« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

lundi 22 novembre 2021

S comme Sabres et fusils

     - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Très rarement, se trouvent au fond des placards, des armes. 

 

© sabresempire.com

 

-          "un fuzil et un pistollet asses bons,

-          deux fusils

-          un sabre de volontaire"

 

Rappelons que la chasse (longtemps assimilée au braconnage) étaient réservés exclusivement aux couches supérieures de la société ; le commun des mortels de possédant donc pas de fusil ou autre arme servant à chasser. Cependant, certains hommes gardaient le souvenir de leur temps passé sous les drapeaux.

Dans son inventaire après décès un "sabre de volontaire" semble indiquer que Claude Jeanvion a été soldat de la Révolution : les événements révolutionnaires parisiens ont été à l’origine de la création de la Garde Nationale. En province, cette milice de citoyens fut placée sous l’autorité des municipalités et des districts. Ses membres devaient s’habiller et s’équiper à leurs frais. Seuls les « citoyens actifs » (c’est-à-dire payant une contribution directe égale à la valeur de trois journées de travail) pouvaient être gardes nationaux.

 

Sources : Inventaire Buffard Jean, 1707 (Ardon, Ain), Inventaire Janvion Claude, 1796 (Lalleyriat, Ain), Codicille et inventaire de Michaud Jean, 1722 (Morillon, Haute-Savoie)

 

 

samedi 20 novembre 2021

R comme Ruines

   - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Outre les objets bien souvent « uzés », c’est parfois de véritables ruines, des bâtiments en ruines,  que possédaient ou héritaient nos ancêtres.


© immobilier.mitula.fr


-          "ladite marie raouls future epouse sa sœur stipulante et acceptante et ce pour et moienant la somme de deux cents livres a ce convenu apres prealable appretiation faitte par prudhommes cognoisseurs testal de la maison de lheredite de ladite feue valette leur commune mere qui menace de ruines imminentes requerant de reparations ugeantes, de meme que les planches en entier, le payement de laquelle somme sera fait audit raouls apres avoir atint lage de maiorite"

 

Les immeubles nécessitent de temps en temps l’intervention d’experts, pour faire un diagnostic avant d’éventuel travaux : c’est l’acte d’état.

-          "le vieux bâtiments des Follys est evalluée à la somme de huitante livres et celui des Pellys a celle de dix livres ayant été ecrasé par la neige et ne pouvant servir que pour le feu […] la nouvelle batisse desdits Follits est evalluée à la somme de sept cent soixante quatorze livres et cinq sols monoye de savoye tout compris tant en muraille, taille, serpente [= charpente en savoyard], fournitures, couvert, four, pressoir et ecurie et autres fournitures

-          [les experts ont] deüement visité en premier un espued de grange [= portion de grange] situé audit lieu de montbenet […], lequel espued de grange se trouve fors caduque faute d’avoir eté maintenu couvert, pour la reparation duquel il convient en premier de refaire à neuf la cheminée, et le contre cœur pour quel effect il faut trois douzaines d’aix [= ais*], refaire aussy à neuf l’aire à battre le bled et y appliquer une douzaine de platteaux, [suit le détail des matériaux à utiliser pour les travaux] le tout ce que dessus estimé par les susdits prudhommes à la somme de nonante six florins monnoye de savoye [la seconde visite est du même acabit]"

 

Source : Contrat de mariage Banide Antoine, 1744 (Conques, Aveyron), Acte d’état Derolland Christophe, 1776 (Morillon Haute-Savoie), Déclaration Moccand Jean, 1716 (Samoëns, Haute-Savoie)

 

 * Un mot de vocabulaire vous paraît obscur ? Rendez-vous sur la page lexique de ce blog !

 

 

 

vendredi 19 novembre 2021

Q comme Question de charité

   - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Dans tous les testaments de Haute-Savoie dépouillés (et aussi un inventaire), les notaires posent invariablement la même question (même si elles ont parfois une tournure légèrement différente).

 

Hôpital Saint-Jean © nemausensis.com

 

- "lequel testateur ayant été exhorté par jedit notaire de donner quelque chose a l’hopital de la Charité de la province, et a celuy des congregations de saints mauris et lazare a repondu ne pouvoir rien donner

- aiant été iceux exhorté de donner quelque chose à l’hôpital de la charité de la province et à ce lui des congregations des saint maurice lazare ont repondu ne pouvoir rien donner

- et ayant  été exhorté par jedit notaire de donner quelque chose aux hopitaux des saints maurice et lazare de la charité de sa province il a repondu qu’il n’était pas [… ?] de le faire

- ayant este invité et exhorté par ledit notaire de donner quelque chose aux hopitaux des saints mauris et lazare ou de la charité de la province il at respondu que ses facultés ne le luy permettoyent pas

- ayant esté interrogé et exhorté par jedit notaire de donner quelques choses aux hopitaux et saint maurice et lazare ou de la charité de la province il at repondu quil n’en avait pat l’intention 

- exhorte et [… ?] donner et laisser quelque chose a lhopital de la charité du lieu de la province et de celuy de sainct maurice et lazare lesquels m’aurroient repondu qu’ils ne veulent rien donner et d’autant que le chef de tous testament, est l’instruction des heritiers sans laquelle ils [… ?] de nulle valleur

- lequel testateur ayant été exhorté par jedit notaire de donner quelque chose à l’hopital de la charité de cette province et a celuy des congregations des saints maurice et lazare a répondu ne pouvoir rien donner

- ayant esté exhorté par ledit notaire de donne quelque chose aux hopitaux de saints maurice et lazare ou a ceux de la charité de la province elle a repondu que ses facultés ne le luy permettoyent pas et parce que le chef et fondement de tous testamens et linstitution dont elle n’a pas disposé a nommé et nomme fait et institue ses heritiers universels…

- ayant jedit notaire interrogé ledit testateur et icelluy exhorté a forme des royales constitutions de laisser quelque chose aux hopitaux respectifs de ce lieu ou de cette province de même que lhopital des saint maurice et lazare, il a repondu qu’il ne voulait leur leguer aucune chose 

- exhortation a luy faite, a repondu ne pouvoir faire aucun legs pies aux hopitaux plus proches, ni a ceux de la charité et des ordres sacrés des saints mauris et lazare"

 

Au total ce sont 14 questions similaires qui ont été posées, par 6 notaires différents, dans des études et villes différentes, entre 1726 et 1773. Mais à chaque fois la même réponse a été donnée : aucun legs n’a été fait en faveur de ces hôpitaux et congrégations.

 

Source : Inventaire Moccand Jean et son épouse, 1737 (Samoëns, Haute-Savoie), Testament Jay Claude, 1741 (Samoëns, Haute-Savoie), Testament Baud Claude, 1736 (Morzine, Haute-Savoie), Testament Pachon Claude François, 1734 (Morzine, Haute-Savoie), Testament Taberlet Pierre, 1733 (Morzine, Haute-Savoie), Testament Anthoine Henry et son épouse, 1727 (Morillon, Haute-Savoie), Testament Guilliot Nicolas, 1767 (Samoëns, Haute-Savoie), Testament Breise Nicolarde, 1726 (Morzine, Haute-Savoie), Testament Vuagnat Nicolas, 1737 (Samoëns, Haute-Savoie), Testament Bel François, 1773 (Taninges, Haute-Savoie)