« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

jeudi 16 juin 2016

#ChallengeAZ : N comme Né(e) dans la pourpre


NE(E) DANS LA POURPRE

Signification

Héritier royal.
Héritier d'une famille puissante et/ou riche.


N (Empereur Justinien, San Vitale de Ravenne) © wikipedia.org

Origine
 
Porphyrogénète est le terme scientifique. Ce n’est pas une insulte mais un vocable qui nous vient du grec et signifie donc « né dans la pourpre ».

En effet, ce qualificatif s'appliquait autrefois aux fils des empereurs byzantins. Il n'y avait pas de règle dans la succession impériale, mais les enfants de l'empereur étaient, du fait de leur filiation valant légitimité, à peu près assurés de monter sur le trône à la suite de leur père.

Mais si tout ceci suffit à dater approximativement l'expression avec son sens originel, cela n'en explique pas l'origine.
Eh bien elle nous vient simplement du fait que les femmes des empereurs accouchaient dans une chambre garnie de blocs de porphyre rouge (pourpre) égyptien, d'où son appellation de « Porphyra », pour le lieu, et de « porphyrogénète » pour les bambins nés dans cette pièce et à la destinée probablement toute tracée.

Il faut dire que, depuis l'Antiquité et jusqu'à la chute de Byzance, la pourpre était une couleur très recherchée, très chère car rare (difficilement fabriquée avec une quantité phénoménale d'escargots de mer murex pour obtenir très peu de teinture) et réservée aux personnes de haut rang, comme les consuls et les empereurs de la Rome antique, par exemple.
La pourpre a aussi été un symbole de pouvoir dans le clergé, puisque c'était la couleur portée par les cardinaux et les évêques.

Cette expression a ensuite désigné plus généralement une personne issue de souche royale, puis est ensuite devenue une manière, relativement peu usitée, de désigner celui qui aura probablement peu de soucis à se faire dans la vie, en raison de sa naissance dans un milieu très aisé ; une autre manière de dire qu'il est « né avec une cuillère en argent dans la bouche ».


mercredi 15 juin 2016

#ChallengeAZ : M comme Mariage pluvieux, mariage heureux


MARIAGE PLUVIEUX, MARIAGE HEUREUX

Signification

Dicton de consolation pour des mariés un jour pluvieux.


M © flocel.over-blog.com

Origine
 
Voilà un dicton qui semble intéresser beaucoup de gens, en particulier pour la façon dont il doit être écrit.

On l'évoque souvent, à notre époque, lors de certains caprices météorologiques, mais il est à peu près aussi vérifié que « araignée du matin, chagrin » ou « pingouins dans les champs, hiver méchant », pour ne citer que ceux-là.

Il n'est en effet qu'une phrase qu'on prononce, lors d'un mariage par temps pluvieux, afin de tenter de consoler les mariés naïfs et de leur faire croire que cette pluie agaçante est de bon augure et que, par conséquent, leur mariage - sous-entendu : leur amour -, va durer longtemps.

Cette expression n'est attestée dans la littérature qu'à partir du milieu du XXe siècle, mais elle est probablement antérieure.
La variante « mariage plus vieux, mariage heureux » (mariez-vous à 90 ans, vous n'en vivrez que plus heureux), elle, n'est attestée qu'à la toute fin du même siècle. On ne peut donc prétendre, comme le font certains, que c'est la forme réelle du dicton.




mardi 14 juin 2016

#ChallengeAZ : L comme Laver son linge sale en famille


LAVER SON LINGE SALE EN FAMILLE

Signification

Régler les fâcheuses affaires au sein du groupe concerné et non en public, discrètement et sans témoins.


L (lavandières de l'Abbessaille à Limoges) © chezloulou.fr
Origine

Autrefois, le linge se lavait au lavoir, en compagnie des autres femmes du voisinage et les commérages allaient bon train. L'endroit, dont le rôle social était extrêmement important, était parfait pour se tenir au courant des potins locaux et même des nouvelles du monde, lorsqu'elles arrivaient dans le coin.
Il permettait aussi aux femmes présentes de parler de leurs différends familiaux et donc de les ébruiter très largement, un secret n'étant bien gardé que lorsque tous ceux qui le connaissent sont décédés.

L'image que contient l'expression est donc simple à comprendre : n'allons pas au lavoir ébruiter nos problèmes et dissensions familiaux (le linge sale) ; lavons (réglons) tout ça chez nous, en famille (au sein du groupe), et nos affaires resteront secrètes.

La naissance de l'expression est souvent attribuée à Voltaire, au XVIIIe siècle. Mais si l'auteur emploie bien "linge sale à blanchir", c'est pour désigner les poèmes que lui envoie pour correction le roi Frédéric II de Prusse, pas pour parler d'affaires ou de problèmes particuliers.
Par contre, elle aurait été utilisée au cours du même siècle par Casanova, et reprise en plusieurs occasions par Napoléon.