« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 18 février 2022

#52Ancestors - 7 - Jean Claude Assumel Lurdin

 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 7 : Cadastre


La famille agnatique de ma grand-mère paternelle est originaire des hauts plateaux de l’Ain. Ils se nomment Assumel Lurdin (ou Lourdin parfois, comme ici dans les matrices cadastrales). D’aussi loin que je remonte (c'est-à-dire au milieu du XVIIème siècle), ils ont toujours habité le hameau du Poizat, commune de Lalleyriat. Le Poizat est situé sur le Plateau de Retord au cœur du Haut-Bugey.

Au XIXème siècle le Bugey, assez peuplé, est plutôt pauvre. En dehors des plaines et des vallons, seules quelques enclaves fertiles au cœur de la montagne sont cultivées. Les Bugistes, sont régulièrement confrontés aux intempéries et aux disettes. Dans le Haut-Bugey, terres froides, les cultures de type alpin produisent des céréales dites « pauvres » : orge, seigle, avoine, méteil (seigle et froment mêlés semés et récoltés ensemble)… qui assurent à peine les besoins alimentaires. C’est là que l’élevage va s’intensifier avec la création des fromageries ou « fruitières » qui apporteront une source de revenus.*

C’est donc naturellement qu’on retrouve les Assumel Lurdin dans le hameau du Poizat lors de la création du cadastre dit « napoléonien » en 1827.

Jean Claude Assumel Lurdin (1758/1836) est journalier (en 1786, 1789) ou cultivateur (1801, 1836).

Au début du XIXème siècle, vaches et bœufs de race locale rustique « rudes à la tâche et se nourrissant de peu » sont utilisés pour le travail de la terre. Les chevaux, peu nombreux, fournissent force de traction et engrais. Le paysan veut avant tout du grain, à côté de l’huile et du chanvre qui constituent l’essentiel de sa production. Bovins, ovins et caprins sont élevés principalement pour produire le cuir, l’os, la corne, la laine... et accessoirement la viande et le fromage (le gruyère apparaît vers 1820).*

Jean Claude et sa femme ont eu sept enfants. L’ainé est probablement décédé en bas âge car je ne le retrouve pas ensuite. Il reste donc trois fils et trois filles.

Jean Claude possède  28 parcelles dans la commune : 2 jardins, 1 maison et cour, 1 pâture, 7 prés, 16 terres et 1 [terrain] vague en copropriété avec la veuve Beroud Maure Pierre; pour un total de 33,6 francs (n'oublions pas que le but du cadastre est d'être un document à vocation fiscale). Sa maison, située parcelle 1004, n'a qu'une porte et une fenêtre, elle est classée dans la 5ème catégorie (la dernière), 3ème du revenu non imposable (elle vaut 88 centimes).

 

Possessions Jean Claude Assumel Lurdin © AD01

 

Pourquoi Jean Claude possède une parcelle en copropriété avec « la veuve Beroud Maure Pierre » ? Je n’en sais rien. Cette veuve se nomme en fait Claudine Assumel. Son mari était Pierre Beroud Maure (ou Mouroz) décédé en 1790. Ils ne semblent pas apparentés à mon ancêtre.

Les parcelles possédées par Jean Claude sont disséminées dans la commune. La plupart sont de fines et longues lamelles. Et on comprend pourquoi quand on regarde les courbes de niveaux d’une carte topographique : le relief est très accidenté. Le village du Poizat est situé sur un replat à environ 850 m d’altitude, dominé par un massif montagneux culminant à plus de 1 100 m.


Carte topographique du Poizat


Aujourd’hui la maison de Jean Claude n’existe plus. Une nouvelle route, toute droite, a quelque peu modifié le paysage.


Le Poizat aujourd’hui – possessions de Jean Claude Assumel Lurdin

 

Le jardin de Jean Claude a laissé place à une maison et la maison de Jean Claude a laissé place à un jardin.


Emplacement de la maison de Jean Claude Assumel Lurdin


A l’arrière plan, le pignon de la maison construite sur la parcelle de jardin et au premier plan l’emplacement de la maison disparue de Jean Claude. Entre les deux, la nouvelle route.

Après la mort de Jean Claude, en 1836, c’est son fils Pierre qui hérite de la maison. Pierre est le fils aîné, si l’on considère que le premier-né Joseph est décédé en bas âge. Il est cultivateur, comme son père.

Pour l’anecdote Pierre aura une fille en 1833 prénommée Mélanie – l’une des trois collatérales de mon arbre portant ce prénom qui est le mien aujourd’hui (aucune ancêtre directe n'est prénommée comme moi).


Possessions de Pierre Assumel Lurdin © AD01


Simon, le deuxième fils, lui aussi cultivateur, reçoit plusieurs terres (pas de maison; il demeure dans un autre hameau, nommé Le Replat).

