« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 26 novembre 2021

W comme Warning

  - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Les warning sont des feux de détresse. On les allume lorsqu’il y a danger (ou lorsqu’on ressent la possibilité d’un danger). C’est ce qu’ont perçu plusieurs de mes ancêtres : danger de mourir sans avoir laissé ses affaires en bon ordre - mourir « ab intestat », c'est-à-dire sans avoir fait rédiger son testament. Les warning s’allument en général lorsqu’on est malade.


© sebsauvage.net


- lequel etant detenu malade dans son lit depuis hier

- laquelle se trouvant detenue malade dans son lict de sadite maison de beval considerant qua cause de sa longue […?] elle nespera longuement vivre en ce monde

- lequel estan couché [ ?] dans un lit malade depuis quelques temps dans laquelle icelle maison

- laquelle de gré saine de ses sens, memoyre et entendement, touttefois allitée de maladie corporelle, considérant l’incertitude de l’heure de la mort assurée à touttes créatures vivante pour n’en estre prévenue auparavant que d’avoir preveu au salut  de son ame et disposé des biens qu’il a pleu à Dieu luy donner en ce monde, a faict  et faict par cette son Testament

- détenu malade de corps dans son lit de la cuisine de la maison située audit lieu

- detenu malade de corps d'une jaunisse auprès du feu de la cuisine de sa maison audit lieu du Poisat

 

Parfois il était bien temps d’allumer les warning (2 jours avant le décès, pour le délai le plus court), et de faire venir notaire et témoins. D’autres fois le souffreteux s'est remis et a continué sa vie plusieurs années encore, bien qu’on ne sache pas toujours s’il fut complètement guéri ou s’il dut rester alité tout ce temps (17 ans est le record de longévité entre la rédaction du testament et la date du décès). 

On appréciera au passage, de temps à autres, le détail du lieu où se situe le lit du patient, voire de la maladie elle-même qui est citée.

 

Sources : Testament Gras Claude, 1756 (Montanges, Ain), Testament Molinier Antoinette, 1694 (Mousset, Aveyron), Testament Jacquiot Bernard, 1689 (Montanges, Ain), Testament Robin Clauda, 1691 (Montanges, Ain), Testament Assumel Pierre François, 1781 (Le Poizat, Ain), Testament Assumel Lurdin Claude, 1777 (Le Poizat, Ain),

 

 

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