« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mercredi 3 novembre 2021

C comme Courtils, jardins et pièces de terre

 - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

Beaucoup de mes ancêtres vivaient à la campagne et possédaient des terres, du simple jardin entourant la maison à la véritable « propriété agricole ». 

 

© alsagarden.com

 

La nature des terres ou de leurs cultures est précisée. Souvent ces terres ont des noms, qui sont dûment mentionnés.

A l’époque où le cadastre n’existait pas, il n'était pas toujours simple de situer les parcelles. Pour cela on s'aide comme on peut : dans les petites paroisses où tout le monde se connaît, ce peut être « à côté de la terre de M. Untel ». Les points de repère géographiques sont toujours utiles : « le long du chemin menant à… », « vers la rivière », le nom d’un lieu-dit parfois, etc… A défaut, on situe les points cardinaux ; cependant, comme j’ai mis longtemps à la comprendre, on ne les appelaient pas Nord, Ouest, etc… mais plutôt « du levant/du couchant » (à l’Est/à l’Ouest)… ou plus poétiquement « du côté de bize » (=d’où vient le vent de « bise », c'est-à-dire le vent du Nord), ou « du matin/du soir » (= à l’Est/à l’Ouest, là où le soleil se lève/se couche). Chaque région ayant ses dénominations particulières.

De même, les surfaces sont exprimées en mesures anciennes : journal*, sétérée… Ce qui donne :

-          une petitte piece de pré nue […] ditte de la bachair et touche le pré dudit Laurent Buffard du levant et celluy de Claude Buffard Bon Garçon du couchant

-          une petitte piece de pré ditte sous la maison [située à côté de la] terre dudit défunget du levant [et de celle de] pierre buffard « bon garçon » frere du soir

-          au lieu de la pluitiere quatre scytere [= sétérée ?] de pré avec les deux parties d’un fenier lesquelles se confinent aux paquerage de laurent [… ?]

-          [autour d’une] maison une petitte piece des pres clos appellé le verger et se confine le tout au pré de laurent buffard du mattin et les curtil, et pre de gabriel clementain du soir

-          une piece de terre avec une cheneviere y jointe contenant en tout trois journeaux

-          piece de terre, chenevieres, pré, lopin, courtil

-          une piece de pré contenant environ deux sestiers

-          bernard viguier maitre serrurier de la ville de conques oncle dudit bernard futur epoux lequel en faveur dudit mariage a donné et donne audit raoul son neveu […] un ses biens chastaignal

-          une portion de terre plantées d’arbres le tout en un tenant [et une autre] servant de jardin

-          une portion de jardin à herbe

-          la moitié d’une pièce de terre labourable

-          une portion de terre plantée d’arbres, sur laquelle il y a un four bâti

-          un grangeage [= synonyme de métayage]

-          un journal de terre [= terre que l’on peut travailler en un jour]

-          une joux [= forêt] contenant environ trois jointes [= demi ou tiers de journal]

-          un grangeage sittué au champs dernier […] consistant en une maison neuve grenier neuf contant ledit grangeage des champs dernier environ huit journaux de terre en cinq piece de terre

 

Unique dans les documents en ma possession : les droits d’eau

-          Pareillement convenus entre les copartageants que l’eau sera entreux partagée tant celle pluvialles que tombent dans les rües du coudrais, et qui coullent dans leurs jardins, que celle des pres, scavoir le premier lot aura le lundy, mardy le second le mercredy et jeudy, et le troisieme lot le vendredy et samedy le tout chaque semayne, et quent aux jours de dimanche elle sera egallement partagée entre les parties de trois dimanche un a la rezerve

 

 

Sources : Inventaire Buffard Jean, 1707 (Ardon, Ain), Testament Alhumbert Blaise, 1707 (Lalleyriat, Ain), Testament Marion Nicolas, 1688 (Saint-Germain-de-Joux, Ain), Contrat de mariage Raouls Bernard, 1688 (Villecomtal, Aveyron), Donation Huet Barbe, 1645 (La Sauvagère, Orne), Succession Bidault Richard, 1671 (La Coulonche, Orne), Contrat de mariage Guilliot Nicolas, 1716 (Samoëns, Haute-Savoie), Codicille et inventaire de Michaud Jean, 1722 (Morillon, Haute-Savoie), Testament Anthoine Henry et son épouse, 1727 (Morillon, Haute-Savoie), Partage entre les frères Robin, fils d’Alexandre Pierre, 1782 (Les Epesses, Vendée)

 

* Un mot de vocabulaire vous paraît obscur ? Rendez-vous sur la page lexique de ce blog !

 

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