« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

samedi 16 mars 2019

#RDVAncestral : Le volume doré de Pontivy

Aujourd’hui j’ai rendez-vous avec Olivier Cadoux à Loudéac. Ce noble vieillard affiche 84 ans (ou "environ" car je ne connais pas véritablement sa date de naissance). Il est tranquillement assis devant son moulin, ses mains reposant sur une belle canne noueuse sans doute aussi vieille que lui.

- Ah ! mon petit, je vous attendais. Venez, prenez place ici à mes côtés.
Je m’assois donc sur le banc, un peu intimidée de me retrouver dans cette Bretagne de 1766.
- Que me vaut l’honneur de votre visite ?
- Et bien, je voulais parler avec vous de votre vie.
- Ahhh ! ma vie ! Mais qu’en dire ? Elle n’a pas beaucoup d’importance : je ne suis pas un seigneur ! Je ne suis pas quelqu’un d’important !
- Mais si voyons ! ce ne sont pas les titres qui font la valeur !
Mon indignation le fait rire.
- Mais par quoi commencer alors ?
- Et bien, parlez-moi de votre épouse, de vos enfants par exemple. Vous en avez eu sept je crois ?
- Vous êtes bien renseignée. J’ai rencontré ma femme lorsqu’elle avait 20 ans. J’en avais 11 de plus qu’elle. Je ne sais pas pourquoi elle m’a épousé, mais pas un jour je ne l’ai regretté. Ça fait 6 ans déjà qu’elle m’a quitté, mais j’ai décidé d’aller la rejoindre : assez de cette vie sans elle.
- Mais enfin, on ne décide pas de partir ainsi. Ce n’est pas à vous de choisir le moment.
- Peuh ! Il faudrait voir ça ! J’ai décidé, j’ai décidé, un point c’est tout !
Et pour souligner sa détermination, il frappa le sol d’un puissant coup de canne.
Le vieil homme étant sans doute fragile vu son âge, je ne voudrais pas provoquer un accident en attisant sa colère ; je change alors discrètement de sujet :
- Vous avez vécu ici à Loudéac, mais vos parents sont originaires… (J’hésite un instant car, bien sûr, il n’est pas question de parler de Morbihan et de Côtes d’Armor, ces concepts lui étant étrangers…) d’un autre pays ?
- Oui, c’est vrai : mon père a reçu les derniers sacrements quelques années après mon mariage, à Noyal-Pontivy [Morbihan], et ma mère une quinzaine d’année plus tard à Saint-Thuriau [Morbihan]. Elle était malade la pauvre.
- Et votre sœur Pauline est née à Neulliac [Morbihan] : vos parents ont beaucoup déménagé… Mais vous-même où êtes-vous né ?
- Ah ! Ah ! Ah ! Vous voudriez bien le savoir, petite curieuse ! Avez-vous exploré toutes les pistes ?
- [Soupir] Je vous ai longtemps cherché à Loudéac [Côtes d'Armor], avant de découvrir il y a très peu de temps seulement que vos parents n’étaient pas originaires de cette paroisse ! Alors ? Dites-moi ?
- Bah ! Ce n’est pas à moi de faire vos tâches ! D’ailleurs, je suis fatigué : je rentre.
Et avant que je n’ai pu dire quoi que ce soit, voilà mon gentil vieillard qui rentre, clopin-clopant, dans sa chaumine et me claque la porte au nez, révélant une force dont je ne le soupçonnais pas capable.

Un peu vexée d’être si grossièrement remerciée, je me dépêche d’aller jusqu’à Neulliac : sa sœur y née en 1691 comme je viens de le découvrir récemment. Olivier, lui, est censé être né en 1682 : peut-être était-ce dans la même paroisse ?
J’arrive à Neulliac : je me dirige aussitôt vers l’église. Je suis accueillie par le recteur Thepault.
- Que puis-je faire pour vous mon enfant ?
- Est-ce que vous avez le livre des naissances ?
Bien qu’un peu étonné par cette requête formulée par une étrangère à sa paroisse, le recteur me répond :
- Oui, bien sûr, dans la sacristie.