 

Possessions de Simon Assumel Lurdin © AD01

 

Le dernier fils, Louis Marie (de qui je descends) en reçoit d’autres. Il s’éloigne un peu de la tradition familiale puisqu’il est dit tailleur d’habit en 1838 et 1839. Puis il semble revenir dans la lignée de ses pères en étant qualifié de cultivateur (en 1842, 1844, 1866, 1870) et même propriétaire (en 1857 et 1859).


Possessions de Louis Marie Assumel Lurdin © AD01


Certaines de ces terres sont héritées à plusieurs. Ainsi les parcelles 375 et 376 (une terre et un pré) sont échues à la fois aux trois frères.

Plus tard, Louis Marie fera construire une maison sur la parcelle 1099 héritée de son père. C’est ce qu’indique le cadastre. Toutefois la parcelle 1099 est longue est fine, bien fine pour y construire une maison. Juste à côté néanmoins, il y a une maison, qui existe toujours aujourd’hui : est-ce la maison de Louis Marie ?


Détail parcelle 1099


Cette « maison 1099 » passera en héritage à son fils aîné Emile (frère de mon ancêtre François).

Quand à l’antique maison familiale, parcelle 1004, elle a en effet disparu comme on l’a vu plus haut : dans le folio de Pierre, il est noté qu’elle a été détruite lors d’un incendie en 1855. La partie « sol et cour » est transmise quelques années après sa mort, en 1867,  à son gendre Jean Antoine Jacquiot (le mari de Mélanie) puis finalement incluse dans la nouvelle voirie en 1870.

 

* patrimoines.ain.fr


vendredi 11 février 2022

#52Ancestors - 6 - Jean-François Borrat-Michaud

 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 6 : Cartographiez  

A l'occasion de cette sixième semaine du challenge #52Ancestors dont le thème est "cartographiez", je ressors le périple effectué par Jean-François Borrat-Michaud, soldat de la Première Guerre Mondiale, mon arrière-grand-père.

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Parti de Haute-Savoie, Jean-François Borrat-Michaud commence son périple par l’entraînement à la caserne, probablement celle de Chambéry. Lors de sa première affectation, avec le 23ème BCA, il est envoyé dans les Vosges. Il y connaîtra différents lieux, soit en premières lignes soit en cantonnements à l’arrière. Avec son nouveau bataillon, le 51ème, il rejoint la Somme, puis la Picardie, la Meuse, la Marne, les Ardennes. Ils sont finalement envoyés en Italie, avant de rentrer en France : Somme, Nord, Oise, Aisne et Somme à nouveau.

Les déplacements de courte distance, entre cantonnement et premières lignes, sont effectués à pied, parfois dans des conditions pénibles de froid et de neige (durant la période vosgienne par exemple). Parfois le transport se fait en automobiles ou en convois de camions. Et pour les trajets plus longs, des trains sont affrétés spécialement.

Il y a aussi d’autres types de déplacements : des missions de reconnaissances régulièrement effectuées.
Lors des périodes de « repos » sur les lignes arrières, les soldats ne restent pas inactifs et font de longues marches de manœuvre, avec barda complet sur le dos : ils vont d’un point à un autre ou marchent parfois en boucle, revenant à leur point de départ.
A tous ces déplacements il faudrait ajouter les permissions : en effet, en 4 ans de guerre, il est fort probable que Jean-François en ait eu ; malheureusement je n’ai pas d’indication quand aux dates et aux lieus de départ dont il aurait pu en bénéficier, si bien que je ne peux pas les prendre en compte.

L'année 1917 est particulièrement riche en déplacements : le bataillon va de cantonnements en cantonnements, monte parfois en première ligne, mais fait surtout de longues marches d'exercice. Vosges, Haute-Saône, Haut-Rhin, Marne, Oise, Seine et Marne, Marne, Meuse, Vosges, Marne se succèdent à un rythme effréné jusqu'au grand départ de novembre vers l'Italie.

Parfois les déplacements sont difficilement compréhensibles, comme cet aller-retour italien : étape Lonato-Cedegolo le 8 novembre 1917, poursuite vers Edolo le 9  et retour immédiat à Lonato (prévu le 13, mais reculé au 17 à cause d’un éboulement sur la voie), soit 240 km initialement prévus en 5 jours (et finalement réalisés en 9).

Si l’on ajoute tous les déplacements en 4 ans de conflits, d’après mes estimations, cela représente 13 037 km (hors les 5 mois de formation, les marches de manœuvres qui ne sont pas détaillées et les permissions dont je n’ai pas retrouvé les traces), soit environ 280 km par mois. L'étape la plus longue a lieu lors du retour d'Italie : de la Vénétie jusque dans la Somme, ce sont près de 1 400 km qui sont effectués en trois jours (par train principalement, terminés par une marche pénible sous la pluie et sur des routes défoncées).

Voici ce que cela donne sur une carte :


 Bref, en 4 ans de guerre, Jean-François en a fait du chemin !

 

vendredi 4 février 2022

#52Ancestors - 5 - Pierre de Sales

 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 5 : Jusqu'où s'étend votre généalogie ?

