« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mercredi 21 novembre 2018

#ChallengeAZ : R comme registre matricule

Lien vers la présentation du ChallengeAZ 2018
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C’est le document de base qui renseigne sur le parcours militaire d’un homme, qu’il soit soldat ou ajourné.

Le document comporte plusieurs cases, variant au cours de l’histoire. Nous prendrons l’exemple ici de la fiche de Jean-François, datée de 1914


Fiche registre matricule Jean-François Borrat-Michaud © AD74

Certaines parties se passent de commentaire, d’autres font l’objet d’une explication si nécessaire. Les catégories sont les suivantes :

- l'identité

- le numéro matricule

- l'état civil

- le signalement physique

- le degré d’instruction :
0. pour le jeune homme qui ne sait ni lire ni écrire ;
1. pour le jeune homme qui sait lire ;
2. pour le jeune homme qui sait lire et écrire ;
3. pour le jeune homme qui sait lire, écrire et compter ;
4. pour celui qui à obtenu le brevet de l'enseignement primaire ;
5. pour les bacheliers, licenciés, etc...
X pour le jeune homme auquel aucun renseignement sur le degré d'instruction n'aura pu être obtenu.

- la décision du conseil de révision et ses motifs. Cette partie comprend le numéro d’inscription dans la liste cantonale du conseil de révision : Le recensement est la toute première étape des devoirs militaires qu'avaient les jeunes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Il s'agit de dénombrer tous les hommes appartenant à une classe donnée. Le recensement est effectué en décembre ce qui permet d'avoir une image précise du nombre de jeunes hommes au 1er janvier de l'année où ils vont rejoindre les casernes. Une fois le recensement effectué, jusqu'en 1905, l'administration peut organiser le tirage au sort puis la "révision" de ces hommes pour voir s'ils sont aptes à faire le service militaire. Après 1905, seul subsiste le conseil de révision, le tirage au sort étant supprimé. La dernière étape, moins d'un an après le recensement, étant l'appel sous les drapeaux. Lors du recensement, une fiche complète était établie avant d'être transmise à la préfecture (indépendante de la fiche de registre matricule). On retrouve la plupart de ces informations dans le registre matricule. Elles étaient probablement envoyées ensuite au bureau de recrutement de la subdivision. Le conseil de révision est composé d’élus et de membres de l’armée. Les jeunes gens sont appelés dans l'ordre du tableau de recensement (numéro que l’on retrouve sur la fiche matricule). A partir de 1905, le conseil de révision juge les aptitudes physiques des recrues suivant 4 catégories :
1. bon pour le service armé ;
2. bon pour le service militaire en raison d’une infirmité relative ou d’une constitution douteuse ;
3. constitution physique trop faible nécessitant un ajournement ;
4. infirmité qui entraîne une exemption de tout service militaire.
On notera le cas particulier du « bon absent » : Les jeunes qui ne se présentaient pas au conseil de révision étaient automatiquement inscrits "Bon absent". Un nouvel examen de leur situation se faisait lors de leur appel sous les drapeaux. S’il s’avère que leur omission a un caractère frauduleux, en plus de leur passage devant la justice, l'homme est envoyé dans les troupes coloniales d'office. C’est ainsi que Jean-François a été déclaré bon absent car résidant probablement encore à Paris lors de ces premières obligations militaires (voir la lettre E).

- le corps d’affectation : résumé des différentes affectations dans l’armée active, de réserve et territoriale.

- le détail des services et mutation diverses : ici le parcours du soldat est détaillé.

- les localités successives habitées : tant que le soldat est susceptible de retourner sous les drapeaux, il est suivi attentivement et ses adresses successives notées afin de pouvoir le rappeler ; ce qui est bien utile pour ceux qui déménagent souvent et dont on ignore la nouvelle adresse.

- les antécédents judiciaires et condamnations : pratique si votre ancêtre est un vaurien et que vous l’ignoriez ; cela peut donner d’intéressantes pistes de recherches ou expliquer de curieuses affectations militaires (par exemple un de mes collatéraux « bagarreur » a été affecté dans un bataillon d’Afrique « en représailles »).

- les campagnes : ici sont détaillées les campagnes auxquelles a participé le soldat. Pour Jean-François cette partie est particulièrement bien remplie (merci à ce militaire rédacteur consciencieux) avec le détail des dates et périodes « à l’intérieur » (à l’arrière : formation ou hospitalisation) et « aux armées » (premières lignes et zone arrière de 100 km considérées comme faisant partie du front) ainsi que les abréviations c.s. et c.d. signifiant campagne simple et campagne double (une campagne double, au front, étant considérée comme plus dangereuse elle va compter davantage pour la future pension du soldat).

- les blessures, citations, décorations, etc.

- les périodes d’exercices.

- les époque à laquelle l’homme doit changer de catégories d’armée.

- la date de libération du service militaire.

Toutes les cases ne sont pas forcément remplies. Mais parfois elles sont trop petites, en particulier lorsque le soldat, comme Jean-François a fait toute la guerre : dans ce cas on rajoute des petits papiers pour noter les informations supplémentaires. On les appelle des retombes. Lorsque les archives numérisent les fiches matricules, elles ont obligées de faire plusieurs numérisations pour bénéficier de toutes les informations : ainsi, au lieu d’une seule vue, la fiche de Jean-François en comporte 5 !


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