« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mardi 1 novembre 2022

A comme ALLORY

- Laissons faire le hasard -

 

  • Nom/sosa/génération

Aujourd’hui sur les 55 patronymes commençant par A, le hasard a désigné les ALLORY, et parmi eux Michelle ALLORY, sosa n°293, IXème génération.


  • Etat civil

Elle serait née en 1680 (selon son premier acte de mariage) en Anjou. Mais son acte de naissance n'a pas été trouvé dans les différentes paroisses où vivent ses proches : Jarzé, Echemiré, Cheviré, Saint Quentin, Pontigné, ni Montpollin (Maine et Loire).

Elle s’est mariée deux fois : d’abord avec Pierre DUMOULIN en 1703 (elle a 23 ans), dont elle a deux enfants (un seul a survécu) ; puis avec François DUBOIS (de qui je descends), en 1711, dont elle a eu 5 enfants.

Elle a très souvent déménagé : Pontigné (1703), Clefs (1705/1707, 1709), Jarzé (1711, 1712), Echémiré (1715/1720, 1733, 1738, 1741), Cheviré (1728).

J’ignore son métier, mais sans doute travaillait-elle la terre. Les fréquents changements de domicile correspondraient alors à différents baux de métairies.

Je n’ai pas trouvé son acte de décès, mais en 1748, lorsque son époux meure, il est dit veuf. Je sais qu'elle est encore vivante en 1738 (présente au mariage de son fils Jean l'ainé), en 1741 (présente au mariage de son fils Jean le cadet), en 1742 (marraine de son petit-fils Jean) et dite décédée en 1748 (décès de son époux) et en 1754 (mariage de son fils René à Jarzé). Cela laisse une courte période de 6 ans pour trouver son décès… Mais où ?

  

  • Environnement familial

Son père Jean a été marié trois fois : avec Perrine BERRARD d’abord, dont il a eu deux enfants ; avec Anne CAILLE ensuite, pour un mariage éclair : elle est décédée deux mois après la noce ; avec Jacquine LE SEIGNEUR enfin, la mère de Michelle, dont il a eu 9 enfants. Difficile de déterminer l’ordre de naissance de Michelle dans sa fratrie puisque son acte de naissance n’a pas été trouvé. D’autant plus que les naissances sont très rapprochées : il n’y a pas vraiment de « trou » où Michelle puisse s’insérer. Elle a une sœur née en 1680 prénommée Catherine : j’ai pensé un moment que ce serait Catherine qui aurait changé de prénom d’usage, devenu Michelle, mais Catherine s’est mariée en 1708. Elle est peut-être née début 1682 (lacune des registres janvier 1682 /novembre 1682).

Son père était bêcheur.

Michelle a perdu sa mère assez jeune : elle avait 14 ans*. Cette fois son père ne s’est pas remarié.

Elle n’a pas connu ses grands-parents paternels, décédés avant sa naissance. Son grand-père maternel est décédé lorsqu'elle avait 8 ans* et sa grand-mère 13*.

Sa mère avait une sœur jumelle.

Elle est restée proche de sa fratrie : plusieurs de ses frères sont témoins au mariage de sa fille première-née. Ah ! C’est cette fille, Marie Dumoulin, qui a épousé François Dubois, fils du second mari de Michelle, François Dubois (voir ici cet imbroglio familial)

Elle n’a pas connu ses petits-enfants.


  • Sources généalogiques complémentaires

ALLORY : Le nom est porté dans l'Ouest (44, 49, 72). Variantes : Alory, Halory (forme ancienne). Il désigne apparemment le fils de Lory, nom de famille assez fréquent dans la Sarthe qu'il faut sans doute rattacher au nom de personne latin Laurus.

Elle vit sous les règnes de Louis XIV puis Louis XV.

Il n’y a pas d’archives notariales en ligne en Maine et Loire.

Michelle est née trop tôt pour apparaître dans les recensements, les cadastres, les tables d’enregistrement et absence.

 

  • A chercher

Ses actes de naissance et décès !

 

 

*Age calculé par rapport à son année théorique de naissance en 1680.