Une infographie valant mieux qu'un long discours, voici une présentation des limites de ma généalogie.



vendredi 28 janvier 2022

#52Ancestors - 4 - François Dubois

 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 4 : Une curiosité de votre généalogie 

Le sixième jour de juillet 1728 François Dubois épouse Marie Dumoulin à Echemiré (Maine et Loire). Apparemment rien d’extraordinaire dans ce mariage : les bans ont été publiés par trois dimanches consécutifs en l’église de la paroisse (celle du jeune homme) et en celle de Cheviré, la paroisse de la jeune fille. Le curé ne mentionne aucun empêchement : on suppose qu’il n’y a pas eu d’obstacle à cette union.

Les fiançailles ont été faites le jour même : c’est peut-être la seule bizarrerie qui ressort de cet acte.


 

François est le fils d’un autre François Dubois et de défunte Jeanne Daviau. Marie est fille de défunt Pierre Dumoulin et de Michelle Allory. Les deux parents survivants sont présents et consentants à cette union.

Mais ce que ne dit pas cet acte de mariage c’est que François Dubois père et Michelle Allory sont… mariés !

Arbre François Dubois / Michelle Allory
(cliquez pour agrandir)


En effet François père avait épousé Jeanne Daviau en 1697 à Jarzé. De cette union sont nés au moins 9 enfants. 5 de ces enfants n’ont pas vécu plus de 13 mois. Deux sont mêmes mort-nés, dont le denier de la fratrie (qui se prénommait aussi François comme son père et son frère aîné). Malheureusement Jeanne n’a pas survécu à cette dernière naissance : elle est décédée de suites de couches trois jours plus tard, en avril 1711. François a alors 48 ans et père de trois enfants âgés de 10, 8 et 2 ans. Il est bêcheur, un ouvrier agricole sans terre.

 

Michelle Allory, de son côté, avait épousé Pierre Dumoulin en 1703. Lui aussi était bêcheur, à Clefs (à un peu moins de 20km de Jarzé). Ensemble ils ont eu deux filles, mais seule l’aînée, Marie, a survécu. Pierre est décédé en 1709. Que fait Michelle, veuve de 30 ans et mère d’une petite fille de près de 4 ans ? L’histoire ne le dit pas, mais ce qui est sûr c’est que 2 ans plus tard, en 1711, elle demeure à Echemiré, la paroisse voisine de Jarzé…

 

Quand se sont-ils rencontrés ? Où ? Je l’ignore. Mais moins de deux mois après le décès de Jeanne, François épouse Michelle ! François décroche d’ailleurs le record du veuvage le plus court de ma généalogie. 5 enfants viendront par la suite agrandir la fratrie recomposée.

 

C’est ainsi que la petite Marie, 6 ans, va faire la connaissance de François, 12 ans. Ils vont grandir côte à côte, apprenant à se connaître comme frère et sœur. Et puis leur relation va évoluer et en 1728 on les retrouve devant l’autel.

 

Deux ans plus tard, en 1730, lorsque naît leur premier-né (baptisé François évidemment), le vicaire de la paroisse aura davantage de mémoire que le curé en 1728. En effet, les parrain et marraine de l’enfant sont ses grands-parents, François Dubois et Michelle Allory « femme dudit Dubois ».



vendredi 21 janvier 2022

#52Ancestors - 3 - Honoré Lejard

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 3 : Photo favorite 


Les photos de noces font partie de mes photos favorites. Ainsi la photo du mariage d’Honoré Lejard.

"1900, noces angevines" © Coll. personnelle

 

Ce cliché est issu de l’album réuni par mon grand-père Astié. Il couvre une période allant de 1871 à 1986.

 

En page 4 de cet album on trouve cette photographie légendée « 1900, noces angevines dans notre famille ». Seules trois personnes sont identifiées : Les parents du marié, Honoré Lejard et Louise Châtelain, et (par extension) le marié lui-même, prénommé Honoré comme son père.

 

Cet Honoré Lejard père est le grand-père maternel de mon grand-père Astié (mon sosa 18). Il est né en 1838 au Plessis-Grammoire (Maine et Loire). Il a épousé en première noce Marie Bienvenu, en 1863, dont il a eu trois fils. Seul l’ainé aura une postérité, les deux cadets étant décédés dans la vingtaine. La femme à côté de lui est en fait sa seconde épouse, Louise Châtelain.

 

Les Lejard sont les spécialistes du déménagement : il est très difficile de les retrouver, de génération en génération, voire même au cours d’une seule vie. Ainsi pour Honoré père j’ai recensé des domiciles dans 6 communes différentes. De ce fait, j’ai eu un peu de mal à trouver le mariage d’Honoré fils. Je l’ai finalement déniché à Sarrigné… en 1893. La photo est donc un peu plus vieille qu’estimée.

 

La noce se passe à la mi-janvier. C’est l’une des deux périodes privilégiées pour se marier : janvier-février et juin-juillet ; on évite ainsi les périodes de gros travaux des champs et les divers interdits religieux. On remarque d’ailleurs des vêtements assez couvrants, sans doute dus à la fraicheur du climat hivernal : les noceux se sont pouillancés (vêtus chaudement).

