« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 4 novembre 2022

#52Ancestors - 44 - André Borrat-Michaud

Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 44 : Les ombres de votre généalogie (ceux dont on ne parle pas en famille)

 

Mes grands-parents maternels se sont mariés en 1945 : Christiane GABARD, fille de Joseph Elie et Flora ROY, née en 1926 à Saint Amand sur Sèvres (Deux-Sèvres) a épousé André René Edouard BORRAT-MICHAUD, fils de Jean François (mon soldat de la Première Guerre Mondiale, suivi pendant 4 ans sur ce blog) et Marcelle Ursule MACREAU né à Eaubonne en 1922. Ils se sont installés à Angers (Maine et Loire).

 

Ma grand-mère ne parlait jamais de sa belle famille. De son côté Marcelle MACREAU ne semblait apprécier beaucoup sa belle-fille "qui lui avait pris son fils unique" d’après la tradition orale familiale.

 

Mon grand-père était représentant de commerce. Mais il a eu deux accidents et une trépanation. Suite à cela il a, de l'avis de tous, beaucoup changé (au niveau de son caractère, mais aussi de la consommation d’alcool). Le premier accident (de moto) a lieu en septembre 1947. Le livre d'or de la famille, rempli ma grand-mère, indiquait que ce n'était "pas grave" mais une note postérieure indique "si". "La mère d'André est venue passer 8 jours à Angers". Le 21 décembre 1949 est noté : "étourdissement d'André avec fracture du crâne à Thouars". En janvier 1950 il est en convalescence durant un mois. Il ne peut plus conduire; de ce fait il est renvoyé. Il alterne les patrons et les périodes de congés maladie. En 1951 il fait périodiquement des crises d'asthme. En novembre il fait une nouvelle chute et souffre terriblement. Quelques jours plus tard il est hospitalisé. La ponction lombaire révèle une hémorragie méningée : il est transféré à l'hôpital de Nantes où ma grand-mère vient le voir plusieurs fois.

 

Il travaille périodiquement à l’usine Bessoneau, la grosse usine d’Angers, qui employa plus de 10 000 personnes à son apogée (pour 85 000 habitants dans la ville). Elle fabriquait toutes sortes de références dans les domaines de la corderie, de la filature, du tissage à partir de la culture du chanvre, diversifié ensuite en fabrication de hangars d'aviation, de bâches, de voileries, de tentes-hôpitaux, de maisons préfabriquées...

 

Suite à ses accidents, André perçoit une indemnité versée par la caisse Régionale de Sécurité Sociale basée à Limoges, avenue Jean Gagnant (où elle est toujours installée aujourd’hui), section accident du travail. La "notification de décision relative à l'attribution d'une rente" a été conservée dans les papiers de famille. Il a été estimé que l'accident qu'il a subi lui a entraîné une incapacité permanente de travail évaluée à 25%, entraînant une épilepsie post-traumatique.

1955, 1956, André continue à faire des crises d'asthme.

Entre 1946 et 1962 le couple a déclaré la naissance de 5 enfants.

 

Le 17 août 1963, André "est décédé des suites d'une hémorragie méningée et de fracture du crâne à la suite d'une chute." Dans le livre d'or de la famille, une simple mention laconique : "août 1963 - décès d'André".

 

Il a été inhumé au cimetière de l'Est à Angers. Il y a quelques années, je suis allée avec ma mère sur sa tombe. De mémoire, ma mère n’y avait jamais été. Pas même le jour de l’enterrement : alors âgée de 16 ans, elle était en colonie de vacances au moment du décès de son père. Elle n’avait appris sa mort qu’à son retour. L’enterrement était passé.

 

Je me suis donc présentée au service funéraire pour trouver la tombe de mon grand-père. L’agent de service a eu beaucoup de mal à la trouver : finalement mon grand-père était enregistré sous le nom de André MICHAUD (et non BORRAT-MICHAUD).

Une double surprise nous attendait ensuite :

  • Il n’était pas seul dans la tombe : il partageait sa dernière demeure avec Clémentine Adeline BREGEON, la mère de sa belle-mère. En effet, Christiane avait fait inhumer son mari dans la tombe de sa grand-mère (la mère de Flora ROY), décédée 10 ans plus tôt.
  • Son nom n'est pas indiqué sur la tombe, simplement marquée "Famille ROY".
 

Tombe BREGEON / BORRAT-MICHAUD, cimetière d'Angers
 

Les formalités funéraires ont donc été réduites au maximum : une place libre là où il en avait, pas d’inscription.

Au fil des ans, la relation s’était dégradée entre le couple. La mort ne les a pas réconciliés…

 

 

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