Nous nous rendons dans une petite pièce lambrissée de chêne contenant des placards et des coffres. Il flotte une bonne odeur d’encens et de cire de cierge pure. Un grand crucifix orne le mur, dominant la pièce. Sur le mur opposé une petite lucarne dispense une faible lumière. Le recteur ouvre un coffre et farfouille parmi les documents et répertoires qu’il contient. Il finit par trouver un registre aux ferrures dorées et le sortit. Les pages craquèrent un peu quand il l’ouvrit.

- C’est l’œuvre d’un relieur de Pontivy. Il est ancien, mais solidement cousu avec de la bonne ficelle. Il est fait pour durer ! Mais pourquoi cet intérêt ?
- Je recherche l’acte de baptême d’Olivier Cadoux, fils d’Olivier et de Marie Gainche, sans doute en l’an de grâce 1682. Son nom s’y trouve-t-il ?
- Oh ! oui, certainement, s’il est né dans cette paroisse, il y est forcément.

Volume ancien © lerelieurduchateau.com

Je m’approchais et prit le lourd volume entre mes mains. Le posant sur un coffre, je commençais à feuilleter les pages à l’écriture fine et lignes serrées. Je me rendis compte que je retenais mon souffle : outre la beauté de l'objet, j'avais au bout de mes doigts un morceau d'histoire, des vies qui commençaient, des petits morceaux de destin qui s'arrêteraient peut-être très vite ou bien longtemps après, donnant naissances à leurs tours. J'étais presque aussi émue que lorsque j'avais rencontré mon ancêtre Olivier quelques instants plus tôt. Au bout d’un moment, la lumière ayant baissé, je m’approchais de la petite fenêtre pour mieux voir les mots qui dansaient devant mes yeux : une succession de noms, de dates, mais point de trace de mon ancêtre.

- Hum, hum !
Le recteur toussa fort civilement derrière moi afin d’attirer mon attention :
- Je dois maintenant célébrer l’office.
Il jeta un regard vers le vêtement liturgique délicatement brodé déposé sur un coffre.

Étouffant un gémissement, car je n’avais pas trouvé ce que je cherchais, je refermais délicatement le magnifique ouvrage. Mais je me fis la promesse de continuer mes investigations : ce serait sans doute sur un ordinateur et les images que je verrai seront sûrement en noir et blanc. Il n'y aurait certainement aucun charme à ce visionnage. Et il est aussi fort probable que je ne consulterai plus le beau volume doré de Pontivy et n’entendrai plus le craquement de ses pages : ainsi va la vie. J'espère en tout cas qu'un jour je trouverai la naissance d’Olivier, comme j’ai retrouvé la trace de ses parents, bien longtemps après le début de mes recherches, quelque soit le support qui me révélera ce trésor.


vendredi 8 mars 2019

Les pionnières de ma généalogie

J'ai déjà eu l'occasion de raconter la vie de certaines pionnières de mon arbre, mais aujourd'hui je vais vous parler de Marie-Louise Jay.  Elle se trouve un peu loin dans mon arbre : il faut remonter 12 générations pour nous trouver un ancêtre commun. Cependant elle est bien de la famille de mon arrière-arrière-grand-mère. Cette famille est depuis la nuit des temps originaire de Samoëns (Haute-Savoie). Marie-Louise y est née le premier juillet 1838. Son père, Aimé, est maçon (une spécialité locale) et sa mère « campagnarde ». Elle est la huitième de neuf enfants. Comme nombre de Savoyards, elle quitte le domicile familial pour la capitale afin de chercher du travail. Elle est assez jeune, 15 ans semble-t-il, mais elle est accompagnée d'une tante et d'un cousin [1]. Elle est embauchée comme vendeuse à La Nouvelle Héloïse, une boutique de lingerie féminine avant d’intégrer le personnel du Bon Marché. Rapidement elle grimpera les échelons et y deviendra première vendeuse au rayon confection.

