« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mercredi 6 novembre 2019

#ChallengeAZ : E comme Entraygues

Entraygues, en Rouergue, est la ville où a vécu mon ancêtre boucher Jean Avalon (aujourd’hui nommée Entraygues sur Truyère, au Nord du département de l’Aveyron). 

La ville est située sur un point de confluence, entre le Lot et la Truyère. C’est de là que lui vient son nom : Entraygues (prononcer "entraillgua", Entraigas en occitan rouergat) signifie entre deux eaux.


Vue aérienne d'Entraygues © chateau-entraygues.fr

La présence d’une cité gauloise puis gallo-romaine a été attestée par des fouilles. Mais c’est à partir du Xème siècle que la ville se développe véritablement avec la fondation d’un castrum* et d’une église par la puissante famille d’Entraygues. Cette place forte a la forme d’un triangle entouré par les deux rivières et dominé par trois sommets.

Jusqu’au XIIème elle connaît une première phase de prospérité. Cette phase d’expansion est quelque peu freinée par les guerres liées à la croisade des Albigeois, la région étant touchée par plusieurs vagues de conflits.

Les comtes de Rodez acquièrent le comté dans la seconde moitié du XIIIème siècle. Ceux-ci dotent alors la ville de tous les équipements « modernes » (pour l’époque) : un château, des murailles avec créneaux, tours de défense et porte d’entrée à pont-levis, le tout entouré d’un fossé ; et dans la ville un hospice et un marché couvert. Ils tentent de freiner l’emprise de la communauté des habitants, mais sans succès : le consulat* garde son influence et défend les droits individuels contre le pouvoir féodal classique que veulent imposer les comtes de Rodez.

La ville connaît une nouvelle phase de prospérité grâce notamment à la viticulture, la navigation sur le Lot et le commerce des coustoubis (maraîchers), du fromage, du bois et du seigle.

Au XVème siècle c’est la famille d’Armagnac qui possède Entraygues, grâce à un mariage avec une fille héritière du comté de Rodez. Mais suite au conflit qui l’oppose au roi, ce dernier lui reprend toutes les places du comté : Rodez, Séverac le Château et Entraygues, notamment. Cette dernière est alors confiée à la famille de Balzac.

Pendant les guerres de religions, la ville souffre à nouveau des conflits nationaux : la ville est prise par ruse par les protestants en 1558. Le château est pillé et gravement endommagé en 1587.

Au début du XVIIème siècle, c’est la famille de Montvallat qui règne sur Entraygues (voir la lettre C). Dans les années 1650 Henri Ier de Montvallat reconstruit le château, visible encore aujourd’hui. Si les remparts ont quasiment disparus (il ne reste que quelques pans de mur), on peut encore admirer les deux ponts du XIIIème siècle : le pont gothique sur la Truyère (dont les deux tours de péage à chaque extrémité ont aujourd’hui disparu) et le pont Notre-Dame sur le Lot. Le comte d’Armagnac le fit couper afin d’empêcher le passage des « routiers » (c'est-à-dire les pilleurs, pas les camionneurs !) ; il fut plusieurs fois réparé, notamment à cause des inondations fréquentes de la rivière.

Le bourg a conservé des rues et ganelles (ruelles) à caractère médiéval, des maisons des XV et XVIIème siècles, dont certaines à pans à bois et encorbellement. Ainsi la rue Droite (où Jean Avalon avait maison et boucherie) rejoignait en droite ligne (enfin presque) la place Majeure au Sud de la ville et le portail Nord : c’était la principale rue commerçante de la cité. La rue Esquerre (aujourd’hui rue du Collège) était celle où demeurait la bourgeoisie de la cité : Jean y acheta une maison en 1669.

L’église Saint Georges date du XIXème siècle. Elle est simple et dépouillée.

La chapelle Notre-Dame du Pontet (= petit pont) est située à l'entrée Sud Est d'Entraygues. Elle date primitivement de 1097. Un petit bâtiment est d'abord construit, servant de recluserie ou d’ermitage, dédié plus tard à Notre Dame. Agrandie en 1679, la chapelle devient un couvent d’Ursulines. Peu de temps après, la confrérie des Pénitents noirs de la Croix les remplace jusqu'au début du XXème siècle.

Au XIXème siècle la navigation sur le Lot cesse de façon importante à partir de 1835 à cause de l’ensablement de la rivière et de la concurrence du chemin de fer. La viticulture connaît une grave crise suite à plusieurs maladies de la vigne, entraînant une nouvelle phase de déclin de la ville.

Aujourd’hui Entraygues compte un peu plus de 1 000 habitants.


* Le sens d’un mot vous échappe ? Rendez-vous sur la page Lexique de généalogie de ce blog pour le découvrir !


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