 

 

vendredi 28 octobre 2022

#52Ancestors - 43 - Mélanie Astié

 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 43 : Organisation

 

Cela fait une vingtaine d’années que je fais de la généalogie. Tout au début je notais les informations dans un document Word. Mais très rapidement, je me suis aperçue qu’avec la multiplication des ancêtres, ce n’était pas gérable. J’ai donc acheté un logiciel de généalogie. Ce fut Genealogos d’abord. Mais toutes les images étaient téléchargées dans le logiciel à chaque ouverture : rapidement c’est devenu trop long à ouvrir à cause des nombreuses images et de leur poids trop important. En 2009 j’ai acheté mon premier Geneatique. Depuis j'y suis restée fidèle, même si j’ai eu parfois quelques problèmes avec certaines versions. C’est principalement le fait d’avoir l’arbre affiché en permanence qui me plaît. Je me repère mieux ainsi. Au fil du temps, j’ai adapté la base à mes besoins :

  • j’ai créé des données : « article de blog » pour tous les ancêtres faisant l’objet d’un post sur Murmures d’Ancêtres par exemple,
  • j’ai ajouté des catégories de notes : à chercher, union multiple…,
  • j’ai paramétré l’écran de saisie avec des cases à cocher pour visualiser d’un coup d’œil si l’ancêtre a rédigé un contrat de mariage, un testament ou si j’ai pu récupérer sa fiche militaire par exemple.

Quand je commence à travailler sur une famille, un ancêtre, je fais un premier tour sur Geneanet pour voir s’il y a des informations qui m’auraient échappées. Si c’est le cas, je vais la vérifier à la source : si je la trouve je la valide et l’inscris dans mon logiciel dans le champs adapté. Si ce n’est pas le cas, je la mets simplement en note.

J’ai créé un dossier image où je classe toutes mes découvertes :

  • Les actes BMS
  • La bibliographie
  • Les photos
  • Les signatures
  • Les tombes
  • Les papiers de famille
  • Les archives départementales : un dossier par département ; à l’intérieur des sous-dossiers avec les actes notarié, les transcriptions, les successions et les particularités propres à chaque département
  • Il y a aussi quelques dossiers transversaux, comme les cadastres, les militaires, les recensements...

 


La plupart de mes documents sont numériques. Je les nomme selon une nomenclature identique, qui me permet d’éviter les noms à rallonge : type d’acte, nom de l’ancêtre (nom, prénom), date. Ce qui donne « Naissance Alary Geraud 1665 » ou « Quittance Perriere Jean Pierre 1727 ». Pour les actes de couple, comme le mariage, je le nomme selon le nom de l’homme : « Mariage Alhumbert Blaise 1683 », « Contrat de mariage Astié Pierre 1726 ». S’il y a deux événements la même année pour le même ancêtre (ce qui reste assez rare), j’ajoute un 2 après l’année. Pour les actes notariés ou les successions j’inscris la cote d’archive dans mes notes. Hélas, certains départements ne l’indiquent pas (les Côtes d’Armor par exemple). J’essaye alors de mettre un maximum d’informations pour identifier l’endroit où j’ai trouvé le document (au cas où j’ai besoin de le compulser à nouveau dans son cadre « naturel », en plus de la copie numérique que j’ai réalisé).

 

J’ai aussi un dossier spécial pour le blog, avec les articles, les photos, le design (j’ai adapté un template à mon goût), les sauvegardes…

 

Lorsque je trouve une information, je fais une copie (photo, impression écran…) et je la classe dans le dossier adéquat. Je rentre ensuite l’information dans mon logiciel avec le document correspondant. Pas de document, pas d’info ! Dans les notes je rajoute éventuellement une information complémentaire (par exemple le lieu d’inhumation, les liens de famille particuliers…) et les sources bien sûr. J’y mets aussi mes hypothèses de recherche, les variantes de patronymes et toute information nécessaire.

 

Je n’imprime pas les fiches, car ma généalogie est en constante évolution. Je reviens régulièrement sur les mêmes familles, modifie les informations, en ajoute ou en supprime. Il faudrait ré-imprimer en permanence !

 

L’essentiel de ma généalogie est immatérielle : je fais donc des sauvegardes régulières sur mon ordinateur et des sauvegardes sur un disque dur externe.

