Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois de novembre 1915 sont réunis ici.
Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.
Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.
Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
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1er novembre
Dans le sous-secteur de Blancrupt les boches envoient sans résultat plusieurs bombes sur l’un de nos postes.
Une batterie ennemie de gros calibre tire 34 obus sur notre poste de Seraphin Henry.
Un de nos blockhaus est démoli sans qu’il y ait perte d’hommes.
Ordre de bataillon n°80 : attribution de la médaille militaire à deux soldats amputés suite aux combats.
2 novembre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs. Aucun événement à signaler.
Un mois et demi que nous sommes dans ce secteur. Un mois et demi d’accrochages avec l’ennemi qui est là, tout proche.
Nous n’avançons pas. Nous ne reculons pas non plus. Mais combien de temps ça va durer comme ça ?
3 novembre
Dans le sous-secteur de Noirrupt les boches envoient dans la journée quelques obus sur la lisière du bois de Noirmont.
Nous faisons face au froid : la neige est déjà épaisse à cette époque de l’année.
Perte : 2 chasseurs blessés.
Ordre de bataillon n°81 : citations.
4 novembre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs. Aucun événement à signaler.
Ce soir notre section va en renfort au-dessus de la Roche du Pin, sous la conduite d’un guide à travers la neige. Je suis en sentinelle double en avant des fils barbelés à 50m de nos tranchées dominant le grand ravin. Il y a bien 50cm de neige à cet endroit. Le matin, à la pointe du jour, nous devions nous retirer dans la tranchée par la chicane traversant le réseau. Mais pendant nos heures de factions, la neige tombée en abondance avait effacé la piste conduisant au passage des barbelés et impossible de pouvoir repérer l’endroit ! Le jour arrivait à grand pas et sur la neige avec nos costumes bleus foncés nous allions être vus de l’ennemi et tués comme des lapins. Enfin, à force de temps et à notre grande joie, on a trouvé le passage. Il faisait jour depuis un moment. Les boches devaient dormir et être engourdis par le froid, négligeant la surveillance des lignes (nous l’avons échappée belle). [ 1 ]
Bataille des Vosges © Delcampe
Pertes : 1 sous-lieutenant légèrement blessé à la tête et 4 chasseurs blessés.
5 novembre
Notre artillerie atteint d’un obus le clocher de la chapelle de Creux d’Argent.
Journée et nuit calmes.
6 novembre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs. Aucun événement à signaler.
Ordre de bataillon n°82 : affectation.
7 novembre
Journée et nuit calmes dans les deux sous-secteurs.
Dans la nuit le 23ème Bataillon est relevé par le 30ème Bataillon de Chasseurs. Le mouvement s’effectue sans incident.
On est de retour à Gaschney : on retrouve notre bivouac de l’été dans le bois (mais cette fois sous la neige !).
Chasseurs 7ème BCA © Histoirémilitaria
8 novembre
Séjour du Bataillon à Gaschney.
Ordre de bataillon n°83 : citations.
9 novembre
Séjour à Gaschney.
Dans la nuit le Bataillon relève au sous-secteur de Braünkopf le 24ème Bataillon de Chasseurs.
Le mouvement se termine à 20h30 sans incident.
10 novembre
Journée et nuit calmes. Aucun événement à signaler.
Nous avons fait l’expérience des chiens sentinelles : un chien-loup de forte taille est dressé à cela devait avertir l’approche d’un ennemi ou d’une patrouille en grommelant doucement et prenant air agressif. Les postes les plus dangereux avec un champ de vue limité par la broussaille ou tout autre obstacle lui était affectés. Cela faisait surtout un emploi envié par tous pour la garde le jour de l’animal. Quelque temps après tout cela fut supprimé n’ayant sûrement pas obtenu le résultat désiré.
11 novembre
Journée calme.
Dans la nuit l’ennemi tire quelques coups de feu sur nos tranchées. Ces coups proviennent des maisons de Rospel.
12 novembre
Ordre de bataillon n°84 : nominations et mutations.
13 novembre
Journée et nuit calmes.
Des bruits de travaux ennemis sont entendus dans le Bois Noir.
Entre 3h et 3h30 un charroi de véhicules boches se fait entendre dans Muhlbach.
