« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

samedi 3 novembre 2018

#ChallengAZ : C comme costume alpin

Lien vers la présentation du ChallengeAZ 2018
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L’uniforme (appelé tenue chez les chasseurs) des Alpins comprend :
  • La « tarte » avec son insigne d'arme. C’est un béret, c'est-à-dire coiffure souple en laine tricotée et feutrée, circulaire et plate, généralement garnie d'une couronne intérieure en cuir, d’origine béarnaise. Il est adopté comme coiffe des chasseurs en 1891. La tarte devient vite l'emblème des chasseurs alpins : suffisamment grande pour protéger du froid lors des longues gardes en montagne (« Il faut pouvoir y glisser les deux pieds quand il fait froid au cantonnement. » selon le cahier des charges), elle protège aussi du soleil. Lors de la Première Guerre mondiale, les chasseurs abandonnent même le casque réglementaire pour porter leur tarte emblématique durant les combats. Selon certains, la tarte pouvait aussi être remplie de chiffons afin protéger les chasseurs des chutes de pierres.
  • La vareuse dolman bleue foncé et à boutons argentés. Son col est frappé du cor et du numéro de bataillon surmonté de pattes losangées ornées de deux soutaches (galon étroit et plat, à deux côtes).
  • Selon les époques, une taillole (ceinture de laine bleue entourée autour de la taille, mesurant 4,20 mètres de long) ou un ceinturon de cuir.
  • Un pantalon gris de fer avec, plus tard, un passepoil (liseré) jonquille sur la couture du pantalon.
  • Des bandes molletières, en drap gris bleu, autorisées en janvier 1895, mais déjà portées depuis longtemps en manœuvre.
  • De solides brodequins à semelle débordante et à clous adaptés aux manœuvres montagnardes; sur la semelle est gravée la lettre d’identification de la compagnie.
  • Une ample pèlerine à capuchon qui permet de s’envelopper dans le bivouac.
  • Un sac, modèle 1882, d’une capacité de 25 kg de chargement.
  • Un bâton en merisier également ferré, appelé alpenstock : c’est une canne se terminant par un fer de section carrée, initialement fourchue et permettant d’y appuyer l’arme pour faciliter le tir, puis simplement à bec recourbé.
  • Un piolet, une corde et des raquettes à neige.
  • L’insigne distinctif des chasseurs est le cor de chasse. Il est porté sur la tarte, les pattes d’épaules et les insignes de bataillons. Il est hérité de l’infanterie légère du Premier Empire.




Costume soldat du 13ème BCA © militaria-medailles.fr

Il existe de légères différences selon les bataillons. Ainsi la fourragère du 23ème BCA est aux couleurs de la croix de guerre de 14-18.




vendredi 2 novembre 2018

#ChallengeAZ : B comme bataillon

Lien vers la présentation du ChallengeAZ 2018
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Pour sa première affectation, en 1915, Jean-François est envoyé au 23ème Bataillon de Chasseurs Alpins (BCA). Il y restera jusqu’en septembre 1916 (20 mois), puis passera au 51ème jusqu’en juillet 1918 (21 mois) et enfin un court passage au 54ème jusqu’en septembre 1918 (2 mois). Il terminera la guerre dans un Régiment d’Artillerie Lourde, le 84ème (3 mois) ; première affectation hors du corps des Alpins.

Lors de leur création (cf. lettre A comme Alpins), les douze premiers bataillons alpins, issus des bataillons de chasseurs à pied, sont rattachés aux deux corps d'armée (chacun étant une grande unité militaire constituée de plusieurs divisions) qui défendent les Alpes, basés dans différentes garnisons :
  • Le XIVe corps d'armée de Lyon :
    - le 12e BCA (Grenoble),
    - le 13e BCA (Chambéry),
    - le 14e BCA (Embrun),
    - le 22e BCA (Albertville),
    - le 27e BCA (Annecy)
    - le 28e BCA (Grenoble),
    - le 30e BCA (Grenoble) ; 
    • Le XVe corps d'armée de Nice :
      - le 6e BCA (Nice),
      - le 7e BCA (Antibes puis Draguignan),
      - le 11e BCA (Barcelonnette),
      - le 23e BCA (Grasse),
      - le 24e BCA (Villefranche-sur-Mer).