 

Honoré fils épouse une Marie Châtelain. Elle porte le même patronyme que la belle-mère d’Honoré, mais ne semble pas appartenir à la même famille. Le marié est alors âgé de 25 ans. Si en 1887 il a été désigné propre au service militaire, il a finalement été réformé en 1889 pour varices volumineuses à la jambe droite. En 1893 il est meunier à Brain sur l’Authion.

Il porte les grandes moustaches caractéristiques de cette époque (comme la très grande majorité des hommes sur le cliché). La pilosité faciale est alors vue comme un signe de virilité et de puissance. Mais attention : si vous portez la moustache il faut qu’elle soit bien taillée et entretenue, cela prouve que vous contrôlez l’animalité qui est en vous. Pommades et cires permet de leur donner une jolie forme. L’engouement pour la moustache dans la deuxième partie du XIXème est impulsé par Napoléon III. Symbole d’autorité elle est obligatoire chez les gendarmes, mais interdite aux garçons de café qui ne sont que des serviteurs. Cette mode passera avec la Première Guerre Mondiale (pas facile d’entretenir ses favoris quand on est dans la boue du matin au soir). Peu à peu, le symbole d’autorité de la moustache se transforme en marque de despotisme (Staline, Hitler…) : on se rase alors la moustache massivement à partir des années 1950.Avant d’en arriver là, il va de soit que différentes modes et tailles se sont succédées. Pour en revenir à nos moustachus, la majorité porte une moustache de style « morse », c'est-à-dire avec des poils assez longs, s’affaissant vers le bas et couvrant légèrement la bouche.



Le nocial du marié (vêtement de noce) est composé d’un costume noir. Il semble porter une cravate blanche (ou est-ce le col de sa chemine ? On ne voit pas bien). Dans sa main droite on distingue un chapeau haut de forme.


La mariée a 18 ans. Elle est issue d’une famille de cultivateurs de Sarrigné. Elle porte une robe noire. Un fichu blanc en dentelle vient agrémenter la robe. A cette époque les robes de mariée étaient réalisée en tissus noir : c’est une robe faite pour durer, elle devenait ensuite « la robe du dimanche ». Le jour de la noce on peut éventuellement l’agrémenter, comme ici avec le châle. Marie tient dans sa main gauche un bouquet rond. Une broche en forme de fleur décore son col. Et bien sûr elle porte la coiffe angevine caractéristique à tuyaux (pour en savoir plus sur les coiffes angevines, voir l’article Les coiffes de nos grands-mères).

 

A droite du marié se trouve la place traditionnelle des parents. Mais sa mère est décédée en 1882. Ce n’est donc pas Marie Bienvenu qui se trouve à la droite du marié, mais sa belle-mère, Louise Châtelain. En effet Honoré père s’est remarié en 1883. Louise a alors 36 ans. Elle porte elle aussi une robe sombre, sous lequel on devine des manches blanche. Elle porte au col un foulard à pompons. Sur sa tête une très jolie coiffe en dentelle surmonté d’un gros nœud porté en diadème.

A ses côtés Honoré père. Il est cultivateur à Corzé au moment du mariage de son fils. Il a 55 ans. Il est revêtu d’un costume sombre, une chemise blanche et une cravate. Sur ses genoux il tient un chapeau haut de forme similaire à celui de son fils.


A côté de la mariée sont sans doute ses parents. André son père, cultivateur à Sarrigné âgé de 54 ans, et Louise Désirée Lemet, sa mère, âgée de 52 ans. Lui porte un costume sombre avec un gilet. Elle porte une robe sombre sur une chemise blanche, un ample devantiau (tablier). Ses épaules sont couvertes d’une veste ou un châle sombre. Elle porte des gants sombres. Sa coiffe est moins développée que les précédentes : on y voit ni dentelle tuyautée ni nœud volumineux.


Au-delà se trouve deux enfants. La jeune fille pourrait correspondre à Lucie Châtelain, la jeune sœur de la mariée âgée de 11 ans. Et peut-être est-ce Auguste qui se tient au bout de la rangée. Le frère de Marie serait alors âgé de 7 ans.

 

Parmi les témoins figurent Pierre Lescieux, beau-frère de Marie, époux de sa sœur Louise, et André son frère aîné. Ce sont peut-être les jeunes gens assis derrière la mariée.


Du côté d’Honoré, l’identification est plus délicate. Son premier frère Louis est déjà décédé. Le second, Léon, est en attente de son affectation militaire (dont il ne reviendra pas) dans un bataillon de chasseurs à pied. Du second lit de son père sont issus plusieurs enfants : Jean Baptiste, âgé de 10 ans au moment de ce mariage, Louise (mon ancêtre), âgée de 5 ans, et Célestine, 2 ans. Ces enfants ne semblent pas avoir assisté à la noce.

Les témoins d’Honoré sont deux amis, tous deux meuniers. Est-ce l’un d’eux qui se tient derrière les parents du marié, habillé d’un grand tablier blanc ?