 

J’avoue ici une certaine paresse : je ne transcris pas intégralement tous les actes, en particulier les BMS, je n’indique qu’une date pour la naissance et le décès (jamais les baptêmes et inhumations ; je sais c’est mal), je n’ai pas de journal de recherche (juste une catégorie de note éventuellement remplie au cas par cas, pas de ligne de vie (sauf cas particulier spécialement compliqué). Par contre j’évite la procrastination : si je trouve un acte notarié je tâche de le transcrire immédiatement ; sinon c’est le genre de chose qui s’entasse indéfiniment. De plus, je trouve ces documents tellement passionnants (et riches en informations) que je n’ai pas du tout envie de m’en priver !

 

  

mardi 25 octobre 2022

#ChallengeAZ 2022 : Présentation

Sur la planète généalogie, le mois de novembre est consacré au ChallengeAZ : un défi d'écriture où chaque jour un article est publié suivant l'ordre de l'alphabet. 


Comme je participe déjà au challenge #52Ancestors (un article par ancêtre et par semaine – voir ici), je ne pensais pas faire le #ChallengeAZ cette année, pour la première fois depuis que j’ai fondé ce blog. Mais cela m'attristait. Alors, presque au dernier moment, j’ai décidé de m’y lancer. 

Comme je n’avais pas de thème ou d’idée bien construite, et peu de temps pour préparer 30 articles, j’ai décidé de laisser faire le hasard : pour pallier le casse tête de l’alphabet, je choisi un ancêtre par lettre. Pour les lettres où il n’y a pas de nom de famille, je remplace par les prénoms. 

 

 

Puis j’ai téléchargé une application « générateur de hasard » : par exemple, comptant 55 patronymes en A, j’ai entré ce chiffre dans l’application et j’ai « lancé les dés » : le nombre 15 est sorti. J’ai sélectionné le 15ème nom dans la liste des patronymes commençant par A. Ce qui me donne le nom. Puis j’ai recommencé la même procédure avec les ancêtres porteurs de ce 15ème patronyme. Ce qui me donne la personne au centre de l’article. 

A partir de cela, j’ai appliqué une grille d’analyse : de quelles informations je dispose au sujet de cet ancêtre ? Son entourage est-il identifié ? Que me manque-t-il ?… 

Ce challenge est ainsi une bonne façon de faire le point.

 

vendredi 21 octobre 2022

#52Ancestors - 42 - Antoine et Benoît Astié

Article disponible en podcast !


 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 42 : Perdu

 

J’ai perdu deux enfants. Bon, entendons-nous bien, pas des enfants à moi : des enfants à Pierre Jean Astié et Geneviève Mas (mes ancêtres à la VIème génération). Antoine et Benoît. Je les ai perdus.

Reprenons : Pierre Jean et Geneviève se marient à Conques (Aveyron) en 1850. L’année suivante Geneviève donne le jour à un enfant, Augustin Pierre Jean (de qui je descends). C’est Jean Antoine Mas, le grand-père, qui fait la déclaration de sa naissance, car le père est absent, il est « gendarme à pied à la résidence d'Ajaccio » (c’est le début de l’enquête corse – voir ici).

Rapidement Geneviève rejoint son mari. On peut les suivre dans les différentes affectations corses de Pierre Jean (Ajaccio, Appietto, Péri) grâce aux naissances de ses enfants suivants :

  • Adrien (1853)
  • Jean François (1855)
  • Louis (1857)
  • Antoine (1859)
  • Benoît (1861)

Par Brigitte (du blog Chroniques d'antan et d'ailleurs) j’ai obtenu son dossier de gendarme. Je vous passe les détails de sa carrière qui ne sont pas l'objet de cet article. Le 6 mars 1870 Pierre Jean rédige une lettre, adressée au ministre de la guerre, pour demander sa mise à la retraite, après 25 ans de service (ce qui lui sera accordé en avril).

Comme demandé dans sa lettre, il revient en Aveyron. Il s’installe avec sa femme et au moins un de ses enfants à Aubin à une trentaine de kilomètres de Conques (présence attestée en 1873).

