Les avez-vous remarquées sur vos clichés familiaux ? Attentifs aux visages, on ne fait pas forcément attention aux vêtements. Et pourtant...
On considère généralement qu'à partir du XIVème siècle apparaît le costume dit "personnalisé". On voit une différenciation des vêtements masculins et féminins, mais aussi des particularités régionales.
Au sein d'une même région, on distingue des différences notables dans le costume traditionnel. Par exemple, on ne peut pas parler "du costume breton" mais "des costumes bretons" tellement il existe de variantes, en particulier au niveau des coiffes. Si les techniques, comme le point de chaînette, sont les mêmes partout,
chaque pays, chaque localité possède son propre style et ses propres
motifs.
On a ainsi compté
plus de soixante modes féminines différentes en Bretagne. Les couleurs,
les broderies, les types de vêtements, les accessoires… Autant
d’éléments qui distinguent une mode d’une autre.
Ces différences géographiques s’accompagnent d’évolutions dans le temps.
De 1850 à 1950, les costumes ne sont pas restés figés et chaque
génération apporte des changements aux modes précédentes. Par ailleurs, il
faut différencier les costumes portés le dimanche ou lors de
cérémonie, du vêtement de travail. De la même manière, on distingue la coiffe usuelle, que l'on porte quotidiennement, de celle des jours de fête.
En Vendée c'est à l'éventaire du colporteur, puis plus tard auprès du mercier ambulant lors des grandes foires, que les paysannes vont trouver les éléments du trousseau qu'elles vont confectionner, ainsi que les éléments de la coiffe qu'elles fourniront ensuite à la lingère pour qu'elle la leur réalise.
Durant tout le XIXème siècle, vont naître de nombreux "grands magasins" qui proposeront leurs produits sur leurs catalogues. Désormais, les femmes choisissent tranquillement chez elles parmi une offre très vaste, tous les articles de mercerie nécessaires à la confection de leur coiffe, ainsi que leurs bonnets pour leur usage quotidien.
Parmi les différents éléments du costume, la coiffe possède une connotation particulière, une conscience sociale. On fait remonter son usage, telle que nous la connaissons, à la première moitié du XIVème siècle. Mais depuis toujours, la tradition judéo-chrétienne (et avant celles-ci les religions antiques) désirait soustraire du regard des hommes les chevelures féminines, sujets de leurs désirs irrépressibles. A la puberté, les jeunes femmes ont donc pris la précaution de se chapeauter et ne sortent plus "en cheveux". Les femmes du peuple se couvraient la tête avec simplicité, et les aristocrates avec plus de recherche. Simple voile, petit bonnet de coton, ou hennin sophistiqué, chaque femme, quelle que soit son appartenance sociale ou religieuse, se doit de couvrir ses cheveux.
Le costume féminin, et particulièrement la coiffe, continue d’exister jusqu’au milieu du XXème siècle, date à laquelle, progressivement, les modes citadines sont adoptées et les costumes abandonnés.
Les coiffes sont des objets à la fois très précaires et porteurs d'une multiple mémoire. Précaires par la fragilité du tissu, de leur montage, leur légèreté ... Mais objets tenaces aussi, porteur d'histoires, des vies paysannes, des identités, des grands moments de l'existence (mariage, cérémonie, morts des proches...).
La coiffe paysanne consiste le plus souvent en une pièce de tissu simplement nouée et drapée autour de la tête. La forme évolue au cours des siècles, tant dans le volume que dans l'ornement. Mais au début du XIXème siècle, au simple rôle utilitaire que jouait le bonnet à la française porté par les paysannes, va se substituer un rôle essentiellement social. Le bonnet, se transformant en coiffe, va devenir le véritable signe d'identité de la femme du peuple. Cette évolution va débuter après la Restauration, vers 1815, et la guerre de 1914 en achèvera le déclin. L'heure de gloire des coiffes correspond aux heures de gloire de la paysannerie française.
Je n'ai malheureusement aucun cliché de mon aïeule bretonne, installée en Ile de France au tout début du XXème siècle. Et aucune coiffe savoyarde ou aveyronnaise ne figure sur les photos en ma possession.
Par contre, sur tous les clichés que je possèdent de mon arrière-arrière-grand-mère, Louise Chatelain, on la voit arborer la coiffe angevine.
Posée sur un bonnet de coton noir, la coiffe s’ajuste au moyen de deux lacets coulissants qui se croisent autour de la tête. Ils seront ensuite cachés par la passe du nœud. Ce dernier, en forme de grand papillon aux ailes déployées, est fixé à l’aide de deux grosses épingles à tête blanche au-dessus du front. De taille relativement modeste au temps des premières coiffes, le nœud va prendre beaucoup d’ampleur au fil du temps et se porter pointes en haut et parfois très relevé en diadème.
Le fond de coiffe est creusé et maintenu en forme grâce à un grand peigne piqué dans le chignon, évoquant ainsi l’arrière des barques de Loire, ce qui lui donne une allure tout à fait caractéristique dite vulgairement "en cul de poule".
Quant à mon arrière-grand-mère, Marie Benetreau (décédée en 1951), elle portait toujours la coiffe vendéenne, qu'elle amidonnait avec soin.
Les photos dont je dispose ne sont malheureusement pas assez nettes pour que je puisse distinguer précisément le type de coiffe qu'elle arbore, parmi les nombreuses coiffes vendéennes qui ont existé.
Supplanté par la puissante attraction de la mode internationale, le port du costume traditionnel est devenu anecdotique en France.
Son port est aussi directement proportionnel à la disparition de la
ruralité, de l'attachement au terroir et de l'isolement des campagnes.
Chargé toutefois toujours d'un puissant symbolisme, il est conservé surtout dans le domaine du folklore.
Sources : Wikipedia, S. Pacaud : Costumes et coiffes folkloriques des terroirs de France, Le costume breton (CG du Finistère), Amis du Musée des Coiffes, Coiffes sans visages (Parole et patrimoine),