      51ème bataillon © histoire-passy-montblanc.fr

      Ils constituent les bataillons d’armée active. Mais il existe aussi des bataillons de réserve et des territoriaux :
      Les bataillons de réserve sont constitués d'hommes âgés de 23 à 35 ans. Le numéro du bataillon de réserve est obtenu en ajoutant le nombre 40 au numéro du bataillon d'active correspondant ; par exemple : le 46e BCA est le bataillon de réserve du 6e BCA. Ils sont donc 12, comme ceux d’active.
      À ces bataillons s'ajoutent les bataillons de chasseurs alpins de l'armée territoriale (BCAT ) constitués d'hommes âgés de 35 à 45 ans. Il s'agit de sept bataillons, numérotés de 1 à 7.

      En 1914, on compte désormais 31 bataillons d’active, chacun composé en général de 6 compagnies et d’une section de mitrailleuses, soit environ 1 700 hommes.
      9 bataillons furent créés pendant la Grande Guerre, en complément de ceux déjà existants : les 32e, 102e, 106e, 107e, 114e, 115e, 116e, 120e et 121e.

      Les bataillons sont divisés en compagnies, elles-mêmes subdivisées en 4 sections, chacune commandée par un capitaine et comptant 210 chasseurs, ainsi que le clairon, infirmier, sous-officiers, etc…. Les sections se décomposent en 4 escouades, commandées par un lieutenant, soit environ 65 soldats au total.

      Chaque bataillon a un refrain qui lui est propre. En effet, à l'heure des combats d'infanterie sans moyen de transmission, le clairon sonnait son refrain au cor. Grâce à cela, les généraux supervisant les combats connaissaient la position de leurs troupes. La tradition veut que chaque numéro de jour corresponde à un refrain chasseur. C'est pour cette raison qu'il y a 31 refrains pour les 31 premiers bataillons. Par exemple, le refrain du 23ème est « V'la le vingt-troisième, nom de Dieu, ça va barder ! ».


      jeudi 1 novembre 2018

      #ChallengeAZ : A comme alpins

      Lien vers la présentation du ChallengeAZ 2018
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      Originaire de Haute-Savoie, Jean-François est presque naturellement affecté à un corps d’Alpins. On les appelle Bataillon de Chasseurs Alpins ou Bataillon de Chasseurs à Pied.
      Les Chasseurs Alpins sont des soldats spécialisés dans le combat en milieu montagneux. Cette unité a été créée en 1888.

      Dans les années 1830 une troupe d’élite à vocation temporaire est créée pour tester une nouvelle arme, la carabine Delvigne-Pontcharra : on la nommera bataillon provisoire de Chasseurs à pied. Mais, remplissant plusieurs missions avec succès (notamment la bataille de Sidi Brahim en 1845), on la fit perdurer plutôt que de la dissoudre. Le premier bataillon de Chasseurs à pied était né. Les Alpins constituent la plus ancienne subdivision de l’infanterie, après les régiments de ligne.

      Parallèlement, à la fin des années 1850, les royaumes indépendants d’Italie (pas encore réunifiés) sont une menace à la frontière française. D’autant plus que les Italiens se sont dotés d’une troupe spécialisée dans le combat en milieux montagnard. Les Français se doivent de pouvoir répondre à une de leurs attaques : ils créent donc une troupe de montagne en 1888. 12 des 31 bataillons de Chasseurs à pied sont choisis pour assurer cette mission (en 1916 ils prennent l’appellation de bataillons de Chasseurs Alpins).


      Alpins, 13ème BCA © memoire-des-alpins.com

      En général, ces bataillons agissent en tirailleurs à l’avant de l’infanterie. Profitant de leur expérience en milieu accidenté, ils se postent à couvert et peuvent viser l’ennemi, contrairement à l’infanterie de ligne qui attaque de matière compacte, en formation serrée.
      Selon la tradition, au tout début, les chasseurs étaient les seuls soldats de l'armée française auxquels on demandait de savoir lire et écrire. On disait d’eux qu’ils étaient les meilleurs tireurs et les meilleurs sportifs.

