Les noms dans les registres de Conques, c’est parfois un peu compliqué ; certains n’en n’ont pas (voir la lettre P de ce ChallengeAZ).
D’autres en changent car, on le sait, les patronymes n’ont pas d’orthographe. Si les noms de familles se sont fixés à la fin du Moyen Age, ce n’est pas le cas pour leur orthographe. En effet, le porteur de patronyme, souvent illettré, n’est pas capable d’épeler son nom. On dit aussi que les accents locaux pouvaient perturber les rédacteurs, pour peu qu’ils ne soient pas du coin. Par ailleurs sous l’Ancien Régime, il n’y a ni loi ni obligation en la matière.
Elisabeth Ytié devient Ityé lors de son décès en
1782. Elle était nommée Itié en janvier 1781 et Ytié en novembre de la même année. Marchande, elle savait signer : elle
orthographiait elle-même son nom Itié. Son père était né sous le patronyme d'Ithié.
" Elizabet ityé veuve de jean vidal marchand mourut agée d'environ 22 ans et fut inhumée le lendemain par nous curé soussigné..."
De même Rols devient Raouls (voir la lettre S de ce ChallengeAZ) ou Vaurs devient Baurs.
"…Marie Anne Benazech fille légitime et naturelle de Monsieur Jean Benazech et de demoiselle Marie Vaurs…"
"…Joseph Benazech fils légitime et naturel de Me Jean Benazech notaire royal et de demoiselle Maris Baurs…"
Pierre Vigouroux a du avaler la moitié des lettres qui composent son nom lorsqu’il a déclaré le mariage de sa fille…
"...Pierre Vigouroux fils legitime de Pierre Vigouroux aubergiste et Catherine Carles..."
"…Antoinettre Vigroux fille de Pierre Vigroux et de Catherine Carles…"
Parmi les témoins se trouvent souvent cités Joseph Delagnes et Joseph Delannes…. Jusqu’à ce que je rencontre Marie Delagnes, épouse Pradalier, aussi nommée Marie Delannes : les deux Joseph ne formaient sans doute qu’une seule et même personne !
"… son parrain a été Joseph Delagnes pauvre audit hôpital…"
"… son parrain a été Joseph Delannes restant audit hôpital …"
Le fait qu’on le rencontre souvent associé à Alexis Lacombe, François Roux et autres restants à l’hôpital renforce cette hypothèse.
Il est parfois difficile de reconnaître le nom de ses ancêtres…
"…fils légitime à Antoine Selves vigneron dit Romigou et à Jeanne Prodensis…"
En fait Jeanne se nomme Pradellis : c’est la fille et la sœur de mes sosas Pradellis (271 et 133).
Quant à Antoine Cibie, son patronyme a été quelque peu malmené au cours des années…
"… avons donné la bénédiction nuptiale à Antoine Sivie fils naturel à Jean Sivie…"
"…Anne Sevie fille à Antoine Sevie…"
"…Jeanne Cibie âgée de dix huit mois fille légitime et naturelle d’Antoine Cibie…"
La loi du 6 fructidor an II (« Aucun citoyen ne pourra porter de nom ni de prénom autres que ceux exprimés dans son acte de naissance : ceux qui les auraient quitté sont tenus de les reprendre ») n’a guère fait changer la situation.
Si, dans une société à dominante orale, les erreurs d’orthographes n’avaient que peu d’incidence, l’apparition d’une administration toujours plus exigeante a créé de réelles difficultés pour certaines personnes dont le nom (et donc l’identité) avait « changé ».
Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que l’orthographe du nom se
fixe, grâce à l'apparition du livret de famille (en 1877). Lors du mariage, le
nouveau couple reçoit un livret officiel. Il reprend les extraits des actes la
concernant (naissances, mariage) et il est mis à jour à l’occasion de tout
nouvel événement qui le concerne (naissances d’enfants, séparation/divorce, décès).
Il contient également des rappels de la législation liée à la famille (mariage,
filiation, adoption, autorité parentale, etc…).
Ces livrets de familles ont été
créés à Paris pour servir d’état civil bis, en cas de besoin, car la mairie
avait brûlé au moment de la Commune. Conservé par les personnes à leurs
domiciles, cela permet d’éviter que la catastrophe de 1871 ne se reproduise.
Tout l’état civil ancien parisien de 1530 à 1870 était parti en fumée
et pendant des années, chaque fois qu’ils devaient prouver leur identité, les
Parisiens ont dû apporter les contrats notariés ou les duplicatas d’état civil
qu’ils conservaient chez eux. Les livrets de famille constituent un résumé
certifié conforme des actes concernant chaque personne. Ils seront généralisés dans
le reste de la France en 1884 : chaque mairie doit fournir gratuitement le
livret de famille à tous les couples (lors du mariage pour les couples mariés
ou lors de la naissance du premier enfant pour les non mariés ; et de
façon plus récente lors de l’adoption d’un enfant par un parent célibataire).
A la naissance de chacun de ses enfants, le couple rapporte un document écrit : par copie des événements précédents, le nom reste donc identique tout au long de la vie.
Par ailleurs, avec les progrès de l’alphabétisation, les déclarants sont désormais capables de corriger l’orthographe de leurs noms si besoin est.