Je ne suis pas capable d’identifier précisément les autres personnes de la noce. On distingue toutefois deux personnages caractéristiques :

- un violoneux. Joueur de violon qui ne maîtrise pas forcément le solfège, mais joue à l’oreille des airs qui se transmettent oralement. Il accompagne la noce depuis le matin, où il est allé « chercher » la fiancé à son domicile, a donné le signal du départ du convoi vers la mairie et l’église et fait danser tous les « nociers » jusqu’à une heure tardive de la nuit.


- un beau militaire en dolman à la hussarde et casquette à plumeau. Difficile de déterminer son affectation précise, malheureusement, car la photo est trop floue.

 

On remarque que plusieurs hommes arborent une cigarette à la main. Si jusqu’au XIXème on préférait priser le tabac, à partir de 1830 se diffuse la cigarette, petit rouleau de tabac rapporté d’Espagne par l’armée de Napoléon Ier. Tabac et papier était alors vendus séparément et les cigarettes roulées manuellement. Cependant, la pipe garde la faveur des fumeurs jusque dans les années 1870. Ce n’est qu’à la fin du XIXème que l’industrialisation permet la fabrication de cigarettes industrielles et la démocratisation du petit rouleau.


La majorité des femmes portent la coiffe angevine. On remarque notamment quelques modèles dits des Pont de Cé (localité proche de Sarrigné), comme celui que porte la mère du marié.


On notera le geste original des deux couples en haut à droite de l’image : les garçons tiennent la main bien haut de leurs compagnes.


La photo a sans doute été prise dans une cour de ferme : on distingue une longue échelle fixée sur le mur à l’horizontale sous la toiture. C’est probablement la ferme de la mariée puisque ses parents sont cultivateurs.

Après ce mariage Honoré disparaît : je ne le retrouve que, brièvement, 5 ans plus tard à Beaufort en Vallée lors de la naissance de son fils. 

Mais ce jour de noce a laissé un souvenir dans l'album familial...


vendredi 14 janvier 2022

#52Ancestors - 2 - Aymée Perroud

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 2 : Découverte favorite 

Ma découverte favorite, c’est ce que j’appelle « le nid d’ancêtres ». Lorsque pendant longtemps, une branche s’est trouvée bloquée et qu'enfin, la recherche se trouve relancée (par une alerte automatique de Geneanet par exemple).

Ce fut le cas avec Aymée Perroux. Je ne la connaissais que par la naissance de ses enfants. Je savais qu’elle était l’épouse de Jean Pierre Perriere, maître cordonnier à Anthy (Haute Savoie) à la charnière des XVIIème et XVIIIème siècles. Un arbre en ligne mentionnait sa parenté mais trop peu de sources permettaient de s’en assurer.

C’est là que la quête commence. Pourquoi Jean est-il indiqué comme père d’Aymée ? Comment sa mère et son grand-père sont-ils connus ? Les registres paroissiaux sont lacunaires, il faut se tourner vers les actes notariés. Enfin un contrat de mariage est trouvé : en octobre 1697 Aymée et Jean Pierre se promettent l’un à l’autre. Les pièces du puzzle commencent à s’emboîter. Le nom d’Aymée s’orthographie Perroud. C’est la graphie que j’adopte désormais : selon mon habitude, je privilégie l’orthographe trouvée du vivant de la personne. Je garde en note que la forme Perroux existe dans certains actes, mais je corrige le nom dans mon logiciel.

Le contrat de mariage est en partie filiatif : Jean est bien le père d’Aymée. Nouvelle pièce du puzzle.

D’après ce document, l’identité de sa mère n’est pas connue. Comment prouver que Jeanne Françoise Voguet, citée dans un arbre en ligne, est bien celle qui a donné naissance à Aymée ? Je traque sa piste dans la fratrie d’Aymée. Je navigue dans les registres paroissiaux, parfois en latin, parfois lacunaires. Un mariage entre Jean Perroud et Jeanne est trouvé. Elle est dite fille de Philibert : ainsi l’identité du grand-père d’Aymée serait connue. De là je déroule la fratrie. Des frères et sœurs sont trouvés, mais ils restent à l’état de probabilité : tant que je n’ai pas sous les yeux  un lien officiel entre Jeanne et Aymée, je ne les adopte pas (encore). Mais ce Jean Perroud est-il bien "mon" Jean ou un homonyme ? Jeanne Françoise est-elle la mère d’Aymée ou une autre épouse de Jean ? La naissance d’Aymée m’échappe encore.

C’est finalement dans les actes notariés que je trouve ma preuve irréfutable : une procuration, passée en 1703 devant un notaire de Thonon par une Jeanne malade, est donnée à son gendre Jean Pierre Perriere.

Je peux donc officialiser :

- Jean Perroud, père d’Aymée,

- Jeanne Françoise Voguet, sa mère,

- Jacques, Claudine, Claude et Charlotte, ses frères et sœurs,

- Philibert Voguet, son grand-père.

