« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

samedi 30 novembre 2019

#ChallengeAZ : Z comme zen

Je me demande toujours si, avant de commencer cet inventaire en 1701, Me Salvetat savait qu’à un moment il allait ouvrir une armoire et tomber sur près de trois cents documents. D’ailleurs tomber est bien le terme : les documents se sont-ils écroulés sur le plancher dès l’ouverture des portes de l'armoire ? Étaient-ils bien rangés ou tous en vrac sans dessous-dessus ? J’aurai aimé être une petite souris pour voir la scène. Me Salvetat a-t-il été aussi surpris que moi ? Ou cette situation faisait-elle partie de son quotidien ?

En tout cas, en ce qui me concerne c’est une situation inédite. J’ai bien quelques ancêtres comptabilisant plusieurs documents notariés mais 400, non !

Ces 400 actes ont été un drôle de cadeau. Et (oserai-je le dire ?) presque un cadeau empoisonné : beaucoup d’informations, mais qui sont restées largement parcellaires. Plus d’une fois je me suis dit « mais où donc ai-je lu ceci ? » sans pouvoir trouver la réponse. J’ai fait tellement de tableaux de synthèse qu’il me faudrait un tableau de synthèse pour en faire la synthèse !

Parfois ce Jean Avalon m’a épuisé… mais céder à la tentation de s’arrêter, de faire une coupure plus ou moins longue est une très mauvaise chose : difficile de reprendre le cours ensuite lorsqu’on a rompu le fil, oublié (ou mélangé) le chemin parcouru. Du coup j'ai été presque "à temps plein" sur cet ancêtre depuis près d'un an !

Vous présenter cette masse d’information n’a pas été tous les jours facile ; j’espère que vous avez pu me suivre et que vous ne vous êtes pas perdu en cours de route.

En tout cas une chose est sûre : si vous trouvez 400 documents pour un seul de vos ancêtres et que vous voulez éviter la crise de nerf, allez vite prendre un cours de yoga pour apprendre à rester zen !

Zen © artmajeur.com

Jean Avalon m'a emmené très loin. Un chemin dont je ne soupçonnais absolument pas l'existence le jour où j'ai découvert son nom pour la première fois. Et maintenant que je crois que je vais m'accorder une petite pause dans la vie de Jean Avalon... Avant d'y revenir sans doute...


vendredi 29 novembre 2019

#ChallengeAZ : Y comme y a encore des questions

Bien sûr il reste beaucoup de questions en suspend… que même 400 documents n’ont pas réussi à résoudre.

  • La première est : pourquoi ? Mais pourquoi tous ces documents pour un simple marchand boucher ?

  • La deuxième : est-ce que les documents que je n’ai pas (encore) trouvés permettraient de répondre à toutes ces questions ?
                   
  • La troisième : est-ce que Jean apparaît encore de nombreuses fois dans les fonds que je n’ai pas dépouillés systématiquement ? J’en ai trouvé une petite vingtaine au hasard de mes recherches mais je n’ai pas fait de fouille méthodique par peur d’être noyée sous la masse. Peut-être que je reprendrai ça, à petite dose, quand je me serai désintoxiquée.

Questions © depositphotos.com

Mais surtout, à travers ces archives, Jean apparaît comme un homme plein de contradictions. J’ai déjà eu l’occasion d’en parler à travers les billets précédents, ainsi :
- Jean est un marchand influent, parfois élu consul de sa ville, traitant avec la bourgeoisie et même les comtes d’Entraygues, mais il ne sait pas écrire. Et il ne sait probablement pas lire, bien qu’il possédât des livres en français et en latin.
- Il s’est fait confisquer un chaudron pour non paiement de la taille par le consul Brunet, mais (pas rancunier) c’est à lui qu’il va confier la tutelle de ses enfants mineurs après son décès.
- Il manie beaucoup d’argent, notamment grâce aux documents notariés, aux maisons, boutiques et domaines possédés, mais il semble vivre chichement, son intérieur comme ses vêtements étant souvent qualifiés de vieillis ou d’usés.
- Il est parfois très patient dans le recouvrement de ses dettes (une quinzaine d’années par exemple), mais il n’hésite pas à faire un procès quand il a décidé de récupérer son dû.

Mais qui était cet homme ???


jeudi 28 novembre 2019

#ChallengeAZ : X comme x ou les oublis des notaires

Je ne veux pas jouer les enfants gâtées, mais parmi les 400 actes de Jean Avalon il y quand même quelques oublis ou lacunes fâcheuses.

Bon je ne parle pas de fonds entiers qui ne sont pas en ligne (mais qui le seront peut-être un jour puisque « seuls » 12 000 registres ont été numérisées alors que la collection départementale en compte plus de 30 000)… Même si pour le moment cela me prive de plusieurs centaines de documents. Il y a aussi quelques années manquantes dans certains fonds en ligne et ce sont plusieurs tranches de vie qui avaient l’air importantes qui se sont évanouies… ce qui m’a bien fait rager ; mais ainsi va la généalogie.

"Je crois que j'ai oublié quelque chose..."

Le notaire responsable de l’inventaire après décès, Me Salvetat, qui a mis plusieurs jours à tout recenser, a laissé passer quelques informations dans sa minutieuse liste : ainsi plusieurs pièces n’ont pas de date, ou bien le nom du notaire a été oublié. Difficile de chercher un document sans date et sans notaire, surtout quand on sait que le fonds notarial de la ville d’Entraygues contient 213 références, allant de un seul à une trentaine de folio (c'est-à-dire de 5 à 40-45 vues en moyenne) juste pour la période qui m’intéresse  (plus de 2 200 pour la totalité du fonds en ligne sur cette ville) ! De temps à autre la pièce n’a pas de résumé ou pas de somme, ce qui brouille ma vue d’ensemble.

Parfois il y a bien ces renseignements, mais je ne trouve pas le document à la date donnée (ni un peu après ou un peu avant, des fois qu’il y aurait eu quelques mélanges).

Une cinquantaine de pièces n’apparaissent pas dans l’inventaire, mais sont citées dans le partage qui a suivi quelques mois plus tard : je ne comprends pas cet oubli (ou cette apparition miraculeuse).

J’aurai aussi bien aimé que Jean garde des documents d’autant précieux pour moi que les registres BMS de son époque sont en grande partie lacunaires : je pense à ses contrats de mariage par exemple, le testament de sa première épouse (si elle en a fait un), les documents similaires concernant ses enfants… Bref, tout un pan de sa vie qui m’échappe. Et ce, malgré 400 actes !