      1915 sera l’année la plus difficile pour les Alpins : regroupés au sein d’une « Armée des Vosges », ils mènent des attaques aussi héroïques que meurtrières sur les sommets vosgiens. Par exemple, le Braunkopf saigna le 11ème BCA, tandis que le Lingekopf sera le sinistre « Tombeau des Chasseurs » du 22ème BCA. Au total le conflit a fait plus de 80 000 morts dans leurs rangs.

      Mais leur bravoure leur vaut le surnom de « Diables noirs » donné par les Allemands. Du côté français, on les surnomme plutôt les « Diables bleus » en raison de la couleur de leur uniforme.

      La protestation des Chasseurs est le chant de base des Chasseurs à pied :



      I.
      Nous sommes trente mille braves,
      Au képi sombre, au manteau bleu,
      Et nous voyons même les Zouaves
      Derrière nous courir au feu.
      Vous qui voulez qu’on nous supprime,
      Qu’avez-vous à nous reprocher ?
      En guerre, en paix, notre seul crime
      C’est d’avoir su trop bien marcher.
      Ne touchez pas au Corps d’Elite,
      Chasseurs, Chasseurs, pressons le pas,
      Qu’on nous fasse marcher plus vite,
      Mais qu’on ne nous supprime pas.
      REFRAIN
      Encore un carreau d’ cassé... 
      V’là l’ vitrier qui passe,
      Encore un carreau d’ cassé
      V’là l’ vitrier passé...
       II.
      Essayez de nous suivre au pas,
      Voyez un peu notre démarche,
      C’est notre Bataillon qui marche.
      Allons, ne vous essoufflez pas ;
      C’est le clairon qui nous entraîne,
      Notre clairon, c’est notre amour.
      Fi du Biffin qui lent se traîne,
      Trébuchant derrière un tambour.
      Place aux Chasseurs, la route est large,
      La route qui mène au combat,
      Vous les verrez pousser la charge,
      Si vous ne les supprimez pas.
      REFRAIN
      III.
      Visez-vous à l’économie
      Des cinq milliards qu’on dût verser ?
      Nous vous offrons tous notre vie
      Pour vous les faire rembourser !
      Si vous tenez au drap garance,
      Qui coûte autant sans valoir mieux,
      Notre sang versé pour la France
      Rougira nos pantalons bleus.
      A nous les coups de main dans l’ombre
      Qu’il faut exécuter tout bas,
      Notre tenue n’est pas trop sombre
      Pour qu’on ne la supprime pas.
      REFRAIN
      IV.
      Vous avez vu nos frères d’armes
      Tomber au loin pour leur pays ;
      Vous leur avez donné vos larmes,
      Épargnez donc leurs vieux débris.
      Serez-vous plus durs que la guerre ?
      Ne voulez-vous pas ménager,
      Aux Chasseurs dormant sous la pierre,
      Quelques Chasseurs pour les venger ?
      Que le canon Krupp nous décime,
      Il a sur nous droit de trépas ;
      Et, s’il le peut, qu’il nous supprime,
      Mais vous, ne nous supprimez pas.
      REFRAIN
      V.
      (Strophe d’après la Grande Guerre)
      Vous avez vu la Grande Guerre
      Faire de nous des Diables Bleus.
      Ce nom, ceux qui le lui donnèrent,
      Allez, s’y connaissaient un peu...
      Sur tous les fronts, Verdun, la Somme,
      Plus de cent fois renouvelés,
      Nos Bataillons, comme un seul homme,
      Devant la Mort se sont dressés...
      Chez nous pas de paroles vaines,
      Les Chasseurs de Driant sont là,
      Qu’à leurs tombeaux on nous enchaîne,
      Mais qu’on ne nous supprime pas...
      REFRAIN


      (Les strophes en italique ne sont pas chantées dans cet extrait).

      Le refrain s’expliquerait par le fait que les « vitriers » dont il est question est le surnom donné aux chasseurs en raison du sac à dos en toile cirée qui brillait au soleil les faisant ressembler de loin à des vitriers.