 

Pixabay

C’est ainsi que j’ai trouvé un « nid d’ancêtres », une famille sur trois générations, une demi-douzaine d’individus supplémentaires. J’ai navigué d’Anthy à Allinges, berceau de la famille d’Aymé. J’ai complété le cadre familial de mon aïeule. Et grâce aux différents documents notariés trouvés pendant ma quête, j’ai reconstitué des petits fragments de vie (acquisitions, quittances), des proches qui ont compté dans sa vie.

 

 

vendredi 7 janvier 2022

#52Ancestors - 1 - Grand-père Astié

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 1 : Quelles sont les bases de votre généalogie ? Quel est votre point de départ ? Sur quoi vous appuyez-vous ? 


L’arbre dessiné par mon grand-père paternel fut le déclencheur. Il résultait de ses recherches menées sur sa branche agnatique et sur celle de son épouse.
Du côté paternel cet arbre plongeait ses racines à Conques, en Aveyron, vers 1740.
Du côté maternel il avait poussé depuis Le Poizat/Lalleyriat, dans l’Ain, vers 1660.
Les eux branches matrilinéaires n’avaient que peu été explorées. 


Arbre dessiné par grand-père Astié


C’est à partir de ces recherches que j’ai attrapé le virus de la généalogie, il y a une vingtaine d’années. 31 noms soigneusement calligraphiés à l’encre de Chine sur un arbre dessiné par mon grand-père. Le goût de l’Histoire (la « grande », ma formation première), des histoires (les « petites ») et de la quête ont sans doute fait le reste.

J’ai développé les branches qui ne l’étaient pas, élargi le champ des recherches à ma propre branche maternelle, plongé plus profondément encore que ne l’avait fait mon grand-père. Les recherches menées par d’autres membres de la famille (la tante Michelle, la cousine Bernadette) sont venues grossir le ruisseau de mes ancêtres – qu’elles en soient remerciées. 

Il va de soit que c’est grâce à la mise en ligne des fonds des archives départementales que j’ai pu explorer la vie des mes ancêtres. En effet, je n’ai aucune famille dans la région où je demeure et le fait d’avoir pu consulter ces fonds à distance m’a permis de progresser dans ma généalogie sans contrainte. Bien sûr, le revers de la médaille est que je suis dépendante de ces recherches en ligne : mon arbre se développe donc au rythme des numérisations, de la facilité (ou pas) d’utilisation desdits sites, des solutions techniques adoptées. Il est ainsi moins développé dans les départements où les visionneuses sont difficiles à utiliser, où les fonds en ligne sont moins riches. Et inversement. 

Aujourd’hui je compte 11 680 ancêtres (directs et collatéraux), 12 459 événements, 388 lieux répartis sur quatre pays (principalement la France et la Suisse), 18 régions, 37 départements français. 

Et c’est autant d’histoires, de fragments de vie, de joies et de drames qui me sont murmurés par mes ancêtres. Et que je vous fais partager à mon tour, grâce à ce blog. 

Mon seul regret est que mon grand-père ne soit plus là pour en discuter avec lui…


mardi 30 novembre 2021

Z comme Zieuter

   - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Si vous m’avez suivie jusque là, vous aurez constaté que j’ai bien tout zieuté ces archives concernant mes ancêtres et que j’ai fait plein de découvertes. Parfois surprenantes, d’autres fois un peu tristes (beaucoup d’objets sont dits « uzés » et de piètre qualité, reflétant un niveau de vie bien peu élevé).


© livresetscience.com


C'est tout un monde qui s'est révélé au travers de ces archives notariales: mobiliers, outils, vêtements et volontés diverses.

Peut-être que certains de ces objets ont fait écho aux possessions de vos propres ancêtres, si vous êtes familiers de ces documents.

Si ce n'est pas le cas, j’espère que je vous aurais donné envie à votre tour d’aller zieuter hors des chemins battus, ceux du classique état civil. Explorez les fonds notariaux des archives départementales (sur place ou en ligne). N’hésitez plus !

Si l’écriture des notaires vous fait un peu peur, n’oubliez pas que l’entraide est toujours possible, notamment sur les réseaux sociaux où vous trouverez toujours un accueil bienveillant ; et puis bon, au pire, si quelques mot vous résistent et que vous ne savez pas ce qu’est une coquonière de gueuse : moi non plus et alors ?

Cela ne m’a pas empêché de soulever le linceul* et de découvrir les détails insoupçonnés dans ce bâtiment particulier qu’est le grenier savoyard où j’ai découvert une paire de gamache*, un pochon*, une braye*, quelques patagons*, etc…

Et si vous ne comprenez pas cette phrase ou si vous ne vous souvenez pas de ces définitions, mettez la page Lexique de ce blog dans vos favoris ;-)

Bonnes découvertes à toutes et à tous.

 

lundi 29 novembre 2021

Y comme Yoyoter

    - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Yoyoter, pour ceux qui ne serait pas familier de ce verbe, c’est divaguer, raconter n’importe quoi.


