires (voir la lettre E).

- le corps d’affectation : résumé des différentes affectations dans l’armée active, de réserve et territoriale.

- le détail des services et mutation diverses : ici le parcours du soldat est détaillé.

- les localités successives habitées : tant que le soldat est susceptible de retourner sous les drapeaux, il est suivi attentivement et ses adresses successives notées afin de pouvoir le rappeler ; ce qui est bien utile pour ceux qui déménagent souvent et dont on ignore la nouvelle adresse.

- les antécédents judiciaires et condamnations : pratique si votre ancêtre est un vaurien et que vous l’ignoriez ; cela peut donner d’intéressantes pistes de recherches ou expliquer de curieuses affectations militaires (par exemple un de mes collatéraux « bagarreur » a été affecté dans un bataillon d’Afrique « en représailles »).

- les campagnes : ici sont détaillées les campagnes auxquelles a participé le soldat. Pour Jean-François cette partie est particulièrement bien remplie (merci à ce militaire rédacteur consciencieux) avec le détail des dates et périodes « à l’intérieur » (à l’arrière : formation ou hospitalisation) et « aux armées » (premières lignes et zone arrière de 100 km considérées comme faisant partie du front) ainsi que les abréviations c.s. et c.d. signifiant campagne simple et campagne double (une campagne double, au front, étant considérée comme plus dangereuse elle va compter davantage pour la future pension du soldat).

- les blessures, citations, décorations, etc.

- les périodes d’exercices.

- les époque à laquelle l’homme doit changer de catégories d’armée.

- la date de libération du service militaire.

Toutes les cases ne sont pas forcément remplies. Mais parfois elles sont trop petites, en particulier lorsque le soldat, comme Jean-François a fait toute la guerre : dans ce cas on rajoute des petits papiers pour noter les informations supplémentaires. On les appelle des retombes. Lorsque les archives numérisent les fiches matricules, elles ont obligées de faire plusieurs numérisations pour bénéficier de toutes les informations : ainsi, au lieu d’une seule vue, la fiche de Jean-François en comporte 5 !


mardi 20 novembre 2018

#ChallengeAZ : Q comme querelle

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Est-ce une simple querelle qui a provoqué la Première Guerre Mondiale ? Sûrement pas. Si, au moment des faits, la situation pouvait apparaître simple (l’assassinat de l’archiduc austro-hongrois par un nationaliste serbe), elle est en fait beaucoup plus complexe.

Le 28 juin 1914, l'archiduc François-Ferdinand, héritier de l’empire de l’Autriche-Hongrie, est assassiné lors d'une visite dans la ville de Sarajevo. Les réactions sont diverses, allant du soulagement côté hongrois car ils ne l’aimaient guère, à la tristesse pour ses partisans ou la joie pour les Serbes durement éprouvés par le gouvernement austro-hongrois. 

Le Petit Journal, 12 juillet 1914 © Wikipedia

Rapidement cet assassinat n’apparaît pas comme un acte localisé, les Autrichiens souhaitant « régler le problème serbe » notamment grâce au soutient du Reich. En Allemagne, certaines voix se font entendre, pour un règlement définitif de la dispute entre ses voisins. En effet, ils pensent que les autres nations ne réagiront probablement pas : la France est préoccupée par des questions de politique intérieure et la Grande-Bretagne doit gérer ses problèmes avec l’Irlande ; seule la Russie pourrait être tentée d’intervenir, mais elle ne semble pas en mesure de soutenir une guerre contre les puissances centrales européennes. 

L’Autriche-Hongrie envoie donc un texte rédigé de telle façon que c’est plutôt un ultimatum que reçoit le gouvernement de Belgrade. Et son refus entraînerait, de facto, une intervention contre la Serbie. Ce texte n'accuse pas la Serbie d'être responsable de l'attentat, mais simplement d'avoir rompu les accords de 1909, qui l'obligeaient à « des rapports de bon voisinage » avec son voisin septentrional, en laissant se développer sur son territoire des courants nationalistes. Par ailleurs le texte exige que des policiers austro-hongrois doivent pouvoir mener des investigations sur le territoire serbe pour enquêter sur le meurtre, ce qui représente une négation du gouvernement et des pouvoirs serbes. Cet ultimatum est adressé le 22 juillet 1914, avec une réponse attendue dans les 48 heures. Si la plupart des revendications austro-hongroises peuvent être acceptées, ce dernier point est refusé catégoriquement par Belgrade. Les relations diplomatiques sont alors rompues.

Certains veulent toujours croire à un différend local et les grandes nations européennes tentent même une conciliation dans les jours qui suivent. Mais d’autres au contraire veulent s’engager dans ce conflit : la crise locale, puis balkanique devient alors européenne, notamment avec la mobilisation décrétée en Russie le 30 juillet, entraînant en réaction celle de l’Allemagne. 

Cette dernière déclare officiellement la guerre le 1er août à la Russie, le 2 au royaume de Belgique et le 3 à la France. Les mobilisations générales se déclarent en cascade dans tous ces pays. Face à l’invasion du Luxembourg et de la Belgique, le 4 août c’est la Grande-Bretagne qui déclare la guerre au Reich, comme elle s’y était engagée si celui-ci intervenait de façon directe dans le conflit.