Marie-Louise Jay, 1903 © Wikipedia, Siren-Com

En 1856, elle fait la connaissance d’Ernest Cognacq, un provincial lui aussi (il est originaire de l’Ile de Ré) monté à la capital pour faire fortune. Après avoir exercé divers métiers de vendeur pour un patron ou pour son propre compte, Ernest Cognacq était devenu calicot (un vendeur de nouveautés pour la clientèle féminine) dans une petite boutique sur le pont Neuf appelée « corbeille ». C’est alors qu'il s'entendit avec un petit café qu'il fréquentait rue de la Monnaie pour louer, à partir du 21 mars 1870, sa salle annexe peu utilisée et en faire un petit commerce de nouveautés : c’est la naissance de son échoppe « À la Samaritaine ». Le premier avril suivant la boutique s'agrandissait déjà.

Le nom de la Samaritaine provient de la fontaine qui se trouvait à cet endroit. En effet, sur le Pont Neuf se situait une pompe à eau dont l’existence remontait à Henri IV. Cette pompe était décorée d'une représentation de l’épisode évoquant la rencontre de Jésus et de la Samaritaine au Puits de Jacob. Le tout était surmonté d'une horloge, puis plus tard d'un carillon. Elle a été détruite en 1813.

Mais Marie-Louise ne se contente pas d’être une bonne épouse et tenir le ménage pendant qu’Ernest fait fructifier les affaires : elle a aussi le titre de directrice et propriétaire du magasin. Tous deux sont dotés de la bosse du commerce, d'un indéniable don d'anticipation et d'un véritable sens de l'entreprise. La petite boutique des débuts se transforme ainsi petit à petit en véritable empire, constitué de plusieurs magasins, répartis en quatre îlots voisins. 

En effet, entre 1852 et 1870, les halles de Paris se sont modernisées avec la construction des dix pavillons de Baltard. Le couple profite de l'achèvement de ces travaux et de l'attractivité de plus en plus évidente du quartier pour agrandir et moderniser leur entreprise. Le premier magasin en 1883, puis le deuxième en 1903 sont aménagés dans un style contemporain, de type Art nouveau. À l’apogée de son rayonnement commercial, la Samaritaine se compose d’un ensemble de quatre magasins-îlots, situés entre le quai du Louvre et la rue de Rivoli. Initiées en 1883, l’installation, la construction et la reconstruction de ces édifices hétérogènes sur les bords de la Seine s’étalent sur une cinquantaine d’années.

En matière d’architecture le couple Cognacq-Jay se révèle novateur : à partir de 1885 Ernest Cognacq fait appel à l’architecte Frantz Jourdain pour l'aménagement, l'agrandissement et la transformation des nouveaux magasins. Associés avec Marie-Louise, ils conçoivent dans les années 1903-1904, un plan directeur pour encadrer le réaménagement et l’extension des surfaces regroupées, ainsi que la colonisation des îlots voisins. Une architecture de métal et de verre à la mise en œuvre rapide se substitue de proche en proche à la construction traditionnelle. La couverture des cours au moyen de verrières et la propagation des planchers de verre permettent une colonisation des nouvelles parcelles. Le magasin y gagne en volume et en luminosité, phénomène très remarquable jusqu’à la généralisation de l’éclairage électrique. La longévité des planchers de verre jusque dans les années 1980 atteste de l’étonnante performance technique du procédé, assuré par Saint-Gobain. La Samaritaine s’enrichit ensuite de deux grands halls rectangulaires à escalier monumental qui n’ont pas leur égal dans tout Paris. Éclairé d’une immense verrière commune, cet atrium double très dessiné deviendra l’espace intérieur identitaire de l’ensemble des quatre magasins. Les proportions de cette cathédrale du commerce participent de l’exaltation d’une marchandise foisonnante et tentatrice. C’est l’invention d’une mise en scène novatrice, où la clientèle est invitée à parader : désormais on va au grand magasin autant pour voir que pour être vu.

Plan des 4 magasins © amc-archi.com

Entre temps, Marie-Louise et Ernest se sont mariés, le 18 janvier 1872 à la mairie du Vème arrondissement.

