« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mercredi 10 juin 2020

Les égarés du XVIème

Ils sont comme une foule située au loin. Ils marchent vers moi et ainsi je les devine de mieux en mieux (ou pas). Parmi eux, je peux distinguer trois groupes différents :
- les premiers sont bien identifiés. Ils sont 23 : ce sont mes ancêtres directs [1].
- derrière eux, le deuxième groupe. Je les connais un peu moins, je les ai trouvés par hasard. Il m’en manque certainement : ce sont les frères et sœurs des premiers. A ce jour ils sont au nombre de 124.
- les derniers sont plus flous : ils restent dans le brouillard. Je sais qu’ils sont là, mais je ne les ai pas trouvés formellement. Ce sont les ancêtres dont j’ai une mention de naissance au XVIème, mais dont je n’ai pas trouvé les actes les concernant. J’en compte 74.

Tous forment mes ancêtres nés au XVIème siècle. Ils sont mes « bouts de branches » [2], les extrémités de mon arbre.


  •  Les biens connus
J’ai donc retrouvé 23 actes de naissance du XVIème. Dans ce groupe je trouve Gaspard, Jean, Charlotte, Urban, Bernarde, Macé et les autres…
Les actes les plus anciens datent de 1567 et 1570

Naissance Ryondel Jean, 1560 © Coll. personnelle

9 sont ceux de femmes. J’y retrouve deux couples et trois cousins. Certains sont témoins d’actes d’autres membres de ce groupe. Ils sont originaires de Haute-Savoie et d’Anjou. En Haute-Savoie ils sont principalement originaires de Samoëns, qui a eu la bonne idée de conserver précieusement ses registres dans ses locaux de la mairie : baptêmes depuis 1552, décès depuis 1568, mariages depuis 1642. Les registres angevins ont été trouvés en ligne sur le site des archives départementales.
Pour certains, j’ai trouvé aussi leurs actes de mariage et décès mais dans ce n'est pas systématique car, dans plusieurs paroisses, il n’y a plus que les registres de baptêmes (mariages et sépultures ayant disparus).

Leurs dates de naissance me sont données par plusieurs sources : la bibliographie pour Gaspard de Sales, dont la branche noble a fait l’objet de plusieurs ouvrages, un répertoire pour deux autres ancêtres (ou du moins je le pense, car les tables ne donnent pas l'identité des parents), les actes de baptême eux-mêmes pour les derniers. Certains sont joliment calligraphié, d’autres… beaucoup moins. 

Naissance Dolbeau Urban, 1596 © AD49

Les actes de Haute-Savoie sont en latin, tandis que ceux de l’Anjou sont en français.
Leurs métiers sont rarement connus : quand ils le sont, nous rencontrons un métayer, des laboureurs, ou un seigneur de noble lignée.
Deux signatures ont été trouvées, dont celle du sergent royal et notaire angevin René Guespin.

Signature de Guespin René, né en 1597 © AD49

Le métier du second signataire, Maugars Jacques, n’est pas connu mais plusieurs sergents royaux et notaires sont témoins de ses noces ce qui suppose une appartenance à un milieu plutôt favorisé.



  •   Les fratries
Trouvés au hasard de mes pérégrination dans le XVIème, ces ancêtres collatéraux sont parfois seuls, parfois plus nombreux; se succédant alors souvent à un rythme d’une naissance tous les deux ans. Cela concerne 42 couples. La moyenne est de 3 enfants par couple, mais cela ne reflète pas la réalité puisque les enfants n’ont pas tous été systématiquement cherchés et que certains membres de la fratrie sont nés au tout début du XVIIème et ne sont donc pas comptabilisés. 
Néanmoins, le record de la plus grande fratrie née au XVIème est de 11 enfants. Il est détenu par le couple Felon Pierre et Chastillon Renée dont les enfants sont nés entre 1579 et 1599 (mon ancêtre direct, Jean, est le petit dernier). 
La naissance la plus ancienne date de 1522 ; il concerne encore la famille de Sales. Je n'ai pas trouvé l'acte, mais la bibliographie donne sa date précise. Or, comme cela concerne François de Sales, père de Saint François de Sales, j'ai tendance à y accorder foi. 

Détail tableau François de Sales © Pourpris historique

On retrouve les deux mêmes régions d’origine : la Haute-Savoie et l’Anjou.
Partir à la recherche des fratries, c’est aussi parfois débloquer une branche et atteindre une génération supplémentaire lorsque les parents sont cités dans un acte concernant un frère/une sœur alors qu’ils ne l’étaient pas dans l’acte de son ancêtre direct. Bref, c'est toujours utile.


  • Les égarés
J’ai trouvé leurs dates de naissance grâce à leurs décès, donnant l’âge « ou environ ». Après vérification, je n’ai pas trouvé leurs actes de baptêmes, souvent à cause de la disparition des registres. Le plus ancien daterait de 1500 tout rond : "l'état des âmes" [3] de Morzine en donne le nom, Jean Baud de Mollie (et même deux générations supplémentaires, mais sans date de naissance). 


Dans ce groupe, la zone géographique est étendue à la Suisse, l’Ain, la Seine et Marne, la Bretagne. Quelques uns sont des frères et sœurs des personnes identifiées dans les deux groupes précédents. Les informations les concernant sont réduites à la portion congrue.
On notera la présence, dans ce groupe, de Le Floc Mathurine, qui serait née en 1573 et décédée en janvier 1677 à Loudéac (Côtes d'Armor)... soit à l'âge de 104 ans ! Il y a bien un acte de naissance en 1573 qui pourrait correspond, cependant, j'ai du mal à lire ce document (ci-dessous). De ce fait l'année de naissance n'est pas très sûre... Mais si l'âge est exact, ce serait assurément la doyenne de ma généalogie !

Possible acte de naissance de Le Floc Mathurine, 1573 © AD22
(oui, je sais, on ne voit rien ! Pour les plus curieux, cet acte de naissance est dans le 
registre de Loudéac, AD22, Lot 1, B 1556/1624, vue 49/386, page de droite)

Ce troisième groupe est suivi d'un éventuel quatrième groupe, composés de ceux qui se sont mariés et/ou sont décédés au tout début du XVIIème (et donc forcément nés au XVIème). Mais ceux-là restent davantage encore dans le brouillard et n'ont pas été comptés. Du travail pour l'avenir peut-être ? 


 
[1] Sur les 1 242 actes de naissances trouvés à ce jour, concernant les 11 200 personnes que compte ma base généalogique (chiffre qui évolue en permanence...).
[2] Exception faite de ma branche noble qui remonte jusqu'au XIVème siècle, voire plus loin selon certaines bibliographies.
[3] Le but de ce document était d’établir la liste de toutes les personnes -les âmes- qui dépendaient spirituellement du curé : il importait donc de procéder à la reconstitution des familles de la paroisse.


1 commentaire:

  1. Dans mes familles angevines Maugars et Guespin.

    Jacques Maugars,fils de Jacques Maugars et de Guillemine Hervé(anc à la 12ème g),épouse le 3 11 1620 à Corzé Marguerite Allain,fille de déf Michel Allain et de Estienette de La Porte(vue 2)

    Baptême de Claude Fouteau,le 11 2 1647 à Villevêque,fille de Julien Fouteau et de Françoise Jammes,(anc à la 11 g)le parrain est Symphorien Bardoul ,la marraine ,est Claude Fouteau,femme de Mr René Guespin, demeurant au Plessis,notaire de la cour dudit Plessis (vue 259)

    RépondreSupprimer