14 novembre
Journée et nuit calmes.
Aucun événement à signaler.
15 novembre
Journée et nuit calmes.
A 11h45 trois avions boches survolent nos lignes.
L’un d’eux vole très bas et lance quatre bombes sans résultat à proximité de nos tranchées de première ligne de la route de Muhlbach.
Ordre de bataillon n°85 : rétrogradation et mutation.
16 novembre
Journée et nuit calmes.
Aucun événement à signaler.
Ordre de bataillon n°86 : citations.
17 novembre
Dans la nuit l’ennemi tire à plusieurs reprises sur nos travailleurs sans les atteindre.
Il est constaté que les boches travaillent de nuit à Looch.
Vers 18h30 on entend plusieurs coups de mines dans le Bois Noir.
Ordre de bataillon n°87 : nominations.
18 novembre
Journée calme.
A la nuit une patrouille boche sort du Bois Noir et se dirige vers nos lignes. Elle est aussitôt dispersée par notre feu.
Ordre de bataillon n°88 : citations.
19 novembre
Journée et nuit calmes.
Installation dans nos tranchées de deux batteries de fusils. Travaux de sapes et aménagement des boyaux.
Ordres de bataillon n°89 et 90 : affectations et cassation du sergent Ours pour négligences répétées.
20 novembre
Journée calme.
Dans la nuit deux paquets de cartouches sont tirés avec la batterie de fusils. Une rue de Muhlbach est prise comme objectif.
On matin on observe un charriot chargé abandonné au point où le tir était dirigé.
Perte : 1 sergent légèrement blessé.
Ordre de bataillon n°91 : décoration
21 novembre
Dans la journée l’ennemi envoie 10 obus de 77 sur nos tranchées de la rive droite de la Fecht.
Au Braunkopf un abri d’escouade est démoli par un obus qui n’occasionne aucune perte en homme.
Perte : 1 chasseur blessé.
22 novembre
Vers 10h l’ennemi bombarde le Braunkopf avec des obus de 105.
Un obus éventre notre abri à munitions qui contient la réserve des trois compagnies de gauche du sous-secteur.
Un autre abri qui se trouve à proximité et qui contient tous les pétards n’est pas touché.
L’explosion de l’obus détermine l’incendie du magasin et provoque ainsi sans accident la perte de toutes les cartouches, des fusées éclairantes et des bidons de poudre noire qui s’y trouvent enfermées.
Vers 11h15 un avion boche survole les lieux. Le magasin est à nouveau bombardé avec précision par 15 obus de 105.
23 novembre
Journée et nuit calmes.
Aucun événement à signaler.
24 novembre
Journée et nuit calmes.
Aucun événement à signaler.
Perte : 1 chasseur légèrement blessé non évacué.
Ordre de bataillon n°92 : remise de galons.
25 novembre
Aucune note pour ce jour.
26 novembre
Journée et nuit calmes.
Aucun événement à signaler.
27 novembre
Journée et nuit calmes.
Dans la nuit le 24e bataillon de chasseur relève au Braunkopf le 23e qui se rend à Gaschney où il bivouac.
28 novembre
Séjour à Gaschney.
Repos.
29 novembre
Le bataillon se rend de Gaschney à Gérardmer où il passe la journée.
30 novembre
Étape de Gérardmer à Anould.
Nous reprenons la marche
Arrivée à 11h.
Ordre général n°46 : souscription des Militaires à l’Emprunt de la Victoire.
"Le 25 novembre la France émet un grand emprunt pour subvenir aux dépenses de la Défense Nationale…
Tous ceux qui souscrivent rempliront leur devoir de bon Français…
Écrivez à tous ceux, parents et amis, que vous avez laissés derrière vous au pays natal…
Dites-leur que souscrire à l’emprunt c’est servir la France, c’est combattre pour elle avec vous.
J. Joffre"
Souscription pour la Victoire, 1915 © AD18
Source complémentaire :
"Journal résumé de la guerre 1914-1918", par Jean Pouzoulet, caporal au 23e Bataillon de chasseurs alpins, AD Hérault :
[ 1 ] Anecdote arrivée à J. Pouzoulet à la Tête du Faux.
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