J’ai réussi à pister la famille dans les recensements :

- en 1866 à Péri. Il est gendarme, chef de ménage, demeure au n°78 (sans doute la gendarmerie) avec 7 autres gendarmes et leurs familles. Il habite avec son épouse (prénommée Rose) et 4 de leurs enfants, dont les deux derniers Antoine (7 ans) et Benoît (5 ans).

C’est la dernière fois que j’ai la trace des deux petits.


 

Pierre Jean quitte sans doute la Corse en 1870 (il n'apparaît pas dans le recensement de 1872), suite à sa demande de mise à la retraite. On sait qu'en 1873 la famille habite Aubin (Aveyron) grâce à la fiche matricule d'Adrien, mobilisé alors qu’il résidait chez ses parents.

Il n’y a pas de registre de recensement à Aubin antérieur à 1876.

- en 1876. Il habite Aubin, dans le village de Nauquières, avec son épouse, ses fils (Jean) François et Louis.

Et ainsi de suite jusqu’à son décès. Mais pas les petits.

 

Curieusement il apparaît dans le Bulletin des lois de la République Française, n°1584, 1870. Je dis curieusement car il est indiqué :

  • Position actuelle des titulaires : dans ses foyers
  • Domicile des titulaires : Compiègne (Oise)

Très curieux car la famille n’a jamais eu de contact avec l’Oise en général et Compiègne en particulier. Est-ce une confusion entre Con-ques et Com-piègne ?

La famille n’a pas été trouvée dans le recensement de 1872 à Compiègne.

 

Les deux enfants n’ont pas été trouvés dans les recensements militaires. J’ai cherché leurs décès, en vain : ni à Péri, ni à Aubin, ni à Compiègne. Ils ne sont jamais cités dans les actes d’état civil de leur fratrie. Ils ne sont pas présents aux décès de leurs parents. Aucune trace des deux enfants.

 

Je les ai perdus !

 

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 Edit 2023 :

Les enfants sont-ils décédés sur le chemin du retour entre la Corse et l'Aveyron ? J'ai tracé sur une carte des chemins possibles empruntés par la famille pour ce voyage, en train ou à voiture/pieds. Puis j'ai recensé toutes les tables de décès/succession/absences ou, à défaut lorsqu'elles ne sont pas en ligne, les tables de décès d'état civil. 


Avec Jean Pierre, cousin à la recherche des deux enfants avec moi, nous avons compulsé... de nombreux documents. Hélas, toujours en vain.

Les deux enfants nous échappent encore...


 

vendredi 14 octobre 2022

#52Ancestors - 41 - Claude Janvion

 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 41 : Transmission

 

La mort n’est pas une fin. Pas pour les survivants. Il faut donc penser à la transmission au-delà du décès. Pour les souvenirs, c’est la transmission orale, la mémoire. Pour les biens matériels c’est l’inventaire après décès (entre autre).

 

Un inventaire après décès (IAD) est un acte passé devant notaire visant à établir la liste des biens possédés par une personne lors de sa mort. Le notaire la dresse en parcourant chaque pièce de la maison afin de relever tous les biens (meubles, vêtements, vaisselle, ustensiles de cuisine, papiers divers, animaux, outils, grains, etc...). Sont aussi inventoriées les terres possédées, l’argent ou bien les dettes si le défunt en a laissées.

Les IAD sont réalisés depuis l'Ancien Régime et sont extrêmement courants jusqu'à la fin du XIXème siècle, quelle que soit la nature du bien, grand ou petit.

 

Ainsi, « le 13 thermidor an IV de la République une et indivisible » (31 juillet 1796) Me Guillermet Louis, « notaire public » s’est « porté dans la maison délaissée » par Claude Janvion. Claude est mon sosa n°64, ancêtre à la VIIIème génération, décédé à Lalleyriat (Ain) en 1796. On a remis au notaire « les clés [de ladite maison] sous lesquelles les scellés avaient été apposés » pour procéder à l’inventaire.

 

L’IAD est généralement demandé par le conjoint survivant ou l’héritier désigné pat testament si le défunt en a rédigé un avant de mourir. Ici il s’agit de « Marie Jacquiot veuve de Claude Janvion tutrice et curatrice de Blaize, Cecile et Joseph enfants dudit feu Claude Janvion ». Il est fait devant témoins. Pour l’inventaire de Claude, il s’agit des « citoyens André Joseph Figuet et Joseph Vion Loisel deux cultivateurs demeurant audit Lalleyriaz ».