© arcadefever.fr


Bien souvent, en tentant de déchiffrer les actes notariaux je me suis dit que mes ancêtres yoyotaient. En fait - il faut bien l’avouer - c’était simplement moi qui n’arrivais pas à lire l’écriture du notaire ! Mais quand même, de temps en temps, j’ai été bien surprise en lisant certains actes.

 

Ainsi lorsque je déchiffrais au milieu d’une liste (à but fiscal, donc tout à fait sérieuse) recensant les différents membres d’une famille de mes ancêtres la mention « sale un cochon », j’ai été quelque peu déstabilisée. « Mais ils yoyotent ! ». J’ai relu plusieurs fois, mais c’était bien ça. Et oui, dans les archives on peut apprendre, avec surprise, que nos ancêtres salaient des cochons.

On remarquera au passage que jamais, au grand jamais, les cochons n’étaient recensés dans les documents notariés que je possédais jusque là !

Il m’a fallu un certain temps pour faire le lien entre la liste et le cochon : en effet j’étais en train de transcrire une liste dressée en vue du paiement de la gabelle, un impôt perçu sur le sel. Donc, celui qui sale un cochon (ou plusieurs) payait davantage que ceux qui n’en salait pas.

 

Finalement, ils ne yoyotaient pas tant que ça (bien sûr !).

 

 

Source : gabelle du sel pour Vulliez Louise Françoise, de 1779 à 1787 (Samoëns, Haute-Savoie)

 

samedi 27 novembre 2021

X comme Inconnus ou illisibles

  - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Certains objets ont été difficilement lus (et donc peut-être mal transcris) et d'autres sont restés totalement inconnus.


Musée Cognac © al.deliquet.free.fr

 

-         "un brochoir [ ?] avec ses textilles [ ?] asses bonnes,

-          un couloir a lait

-          une patiere plus de moitié uzée, une autre patiere de sappin

-          un bavoir [ ?]

-          Une maconaise vuide [vide ?]

-          Un president de lict [= lit]

-          un petit redressoir avec son basset deux portes fermant a clef de sappin

-          un capat sellon la condition de ladites filles de la maison dou elle part et celle ou elle vat [vient après l’habit de noce : est-ce une cape ?]

-          trois carrere de maisons haut et bas avec ses yssues  de devant et derniere a icelles maisons appartenant

-          une carrée de maison servant de chauffepied par le milieu, rues et issues derrière;

-          trois carrée de maisons logis servants de granges étable et cellier issues devant et derrière aves la masure y joignant

-          trois carree de maison hault et bas avecq ladite issue de devant et derriere a icelle maison apartenant avecq une portion de terre plantée et jardin darbres et un champ

-          la moitié de la maison manable* servant de grange rues et issues devant [résolu]

-          une casse d’eau de cuivre,

-          quatre ficheux de soye et deux toyle de coton avec deux moitie de soye et moitie fleur [= fichus ou mouchoir ?]

-          une chaudiere de cuivre tenant environ deux sceaux, une autre chaudiere de cuivre tenant environ un sceau, une autre chaudiere tenant environ demy sceau

-          deux pots a feu de gueuse,

-          un pot a feu de gueuse tenant environ trois pots

-          une coquoniere de gueuse tenant environ un pot

-          un bronzier de gueuse tenant environ deux pots,

-          une petite montagne* lieudit a la bottiere paroisse de samoën [résolu]

-          un putrissoir,

-          une table à couper les herbes avec le couteau,

-          demi douzaine de four echelles,

-          une coconiere,

-          une loge à boure

-          un tournier

-          une petitte bode"

 

Si quelqu’un a connaissance de l’un de ces objets ou mention, merci de me le faire savoir…

 

Sources : Inventaire Buffard Jean, 1707 (Ardon, Ain), Inventaire Janvion Claude, 1796 (Lalleyriat, Ain), Testament Assumel Lurdin Claude, 1777 (Le Poizat, Ain), Contrat de mariage Barberel Jacques, 1658 (La Sauvagère, Orne), Contrat de mariage Guibé Noël, 1729 (La Coulonche, Orne), Contrat de mariage Langlois Charles, 1708 (La Coulonche, Orne), Donation Huet Barbe, 1645 (La Sauvagère, Orne), Succession Bidault Richard, 1671 (La Coulonche, Orne),  Testament Seraie Marie, 1658 (La Sauvagère, Orne), Contrat de mariage Baud Claudy, 1708 (Morzine, Haute-Savoie), Contrat de mariage Moccand Pierre Joseph, 1755 (Samoëns, Haute-Savoie), Codicille et inventaire de Michaud Jean, 1722 (Morillon, Haute-Savoie), Inventaire Moccand Jean, 1739 (Samoëns, Haute-Savoie), Inventaire Moccand Pierre Joseph, 1771 (Samoëns, Haute-Savoie), Inventaire Guilliot Nicolas, 1767 (Samoëns, Haute-Savoie), Inventaire Guilliot Nicolas, 1767 (Samoëns, Haute-Savoie), Testament Anthoine Henry et son épouse, 1727 (Morillon, Haute-Savoie), Testament Bel François, 1773 (Taninges, Haute-Savoie), ), Partage entre les frères Robin, fils d’Alexandre Pierre, 1782 (Les Epesses, Vendée), Vente Caillaud Pierre, 1759 (La Verrie, Vendée)

