Les personnalités importantes de la paroisse sont sollicitées
à de nombreuses reprises pour être témoin lors de mariage et décès ou parrain
de nouveau-nés. L’organiste Jean Avalon (voir la lettre I de ce ChallengeAZ)
est 3 fois témoin, 4 fois parrain et représentant 3 autres fois (voir la lettreA de ce ChallengeAZ).
Mais ce ne sont pas les notables les plus présents.
- Jacques Alran
Il est sollicité 39 fois : 3 fois parrains, 1 fois témoin à une naissance et 35 fois témoin à un décès ; notamment lors du décès de mon sosa 256, Pierre Astié.
"Pierre Astié veuf de Catherine Soutouly âgé d’environ 90 ans décédé le jour d’hier a été inhumé ce 12 mai 1786 en présence de Jacques Alran soussigné et de François Roux cordonnier qui n’a su signer de ce requis"
Originaire de la Vinzelle, habitant de la ville de Conques depuis environ 17 ans lors de son mariage en 1757 avec Marianne Vernhes, il est alors travailleur, c'est-à-dire manouvrier ou journalier. Ensemble ils auront au moins trois enfants. Lors de la décennie étudiée il est d’abord dit fournier (propriétaire ou gérant d'un four à pain) en 1780, puis restant (1788) et hospitalier (1788) : il a donc fini sa vie à l’hospice. Il est, en tant que témoin, souvent associé à d’autres restants de l’hôpital sans que les personnes pour lesquelles il est témoin n’y soient forcément dites décédées (comme mon ancêtre Pierre ci-dessus) : est-ce une simple omission ou sont-ils décédés en dehors de l'hospice ? Dans ce cas, pourquoi ces témoins hospitaliers sont-ils sollicités si souvent : était-ce un rôle particulier qui leur était demandé en tant que restants ? Jacques Alran meurt âgé d’environ 70 ans en 1789. Il a lui-même pour témoin deux hospitaliers.
- Pierre Chatelier
Il est témoin 42 fois (33 décès, 5 naissances et 4 unions).
"L’an 1789 et le 7ème juillet a été inhumé Martial fils à père et mère inconnus décédé le jour d’hier âgé d’environ dix jours, en présence de Pierre Chatelier soussigné et de Joseph Delagnes tous restants audit hôpital qui n’a su signer de ce requis"
Fils d’un cordonnier devenu huissier (sic) il se trouve allié par le mariage de sa sœur à la famille Vernhes ; parmi lesquels on trouve un cordonnier, des teinturiers, un meunier et, par alliance, Pierre Bories praticien et Jacques Alran cité ci-dessus. Son oncle maternel était praticien. Lettré, il signe tous les actes. Il ne semble pas s’être marié.
Il est restant à l’hôpital : en 1764 il est qualifié de « garçon* de la présente ville » (il a alors 28 ans) puis en 1767/1768 « garçon de l’hôpital »; dès 1762, puis en 1764 et à partir de 1769 et pendant toute la décennie suivante, il est dit « pauvre de l’hôpital ». Entre 1780 et 1790 il est alternativement dit demeurant à l’hôpital ou restant et à nouveau pauvre en 1793. Mais curieusement en 1789 il est qualifié de praticien et à nouveau, un peu plus tard en l'an II « praticien de la maison communale de l'hôpital ». S’il ne fait aucun doute qu’il demeurait et « travaillait » à l’hôpital peut-on en conclure qu’il en était le médecin ? Qu’il avait fait des études de médecine ? Ou s’agit-il d’un savoir empirique hérité de sa longue expérience à l’hospice (il y est associé depuis une trentaine d’année) ?
- François Roux
François Roux est – ou sont – régulièrement sollicité(s). Mais combien sont-ils ? Je compte un François Roux qui ne sait pas signer, un François Roux qui sait signer, un autre qui est cordonnier sachant signer, un cordonnier ne sachant pas signer et encore un dernier François Roux maître cordonnier ne sachant signer.
Un François Roux, cordonnier, est décédé en 1801. Dans la marge il est noté « cet individu ne laisse personne de sa famille ». Il demeure au faubourg de Conques. C’est celui qui signe.
Au total ce(s) François Roux sont sollicités 48 fois (45 décès, 2 unions, 1 naissance).
Le(s) François Roux qui ne signe(nt) pas est celui qui est majoritairement sollicité (44 décès et 1 naissance à lui « tout seul »). Je pense que ceux qui sont cordonnier, maître cordonnier et sans métier précisé, mais ne signent pas, ne forment qu’une seule et même personne. Il est souvent associé à des restants de l’hôpital (Guillaume Alary, Alexis Lacombe, Pierre Chatelier). Dans la décennie suivante il est dit travailleur (ou est-ce un nouveau François Roux ?).
"L’an 1788 et le 27ème juillet a été inhumée Catherine Carles décédée de la veille âgée d’environ 60 ans épouse de Pierre Anterrieux vigneron mariés du village de la Capelle, en présence d’Antoine Anterrieux vigneron et de François Roux cordonnier tous de Conques soussignés"
"L’an 1789 et le 5ème décembre a été inhumé Antoine Bruguière du lieu de la Salesse décédé de la veille âgé d’environ 72, en présence d’Antoine Vidal vigneron et François Roux cordonnier tous de Conques qui n’ont su signer de ce requis"
- Alexis Lacombe
Il est sollicité 40 fois (34 décès, 1 union, 4 naissances).
"L’an 1789 et le 10 mars a été inhumé Alexis Lacombe affidé à l’hôpital natif de la paroisse de Noailhac décédé de la veille âgé d’environ 48 ans, en présence d’Antoine Flaugergues et de Joseph Bonal restants audit hôpital qui n’ont su signer de ce requis"
D’abord juste dit tisserand, il est qualifié de restant à l’hôpital à partir de 1783. Lors de son décès il est « affidé » (attaché à l’hôpital). Il est clair qu’à la fin de sa vie il compte parmi les personnes auxquelles l’hôpital donne un emploi. Concernant le début de la décennie, il est difficile de savoir s’il est un tisserand employé par l’hôpital ou simplement à son compte.
Son acte de décès le dit originaire de Noailhac, paroisse voisine de Conques (environ 8 km de distance). Le seul que j’ai trouvé né là-bas est plus vieux de 7 ans par rapport à l’âge au décès ; ce qui peut correspondre. Il ne semble pas marié à Conques.
- Les femmes
Les femmes, elles, ne sont pas demandées de cette manière. Je mets à part les sages femmes (voir la lettre S de ce ChallengeAZ) qui sont plus présentes à cause de leur métier.
Celles qui sont citées le plus de fois sont marraines de trois nièces, comme les deux sœurs Cussac, Marie Jeanne et Marianne, ou trois enfants sans lien de famille, comme Elisabeth Delagnes, Madeleine Servières ou Agnès Garric. Ces deux dernières sont restantes à l’hôpital ; ce sont les seules parmi ces femmes dont je connais le « métier » (si l'on peut dire que restant(e) soit un métier).
Aucune n’est citée comme témoin lors d’un décès.
* Le terme garçon peut signifier qu’il n’est pas marié mais désigne aussi un employé subalterne travaillant dans une administration, dans un commerce ou pour le compte de quelqu'un.