Inventaire après décès © AD01

L'inventaire dure plus ou moins longtemps en fonction de la richesse du défunt. Ici il ne dure qu’un seul jour (pour 12 pages rédigées) mais il peut être beaucoup plus long ; ainsi celui de Jean Avalon (mon boucher héros du #ChallengeAZ 2019) dure 9 jours et fait 64 pages !

Pour les généalogistes, c’est document précieux car il décrit de façon minutieuse les biens possédés par l’ancêtre, mais aussi sa maison, son atelier, sa ferme (selon son activité), le nombre de pièces, les étages, l’état d’usure des vêtements ou des outils. Il donne à voir la richesse du défunt, son niveau de vie, ses goûts. C’est une véritable plongée dans l’intimité de l’ancêtre. Dans notre exemple, le notaire inventorie d’abord les animaux, les outils agricoles. Puis il entre dans le grenier* « qui est au fond de la grange sur laquelle était apposés les scellés que nous avons ouvert avec la clé a nous confiée par le citoyen juge de paix » où se trouve de l’avoine et d’autres outils.

Parfois l’IAD réserve des surprises. Ainsi le notaire relève la présence d’un « sabre de volontaire », ce qui semble indiquer que le défunt a été soldat de la Révolution. Les événements révolutionnaires parisiens sont à l’origine de la création de la Garde Nationale. En province, cette milice de citoyens fut placée sous l’autorité des municipalités et des districts dès 1790. Après la Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, l’Assemblée impose le même uniforme à tous les gardes nationaux. Ils doivent s’habiller et s’équiper à leurs frais. Seuls les "citoyens actifs" (c’est-à-dire payant une contribution directe égale à la valeur de trois journées de travail) peuvent être gardes nationaux. Sous la pression des événements révolutionnaires, la Garde Nationale devient une véritable "armée citoyenne". Après la fuite du roi à Varennes le 21 juin 1791, mais plus encore après la chute de la royauté, le 10 août 1792, l’Assemblée mobilise partout les Gardes nationaux, rejoints par les citoyens "passifs". En 1792 Claude avait 39 ans, ce qui paraît cohérent avec un service dans la Garde. Ce qui nous laisse supposer que le sabre appartenait bien à Claude; le fait que le notaire n'ait pas mentionné que le sabre était la propriété d'un autre vient appuyer cette hypothèse. Ce sabre est donc un indice précieux, mais je n’en sais pas plus sur sa possible activité dans la Garde Nationale.

Ensuite le notaire s’est « transporté dans la chambre à coté de la cuisine ». Ces petites mentions anodines permettent de visualiser l’intérieur de la maison et la répartition des pièces. Sont alors dénombrés les vêtements, le linge de lit.

Parfois quelques pièces n’appartiennent pas au défunt : ainsi une « couverte [= couverture] picquée appartenante a ladite Jacquiot pourquoy elle ne sera pas estimée » ou des outils appartenant à « Jean Janvion père du défunt qui se sont trouvés dans la maison du défunt dont il s’en est emparé étant à luy c’est pourquoy ils n’ont pas été estimés ».

La transmission des possessions est affaire importante. C’est pourquoi on trouve parfois des mentions du type : « Dans le buffet se sont trouvés une liasse de papier contenant différentes acquisitions par ledit Jean Janvion et ses ancêtres ». Malheureusement ici lesdits papiers ne sont pas détaillés. Pire encore (pour la généalogiste que je suis) le notaire a trouvé « une quesse [= caisse] remplie de vieux papier de famille qui ne méritent pas d’être inventorié ».

L’IAD est assorti d’une prisée, c'est-à-dire d’une estimation des biens inventoriés, selon leurs valeurs et leurs états. Par exemple « Un chariot a quatre roues ferrer tout neuf estimé cent livres ». Le notaire conclu par  un récapitulatif de la prisée : « tous lesquels effets cy dessus estimés [88 éléments listés] se montent en totalité a la somme de 592 livre valleur metalique ».