 

 

vendredi 26 novembre 2021

W comme Warning

  - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Les warning sont des feux de détresse. On les allume lorsqu’il y a danger (ou lorsqu’on ressent la possibilité d’un danger). C’est ce qu’ont perçu plusieurs de mes ancêtres : danger de mourir sans avoir laissé ses affaires en bon ordre - mourir « ab intestat », c'est-à-dire sans avoir fait rédiger son testament. Les warning s’allument en général lorsqu’on est malade.


© sebsauvage.net


- lequel etant detenu malade dans son lit depuis hier

- laquelle se trouvant detenue malade dans son lict de sadite maison de beval considerant qua cause de sa longue […?] elle nespera longuement vivre en ce monde

- lequel estan couché [ ?] dans un lit malade depuis quelques temps dans laquelle icelle maison

- laquelle de gré saine de ses sens, memoyre et entendement, touttefois allitée de maladie corporelle, considérant l’incertitude de l’heure de la mort assurée à touttes créatures vivante pour n’en estre prévenue auparavant que d’avoir preveu au salut  de son ame et disposé des biens qu’il a pleu à Dieu luy donner en ce monde, a faict  et faict par cette son Testament

- détenu malade de corps dans son lit de la cuisine de la maison située audit lieu

- detenu malade de corps d'une jaunisse auprès du feu de la cuisine de sa maison audit lieu du Poisat

 

Parfois il était bien temps d’allumer les warning (2 jours avant le décès, pour le délai le plus court), et de faire venir notaire et témoins. D’autres fois le souffreteux s'est remis et a continué sa vie plusieurs années encore, bien qu’on ne sache pas toujours s’il fut complètement guéri ou s’il dut rester alité tout ce temps (17 ans est le record de longévité entre la rédaction du testament et la date du décès). 

On appréciera au passage, de temps à autres, le détail du lieu où se situe le lit du patient, voire de la maladie elle-même qui est citée.

 

Sources : Testament Gras Claude, 1756 (Montanges, Ain), Testament Molinier Antoinette, 1694 (Mousset, Aveyron), Testament Jacquiot Bernard, 1689 (Montanges, Ain), Testament Robin Clauda, 1691 (Montanges, Ain), Testament Assumel Pierre François, 1781 (Le Poizat, Ain), Testament Assumel Lurdin Claude, 1777 (Le Poizat, Ain),

 

 

jeudi 25 novembre 2021

V comme Veaux, vaches et pas de cochon

    - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Les animaux font partie des biens de la maison, et sont recensés comme tels… avec parfois des expressions légèrement surprenantes pour nos oreilles modernes…

 

© delcampe.fr

 

-          "une brebis garnyes,

-          [une] vache [donnée] lannee dappres et [la] chevre se delivrerat le lendemain de la sellebration des nopces

-          quatre bouefs poil rouge deux étant âagés de cinq ans et les autres deux petits aagés de trois ans,

-          cinq vaches meres touttes de poil rouge deux des six veaux,

-          une genisse de deux ans mesme poil,

-          trois veaux d’un an aussy poil rouge, l’un masle et les autres deux femelles,

-          neuf chevres meres poil blanc, trois petis chevrost d’un an mesme poil

-          trois brebis laine noire et les autres deux blanches

-          une vache provenant de son dot et mariage

-          deux veaux de laict, et deux chevrot de laict,

-          une vache aagée de six ans poil fromain et un tourau de deux ans mesme poil et un autre au poil blanc

-          demi douzaine tant moutons que brebis estimés le tout douze livres

-          deux brebis suivies de leurs agneaux et une chevre

-          legue de plus audit pierre martin deux ruches a miel a prendre comme dessus dans lan de son mariage

-          deux vaches pleines ou les veau apres elles

-          un torreau ou noge sous poil roux

-          une tore ou nogesse, même poil"

 

Source : Contrat de mariage Cochet Maurice, 1701 (Martignat, Ain), Contrat de mariage Pinard Claude, 1694 (Lalleyriat, Ain), Inventaire Buffard Jean, 1707 (Ardon, Ain), Testaments Janin Aimé, 1700 et 1710 (Lalleyriat, Ain), Testament Rey Anne, 1734 (Montréal la Cluse, Ain), Testament Assumel Lurdin Claude, 1777 (Le Poizat, Ain), Contrat de mariage Astié Jean, 1694 (Conques, Aveyron), Testament Martin Geraud, 1725 (Conques, Aveyron), Contrat de mariage Gautier Michel, 1693 (Saint Maurice du Désert, Orne), Vente Caillaud Pierre, 1759 (La Verrie, Vendée)