Je suis 2019. Sosa 2019.
Sur une idée originale (comme ils disent dans les génériques de films) de @FFGenealogie, je vous présente 2019.
Les habitués de la généalogie savent que chaque ancêtre a un numéro et que les impairs sont tous des femmes. 2019 est donc une femme; mon ancêtre à la XIème génération plus précisément.
Elle se nomme Marie Boisseau et a vécu à la charnière du XVII et du XVIIIIème siècle à Saint-Malo-du-Bois, localité située dans le bocage vendéen, au Nord du département actuel, arrosée par la Sèvre Nantaise.
Bon c’est Saint-Malo ou Saint-Malô, je n’ai jamais pu savoir et même sur le site internet de la mairie ils l’écrivent des deux manières (je l’ai même vu orthographié Saint-Mâlo, c’est dire…). Quoi qu’il en soit, à l’époque de Marie c’était Saint-Malo, sans accent nulle part.
De toute évidence, le Malo en question fait référence à son célèbre homonyme situé un peu plus au Nord. Et quand au Bois, son origine « provient du bocage épais qui environnait jadis le bourg ». C’est, toujours selon la mairie, « un petit village, presque sans histoire. Ni châteaux, ni belles demeures [ce que contredit Wikipedia en mentionnant un château sur les hauteurs du village au XVème siècle, NDLR]. Le vent de la tourmente a [tout de même, NDLR] soufflé en 1793, tout le pays étant à feu et à sang au lendemain de la Révolution. » Saint-Malo dépendait des terres du Puy du Fou.
Saint Malo du Bois © AD85
Comme vous l’aurez constaté Marie a un nom assez peu original :
Boisseau, ou sa variante Boissel, aurait pour origine le surnom d’un mesureur (le boisseau étant une mesure de capacité pour les grains). Patronyme très présent, notamment dans les années 1700 entre Nantes et Poitiers. [*]
Marie se rapporte évidement à la mère de Jésus-Christ et l’un des prénoms les plus répandus (15% des prénoms donnés en 1700). [*]
Autant dire qu’elle doit avoir une palanquée d’homonymes. Bon, en fait pas tant que ça : une seule à Saint Malo – mais quand même 80 résultats si on élargit la recherche à 30 km (allez ! j’avoue : je triche un peu. 80 est le nombre de résultats donnés par Geneanet mais il y a beaucoup de doublons, donc un peu moins de 80 en fait…).
Je connais son époux, Etienne Pasquier, et au moins trois filles, dont mon ancêtres directe Jeanne, épouse Boury. Je sais qu’elle est décédée le 16 juin 1754 à l’âge d’environ 75 ans ; ce qui la fait naître vers 1679. Sa fille Jeanne étant née vers 1705 (d’après son acte de décès), j’estime le mariage de Marie aux environs des années 1700.
Cela fait beaucoup de flou et de « environ », n’est-ce pas ? C’est qu’à Saint-Malo on se heurte à la fameuse barrière de 1737 : il n’y a pas de registre antérieur. Pour mémoire, en août 1539, l'ordonnance de Villers-Cotterêts prescrit l’enregistrement des baptêmes (obligation étendue aux mariages et aux sépultures en mai 1579). En avril 1667, l’ordonnance de Saint-Germain-en-Laye impose la tenue de ces registres dits paroissiaux en deux exemplaires : l’un reste aux mains du curé, le second est transmis au greffe de la sénéchaussée, juridiction royale et non ecclésiastique. Mais on retrouve des lacunes récurrentes antérieures à 1737, dans nombre de paroisses. Ce phénomène s’explique par la multiplication des offices (charges achetées, dont les revenus viennent grossir le Trésor royal), soit disant pour assurer un meilleur fonctionnement, mais aboutissant en fait à une désorganisation du système. Finalement une déclaration royale du 9 avril 1736 rappelle et complète l'ordonnance de 1667. Elle est efficace car elle permet, dès l’année suivante, de retrouver des collections de registres paroissiaux quasi-complètes dans toutes les paroisses. [**]
Pour en revenir à Marie, je connais donc son époux, Etienne Pasquier. Il était laboureur ; ce qui indique un niveau de vie sans doute peu élevé. Il est décédé avant son épouse, en 1741. Celle-ci ne semble pas s’être remariée.
Et trois filles.
Certains généalogistes donnent davantage d’enfants : après vérification j’ajoute Gabrielle qui semble bien faire partie de la fratrie. Et peut-être Charles, témoin à un mariage d’un de ses neveu Boury (mais il est indiqué avec la parenté de l’épouse ; est-ce une erreur du rédacteur ou un homonyme ?). Par contre, je ne vois pas comment rattacher Mathurine, donnée comme sixième enfant du couple. Cet article est donc l’occasion d’ajouter deux feuilles à mon arbre (ou 1,5, la deuxième n’étant pas complètement sûre). Un fil entraînant un autre, j’ai aussi complété la famille de Louis Boury, l’époux de Jeanne.
Je ne connais pas les parents de Marie, même si sur internet figure un Luc ou Lucas Boisseau en tant que père (la mère n’est pas identifiée) ; mais cette information n’est pas sourcée et je n’ai pas pu, pour le moment, le relier à Marie. Par contre, je sais qu’elle a un frère, Pierre, présent au décès de son beau-frère Etienne Pasquier. De la même manière, j’ignore si Laurence, présentée comme sa sœur, l’est véritablement ; les actes que j’ai trouvés ne la rattachant pas formellement à Marie et/ou à sa famille.
2019 garde donc quelques trous et mystères, mais de nouvelles découvertes ont déjà été faites : c’est prometteur pour l’année généalogique à venir…
[*] Selon Geneanet
[**] Archives départementales de Vendée
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