Cependant, l’assassinat du 28 juin ne semble être qu’une goutte d’eau dans la poudrière européenne. En effet, depuis le début du XXème siècle plusieurs nations étaient engagées dans une course aux armements (Russie, Allemagne, Grande-Bretagne…). Par ailleurs, de veilles querelles non réglées ont tendance à refaire surface régulièrement : la question de l’Alsace-Lorraine entre la France et l’Allemagne, la péninsule balkanique qui a perdu sa souveraineté au milieu du XIXème siècle (guerre de Crimée), la Serbie annexée  par l’Autriche, les appétits russes sur les petits états balkaniques, etc… Ces querelles s’étendent à l’échelle mondiale par l’intermédiaire des empires coloniaux que les nations européennes se sont taillés, notamment en Afrique, au Moyen-Orient ou en Inde.

La montée des nationalismes entraînent des rivalités nationales exacerbées. A cela s’ajoutent des facteurs économiques (financiers, commerciaux) qui tendent les relations internationales. Pour beaucoup d’intellectuels, le conflit n’est pas une surprise, mais ils considèrent cette guerre comme juste car défensive.

C’est ainsi qu’une querelle, d’apparence locale, est rapidement devenue mondiale. Et a fait plus de 18 millions de morts et 20 millions de blessés.


lundi 19 novembre 2018

#ChallengeAZ : P comme photo

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Je possède une seule photo de Jean-François datant de cette période de guerre. Très abîmée, je l’ai restaurée comme j’ai pu.

Jean-François Borrat-Michaud entouré de sa famille © Coll. personnelle

Il figure entouré de sa famille : 
- sa demi-sœur Félicie, seule rescapée de deux paires de jumelles nées en 1881 et 1889 de père(s) inconnu(s) ; 
- son autre sœur Marie-Louise née un an avant le mariage de ses parents (toutes deux légitimées lors dudit mariage) ; 
- ses parents Joseph et Adélaïde ; 
- et un petit garçon, probablement Armand, mais qui reste entouré de mystère – frère ou neveu ? - (qui fera très certainement l’objet d’un billet un jour prochain). 

Quand aux deux sœurs, je ne sais pas laquelle est laquelle mais je dirais que Félicie est à droite sur la photo et Marie-Louise à gauche : mes retouches ne sont pas parfaites mais je pense que celle de gauche ressemble davantage à Jean-François.

Jean-François est au centre, en haut de la photo. Il est habillé en costume de Chasseur alpin (pour en savoir plus, voir la lettre C) : il porte la "tarte" sur la tête, la vareuse dont le col est marqué du corps de chasse, symbole des chasseurs, et son numéro de bataillon, le 51ème. Le reste du costume n’est pas identifiable compte tenu de sa position au milieu de sa fratrie et des couleurs assez sombres du cliché.

Cette photo n’est pas datée, mais en la regardant attentivement, et notamment le col de sa vareuse, on peut émettre certaines hypothèses. En effet, celui-ci est  frappé du cor de chasse et du numéro de bataillon auquel il appartient, le tout surmonté de pattes losangées ornées de deux soutaches (galon étroit et plat, à deux côtes).

Grâce à ce numéro 51, marquant son affectation au 51ème Bataillon de Chasseurs Alpins, on peut émettre une fourchette de temps pendant laquelle cette photo a dû être prise ; c'est-à-dire entre le 9 septembre 1916 et le 10 juillet 1918. Le fait qu’il soit entouré de sa famille signifie sans doute qu’il a eu une permission durant cette période, qu’il soit retourné dans son foyer et pris le cliché à cette occasion. C’est quasiment la seule preuve tangible qu’il a bien eu une permission pendant la guerre (même si on peut supposer qu’il en ait eu plusieurs) car je n’en ai nulle trace par ailleurs - hormis une mention "post conflit" en août 1919 (car à cette époque il est toujours sous les drapeaux : pour en savoir plus à ce sujet voir la lettre U). 

On ne voit pas ses bras, sur lesquels devraient être cousues des brisques [*] : un chevron sur le bras gauche pour un an au front (les 6 mois suivant ne sont pas comptabilisés car il les a passés à l’arrière en hospitalisation), puis 4 autres pour les 2 ans passés aux armées (la 5ème  devrait logiquement lui être donnée en septembre 1918, époque postérieure à la photo puisqu’il aura alors changé de bataillon). Et une autre brisque sur le bras droit pour blessure de guerre.

Enfin, on remarque qu’il arbore la croix de guerre à son revers; distinction lui qui a été attribuée par ordre général n°167 signé du 18 août 1917. Le petit éclat plus clair sur le ruban correspond à l’étoile de bronze qui lui a été accordée en même temps (voir la lettre M pour en savoir plus). La photo est donc forcément postérieure au mois d'août 1917 et antérieure à juillet 1918.

Enfin, est-ce qu’il porte, à côté de la croix de guerre, une barrette dixmude [*] ? Hélas la photo est trop sombre pour pouvoir le dire.

Néanmoins je ne peux pas préciser davantage la date de la photo : j’ignore combien de temps s’est écoulé entre la signature de l’ordre lui attribuant la croix de guerre (le 18 août 1917 donc) et quand il l’a reçue réellement, physiquement. D’autant plus qu’entre novembre 1917 et avril 1918 il était en Italie (voir la lettre I) : a-t-il eu une permission depuis le front italien ?

J’ai tenté de me baser sur les vêtements, pour avoir au moins une idée de la saison, mais autant les robes des filles peuvent paraître légère (pour la Haute-Savoie), autant les manteaux des parents semblent plus chauds. Quand au vêtement du jeune homme, difficile de trancher : on dirait une vague « copie » de vareuse militaire… ou peut-être était-ce le genre de vêtement qu’on portait à l’époque, tout simplement. C'est, par ailleurs, la seule photo de la famille que je possède et la seule de Jean-François en uniforme militaire.


[*] Pour en savoir plus sur la définition de ce mot, rendez-vous sur la page du lexique de généalogie sur ce blog.