Ils font partie de ces grands entrepreneurs commerciaux du XIXème qui révolutionnent le mode de consommation. Comme Marguerite et Antoine Boucicaut qui ont développé « Au Bon marché » (lire ou relire Au bonheur des Dames de Zola qui s’inspire de leur histoire pour s’imprégner de cette véritable révolution commerciale), les Cognacq-Jay comme on les appelle - car ils sont indissociables l’un de l’autre - savent que pour réussir il convient d'innover et d'offrir aux clients une nouvelle conception du commerce. Ils structurent leurs magasins en rayons autonomes, placé sous l'autorité d'un véritable responsable. Ils inaugurent une politique de faibles marges et développent la vente à crédit aux mêmes prix que les achats au comptant - ce qui ne se faisait pas ailleurs. S'inspirant des pratiques commerciales des Boucicaut, ils instaurent des périodes de promotion pour certains produits : deux fois par an, à l'automne et à la fin de l'hiver, ils organisent ainsi une vente d'articles nouveaux. Les prix sont fixes, et clairement affichés : on ne vend plus « à la tête du client ». C’est la révolution dans les rayons ! En revanche, plus question de négocier, de marchander, de discuter des remises : les prix sont les mêmes pour tous. Cependant les clientes pourront essayer les vêtements et, si elles le souhaitent, échanger la marchandise défectueuse.

Ils développent également la vente par correspondance et la livraison à domicile : des catalogues sont édités afin que les clientes puissent faire leurs choix puis, à partir d'un entrepôt situé quai des Célestins, ils envoient les commandes grâce au chemin de fer et au bateau au départ de Marseille pour l'outre-mer.

 Catalogue A la Samaritaine, 1920 © tresorsdugrenier.canalblog.com

Le couple confectionne méticuleusement un fichier de clients pour leur expédier un catalogue des produits de La Samaritaine. Les adresses sont collectées au fur et à mesure des gros achats opérés dans leurs magasins. Ils installent également un grand atelier de confection de vêtements pour hommes, où travaillent près de 500 ouvrières, afin de produire à coûts moins élevé. La politique de Marie-Louise et Ernest consiste à ne pas fermer complètement les magasins le dimanche afin que les familles qui se promènent ou déambulent dans le centre de Paris puissent y faire des achats.

Les Cognacq-Jay ne sont cependant pas de bons samaritains (sans mauvais jeu de mot) : si des ristournes importantes, de l'ordre de 15 %, sont peuvent être accordées aux employés de La Samaritaine, ce n’est pas sans arrière-pensée mais pour qu'ils achètent sur place ce dont ils ont besoin et n’aillent pas à la concurrence. Tout employé à La Samaritaine a droit à quinze jours de congé par an. Par contre les Cognacq-Jay exigent beaucoup de leurs employés : un parfait professionnalisme et une tenue impeccable sont indispensables. Un carnet est remis à chaque employé, précisant ses obligations. Ainsi, il est obligatoire pour les hommes le port "de vêtements de nuance foncée; pas de cols mous ni de chemises de couleur. Les chaussures sont noires". Le personnel féminin doit revêtir des lainages discrets ; le noir et le blanc sont les seules couleurs admises. Un corps d’inspecteurs est recruté pour surveiller les étalages, mais aussi les employés ! Ils doivent veillent à la politesse du personnel à l'égard des clients et à leur tenue : "Pas de mains dans les poches ni de jambes croisées". Les Cognacq-Jay imposent en effet à leurs vendeurs une courtoisie sans faille. Ils sont persuadés que si les clients sont bien reçus, s'ils sont satisfaits de l'accueil, ils reviendront à La Samaritaine. "Quand un des rayons sous sa surveillance est encombré, l'inspecteur ne doit pas hésiter à prélever du personnel dans les rayons où il y a peu de clientes pour les faire débiter ou faire des ventes dans ceux où il y a foule. Une prime est accordée pour chaque débit", indique le règlement. Les instructions précisent aussi à chaque vendeur qu'il "ne doit sous aucun prétexte" quitter une cliente avant de "s'assurer qu'un autre employé s'occupe d'elle". La discipline est sévère, les écarts ne sont guère tolérés. Pendant le travail, les employés ne doivent pas bavarder entre eux, si ce n'est pour les nécessités du service. Naturellement, les absences sans motif ou répétées ne sont pas acceptées. Il n'est pas bon, dans ces conditions, de contester l'organisation ou les méthodes, ni de critiquer la discipline. Lorsqu'un salarié affiche trop ouvertement une appartenance syndicale, il est vite repéré et, s'il persiste, tout est mis en œuvre pour qu'il quitte l'entreprise.

