« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 7 janvier 2022

#52Ancestors - 1 - Grand-père Astié

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 1 : Quelles sont les bases de votre généalogie ? Quel est votre point de départ ? Sur quoi vous appuyez-vous ? 


L’arbre dessiné par mon grand-père paternel fut le déclencheur. Il résultait de ses recherches menées sur sa branche agnatique et sur celle de son épouse.
Du côté paternel cet arbre plongeait ses racines à Conques, en Aveyron, vers 1740.
Du côté maternel il avait poussé depuis Le Poizat/Lalleyriat, dans l’Ain, vers 1660.
Les eux branches matrilinéaires n’avaient que peu été explorées. 


Arbre dessiné par grand-père Astié


C’est à partir de ces recherches que j’ai attrapé le virus de la généalogie, il y a une vingtaine d’années. 31 noms soigneusement calligraphiés à l’encre de Chine sur un arbre dessiné par mon grand-père. Le goût de l’Histoire (la « grande », ma formation première), des histoires (les « petites ») et de la quête ont sans doute fait le reste.

J’ai développé les branches qui ne l’étaient pas, élargi le champ des recherches à ma propre branche maternelle, plongé plus profondément encore que ne l’avait fait mon grand-père. Les recherches menées par d’autres membres de la famille (la tante Michelle, la cousine Bernadette) sont venues grossir le ruisseau de mes ancêtres – qu’elles en soient remerciées. 

Il va de soit que c’est grâce à la mise en ligne des fonds des archives départementales que j’ai pu explorer la vie des mes ancêtres. En effet, je n’ai aucune famille dans la région où je demeure et le fait d’avoir pu consulter ces fonds à distance m’a permis de progresser dans ma généalogie sans contrainte. Bien sûr, le revers de la médaille est que je suis dépendante de ces recherches en ligne : mon arbre se développe donc au rythme des numérisations, de la facilité (ou pas) d’utilisation desdits sites, des solutions techniques adoptées. Il est ainsi moins développé dans les départements où les visionneuses sont difficiles à utiliser, où les fonds en ligne sont moins riches. Et inversement. 

Aujourd’hui je compte 11 680 ancêtres (directs et collatéraux), 12 459 événements, 388 lieux répartis sur quatre pays (principalement la France et la Suisse), 18 régions, 37 départements français. 

Et c’est autant d’histoires, de fragments de vie, de joies et de drames qui me sont murmurés par mes ancêtres. Et que je vous fais partager à mon tour, grâce à ce blog. 

Mon seul regret est que mon grand-père ne soit plus là pour en discuter avec lui…


mardi 30 novembre 2021

Z comme Zieuter

   - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Si vous m’avez suivie jusque là, vous aurez constaté que j’ai bien tout zieuté ces archives concernant mes ancêtres et que j’ai fait plein de découvertes. Parfois surprenantes, d’autres fois un peu tristes (beaucoup d’objets sont dits « uzés » et de piètre qualité, reflétant un niveau de vie bien peu élevé).


© livresetscience.com


C'est tout un monde qui s'est révélé au travers de ces archives notariales: mobiliers, outils, vêtements et volontés diverses.

Peut-être que certains de ces objets ont fait écho aux possessions de vos propres ancêtres, si vous êtes familiers de ces documents.

Si ce n'est pas le cas, j’espère que je vous aurais donné envie à votre tour d’aller zieuter hors des chemins battus, ceux du classique état civil. Explorez les fonds notariaux des archives départementales (sur place ou en ligne). N’hésitez plus !

Si l’écriture des notaires vous fait un peu peur, n’oubliez pas que l’entraide est toujours possible, notamment sur les réseaux sociaux où vous trouverez toujours un accueil bienveillant ; et puis bon, au pire, si quelques mot vous résistent et que vous ne savez pas ce qu’est une coquonière de gueuse : moi non plus et alors ?

Cela ne m’a pas empêché de soulever le linceul* et de découvrir les détails insoupçonnés dans ce bâtiment particulier qu’est le grenier savoyard où j’ai découvert une paire de gamache*, un pochon*, une braye*, quelques patagons*, etc…

Et si vous ne comprenez pas cette phrase ou si vous ne vous souvenez pas de ces définitions, mettez la page Lexique de ce blog dans vos favoris ;-)

Bonnes découvertes à toutes et à tous.

 

lundi 29 novembre 2021

Y comme Yoyoter

    - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Yoyoter, pour ceux qui ne serait pas familier de ce verbe, c’est divaguer, raconter n’importe quoi.


© arcadefever.fr


Bien souvent, en tentant de déchiffrer les actes notariaux je me suis dit que mes ancêtres yoyotaient. En fait - il faut bien l’avouer - c’était simplement moi qui n’arrivais pas à lire l’écriture du notaire ! Mais quand même, de temps en temps, j’ai été bien surprise en lisant certains actes.

 

Ainsi lorsque je déchiffrais au milieu d’une liste (à but fiscal, donc tout à fait sérieuse) recensant les différents membres d’une famille de mes ancêtres la mention « sale un cochon », j’ai été quelque peu déstabilisée. « Mais ils yoyotent ! ». J’ai relu plusieurs fois, mais c’était bien ça. Et oui, dans les archives on peut apprendre, avec surprise, que nos ancêtres salaient des cochons.

On remarquera au passage que jamais, au grand jamais, les cochons n’étaient recensés dans les documents notariés que je possédais jusque là !

Il m’a fallu un certain temps pour faire le lien entre la liste et le cochon : en effet j’étais en train de transcrire une liste dressée en vue du paiement de la gabelle, un impôt perçu sur le sel. Donc, celui qui sale un cochon (ou plusieurs) payait davantage que ceux qui n’en salait pas.

 

Finalement, ils ne yoyotaient pas tant que ça (bien sûr !).

 

 

Source : gabelle du sel pour Vulliez Louise Françoise, de 1779 à 1787 (Samoëns, Haute-Savoie)