"…Jacques Baxet Me maçon âgé d’environ 24 ans fils légitime à feu Etienne Baxet et à Jeanne Fonteille mariés du lieu de Montignac, ledit Jacques Baxet restant dans la ville de Conques depuis environ 7 ans"
Ou quelqu’un qui demeure chez une personne en particulier.
"… et la marraine Marianne Lacombe tante maternelle du baptisé restante au service de Mr le curé de Conques"
Néanmoins, la très grande majorité des restant(e)s sont des personnes qui habitent à temps complet, voire travaillent, pour l’hospice.
L’hôpital de Conques a été fondé au XIIIème siècle pour accueillir les pèlerins. Supprimé au début du XVIIIème, il fut rouvert en 1762 afin de « rétablir un azile où, non seulement les pauvres malades trouveroient les secours qu’ils ne peuvent se procurer dans les autres hôpitaux […] mais les nécessiteux trouveroient aussi une retraite et l’occasion de se former aux manufactures ».
Il accueille donc non seulement des malades, mais aussi entretient la population en lui donnant du travail (nombreux sont les cultivateurs ou tisserands "de l’hôpital") : les lettres patentes royales de 1762 permettent la création d'une « manufacture de bonneterie ou de draperie pour que les enfants et les pauvres valides puissent y être employés ».
« Les pauvres malades ou invalides des paroisses » doivent pouvoir y être accueillis ainsi que les « mendiants, valides ou invalides ».
Il est établi sur un terrain donné par les sœurs de l’Union. Il est géré par un bureau, un syndic et deux sœurs. 80 invalides sont recensés au XVIIIème siècle, y compris des enfants.
On y réside à temps complet, on y travaille, on y abandonne ses enfants et on y meurt…
Je compte environ 25 restant(e)s à l’hôpital dans la décennie étudiée.
Certains sont alternativement qualifié de pauvres et de restants.
"… son parrain a été Joseph Delagnes pauvre de l'hôpital…" (1780)
"… son parrain a été Joseph Delagnes demeurant à l'hôpital…" (1782)
"… son parrain a été Joseph Delagnes restant à l'hôpital…" (1786)
Ou restants/hospitaliers.
"… son parrain a été Guillaume Selves restant à l'hôpital…" (1788)
"…présents […] Guillaume Selves hospitalier…" (1789)
7 sont des femmes.
"… sa marraine a été Jeanne Vidal restante audit hôpital…"
"… sa marraine a été Magdelaine Servières restante à l’hôpital…"
"… sa marraine fut Anne Piganhol restante à l'hôpital de Conques…"
Plusieurs ont des métiers :
- des tisserands, comme Alexis Lacombe : d’abord qualifié de tisserand puis de restant à l'hôpital à partir de 1783 et « affidé à l'hôpital » lors de son décès en 1798. Pierre Dangles est lui aussi tisserand/restant à l’hôpital.
- un
cardeur - personne démêlant (cardant) la laine - (Guillaume Alary).
- un fournier - propriétaire ou gérant d'un four qui cuit la pâte que d'autres ont pétrie, sorte de boulanger - (Jacques Alran).
- ou un vigneron (Joseph Bonal).
L’hospice est un lieu d’accueil des pauvres, mais c’est aussi un lieu où l’on soigne. L’une des sœurs du couvent de Conques, Catherine Cabroulie, est dite restante : sans doute y jouait-elle le rôle d’infirmière. Pierre Chatelier est dit praticien en 1789 et même « praticien de la maison communale de l'hôpital » un peu plus tard en l'an II (1794).
Seuls deux restants sont lettrés et signent : Jacques Alran et Pierre Chatelier.
Ils sont par ailleurs beaux-frères par alliance (la sœur de Pierre ayant épousé le frère de l'épouse de Jacques).
Ces restant(e)s sont sollicité(e)s à de très nombreuses reprises en tant que témoins ou parrains/marraines. Guillaume Alary apparaît ainsi 26 fois, Alexis Lacombe 40 fois, Pierre Chatelier 42 fois. Le record est détenu par Joseph Delagnes : 60 fois.
Enfin, de nombreux enfants y sont abandonnés.
"... benoit enfant trouvé exposé à la porte de l'hôpital fils a pere et mere inconnus..."
Nous reviendrons sur ces enfants à la lettre X de ce ChallengeAZ.