Marie-Louise et Ernest règnent, dirigent, ordonnent, veillent et surveillent en permanence. Pour eux, la vie, c'est d'abord et presque exclusivement le travail. Pendant que l'un prend son repas, l'autre assure une présence visible de tous. La Samaritaine est leur revanche sur la vie et sur leurs débuts difficiles ; c'est l'enfant qu'ils n'ont pu avoir, car leur mariage est resté infécond, sur lequel ils veillent jalousement et sans partage, attentifs à sa croissance. Marie-Louise est, de ce point de vue, l’égale de son époux.

Les Cognacq-Jay, devenus riches, vivent dans un hôtel particulier avenue du Bois-de-Boulogne. Mais cette réussite, ils entendent la partager avec leur personnel. En effet, s’ils peuvent se montrer durs et intransigeants, ils savent aussi être reconnaissants du travail effectué. À l'instar des Boucicaut, ils instituent l'intéressement aux bénéfices. En plus de leur salaire, les employés reçoivent un pourcentage sur le chiffre d'affaires réalisé dans leur rayon. C’est ainsi que 65 % des bénéfices sont redistribués chaque année. Les Cognacq-Jay cèdent la moitié du capital aux salariés et l'autre moitié à la Fondation qu'ils créent en 1916 pour financer de nombreuses œuvres sociales et caritatives. Cette Fondation a pour mission de faire fonctionner une maternité, une maison de retraite, un "pouponnat" prenant en charge 40 enfants d'employés jusqu'à l'âge de cinq ans, un orphelinat pour cinquante enfants, une maison de repos et de cure en montagne, des colonies de vacances à la mer et à la montagne pour les enfants du personnel, un musée, etc... Des allocations sont accordées aux familles dont l'un des parents travaille à La Samaritaine; elles varient en fonction du nombre d'enfants à charge. Des indemnités de maladie sont versées aux employés non assurés. Le prix Cognacq-Jay a été créé grâce à un don de 20 000 francs or donné à l'Institut de France, destiné aux familles nombreuses.

Deux créateurs, une œuvre © encheres.parisencheres.com

Marie-Louise n’a pas oublié son village natal : elle a apporté son aide à différentes actions (restauration de l’église par exemple) et a fondé la Jaÿsinia en 1906, jardin botanique alpin ouvert au public, classé jardin remarquable de France qui se visite encore aujourd’hui et permet d’admirer plus de 5 000 espèces végétales issues des différentes zones montagneuses des cinq continents.

En 1920, pour ses actions d’œuvres de bienfaisance, Marie-Louise est nommée Chevalier de la Légion d’honneur. Elle reçoit la prestigieuse médaille grâce au rapport rendu par le Ministre de l’Hygiène, l’Assistance et la Prévoyance sociale… et en dépit d’une lettre calomnieuse signée d’un bon commerçant de la rue de la Monnaie ! Le motif d’attribution de la distinction est les dotations attribuées aux familles nombreuses, la fondation Cognacq-Jay pour l’entretien d’œuvres existantes et la création d’œuvres nouvelles.

On notera que son époux a été élevé au grade de chevalier de la légion d’honneur dès 1898, officier en 1903 et commandeur en 1922; lui aussi pour ses œuvres de bienfaisance.

Alors que la Samaritaine prospère près du pont Neuf, les Cognacq-Jay visent à toucher une nouvelle clientèle, plus aisée : ils font construire dans un autre quartier de Paris un nouveau magasin inauguré en octobre 1917, boulevard des Capucines. Obéissant à un nouveau concept, La Samaritaine de luxe, est faite pour attirer une clientèle plus fortunée ou étrangère et populariser le luxe.

Marie-Louise s’éteint dans son hôtel particulier du Bois de Boulogne, le 27 décembre 1925. C'est ainsi que disparaît une pionnière du commerce moderne. 
Son mari la rejoindra le 21 février 1928.

À leur mort, le couple laisse une entreprise florissante de quelque 8 000 employés et de 48 000 m², la plus importante en terme de surface de vente.


[1] Sources : Wikipédia (dont M. Germain : Personnages illustres de Haute-Savoie), base Léonore, amc-archi.com


lundi 25 février 2019

Dans mon arbre

Si l’on observe bien, dans mon arbre, entre les feuilles, accrochés aux branches, il y a :

  1. des houes, serpes, haches, faux, fléaux, scies et autres vans… (beaucoup)
  2. des paniers de vendangeurs, bigots, plantoirs, tonnelets… (beaucoup aussi)
  3. des langes, balais, casseroles, écuelles... (souvent usés)
  4. des scies, vrilles, tarières, et marteaux…
  5. des bouchardes, truelles, équerres, des marteaux de toutes formes, des chemins de fer…
  6. des ciseaux, mètres, poinçons, aiguilles…
  7. des sacs, trémies, meules, boisseaux, tarares…
  8. des plumes, encriers, feuillets, écritoires, ficelles…
  9. des encensoirs, ciboires, aubes, goupillons, ostensoirs…
  10. des couteaux, fusils, désosseurs, billots…
  11. des alènes, drilles, maillets, brosses, fers à lisser…
  12. des paroirs, tarières, cuillers, herminette…
  13. des navettes, broches, brucelles, petites forces…

Mais aussi :

  • des bondes (14), des torchons(15), des chopes (16), des agrafeuses (17), des képis (18), des râteaux (19), des clés de prison (20), des mortiers et pilons (21), des baquets en bois remplis de paille (22), des formes à chapeaux (23), des tableaux noirs (24), des jarres (5), des livres de comptes (26), des boutons (27), des épées (28), des cannes à pêche (29), des sacs de grains (30)…

Et bien d’autres objets encore !

Les outils de mon arbre © fotocommunity.fr

Mais au fait : avez-vous reconnu à quels métiers correspondent tous ces objets ?

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Mise à jour :
Merci à vous d'avoir joué le jeu et d'avoir tenté (et souvent réussi) de découvrir à quels métiers correspondent ces objets. Bien sûr, certains objets peuvent être partagés par plusieurs métiers (par exemple la "grande famille" des travailleurs de la terre : cultivateurs, laboureurs, fermiers, closiers, etc...).
En voici donc les réponses :
  1. laboureur
  2. vigneron
  3. "sans" (souvent utilisé pour les femmes, ce qui ne signifie pas qu'elles se tournaient les pouces !); peut aussi fonctionner pour le métier de ménagère (attention toutefois à ce métier qui a une signification particulière, comme vous pouvez le voir ici)
  4. charpentier
  5. maçon
  6. tailleur d'habits
  7. meunier
  8. notaire
  9. prêtre
  10. boucher
  11. cordonnier
  12. sabotier
  13. tissier (ou tisserand)
  14. tonnelier
  15. fille de peine
  16. aubergiste
  17. employé de bureau
  18. gendarme
  19. jardinier
  20. concierge des prisons
  21. apothicaire
  22. blanchisseuse
  23. chapelier
  24. instituteur/institutrice
  25. huilier
  26. employé de commerce (mais épicier ça fonctionne aussi !)
  27. mercière
  28. seigneur (merci ma branche noble)
  29. pêcheur
  30. poulailler (bon, OK, pour celui-là j'ai peut-être un peu triché...)
Au total, je compte 200 métiers différents. Laboureurs et vignerons arrivent en tête (avec respectivement 169 et 149 personnes exerçant ces métiers). Les autres ont été piochés un peu au hasard de la liste. Si certaines définitions de métiers cités ci-dessus vous échappent (attention au faux amis), rendez-vous sur la page lexique de ce blog !