Ici il n'y a pas ni monnaie sonnante et trébuchante ni dette, ce que le notaire précise.

Il conclut en précisant que les « meubles et effets [demeurent] a la charge, garde et conservation de ladite Marie Jacquiot tutrice et curatrice qui a promis d’en avoir un soin particulier et de les représenter a qui de droit et lors quelle en sera requis ». Le document se termine par les formules d'usage et les signatures de ceux qui ne sont pas illettrés (dans le cas contraire, c'est précisé).


Remercions nos ancêtres et leur goût de la transmission du patrimoine qui nous permettent de nous approcher au plus près de leurs vies.

 

 

 

* Grenier : Édifice isolé de la maison, afin d’éviter que les biens du grenier ne soient détruits en cas d’incendie du bâtiment principal, caractéristique du patrimoine architectural de montagne. Construction servant à stocker les grains, les biens précieux (papiers de famille, vêtements du dimanche...), de la nourriture, etc...

 

 

vendredi 7 octobre 2022

#52Ancestors - 40 - Jean Avalon

 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 40 : Conservation


A l'occasion de cette quarantième semaine du challenge #52Ancestors dont le thème est "conservation", je reviens sur le plus conservateur de mes ancêtres, Jean Avalon. En effet, dans son inventaire après décès (qui compte à lui seul 64 pages), j’ai compté plus de 400 actes qu'il conservait dans ses placards ! J'en ai fait mon héros du ChallengeAZ 2019.

 

La branche aveyronnaise - et paternelle - de mon arbre part de Conques. Mais plus on remonte le temps, plus elle se déporte légèrement à l’Est. C’est ainsi que je suis arrivée dans la ville d’Entraygues, à moins d’une trentaine de kilomètres de Conques. Là, j’ai notamment rencontré la famille Avalon : d’abord la fille, prénommée Bonne, puis les parents, Jean et Bonne, et les grands-parents, Guillaume et Izabeau.

Au fur et à mesure des recherches, j’ai étoffé un peu ce rameau : fratrie, premières noces, enfants du premier lit, belle famille… Peu à peu tout ce petit monde s’est organisé autour de Jean Avalon, mon ancêtre à XIIème génération (ca 1640/1701).

En cherchant dans les archives notariées, j’ai commencé par trouver son testament, puis son inventaire après décès et enfin le partage de ses biens entre ses héritiers.


Et là, surprise, ces trois pièces m'apprennent que Jean avait en sa possession plusieurs centaines de documents notariés, soigneusement référencés !

Et c’est ainsi que l’aventure a commencé. Petit à petit j’ai retracé son parcours et sa vie grâce à ces archives notariales (les registres paroissiaux étant largement lacunaires pour la période).

Début de l'inventaire après décès de Jean Avalon © AD12
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Retrouvez tous les articles du ChallengeAZ 2019 d'un seul coup !

Ou si vous préférez, butinez selon vos envies :

A comme Avalon
B comme Boucher
C comme Comte
D comme Désaccord
E comme Entraygues
F comme Fréquence
G comme Générations de généalogies
H comme Houe et valise
I comme Instruction paradoxale
J comme Justaucorps et chemisette
K comme Kesaquo
L comme Liasses
M comme Mobilier et immobilier
N comme Notaires
O comme Ordre
P comme Pauvreté
Q comme Quinze ans ou plus
R comme Richesse
S comme Somme
T comme Types d'actes
U comme Unique
V comme Vétilleux
W comme Waouh la jolie vaisselle
X comme X ou les oublis des notaires
Y comme Y a encore des questions
Z comme Zen

 

 

vendredi 30 septembre 2022

#52Ancestors - 39 - Felix Assumel

 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 39 : Quel voyage généalogique vous fait envie ?

 

J’ai fait plusieurs voyages généalogiques sur les traces de mes ancêtres :

  • Conques (Aveyron), berceau de mes ancêtres patronymiques.

  • Samoëns (Haute-Savoie), où sont les ancêtres paternels de ma mère.

  • En Bretagne : j’ai raconté comment ma mère a choisi « par hasard » un gîte situé exactement dans le hameau où ont vécu ses ancêtres (voir ici) !

  • A la frontière des Deux-Sèvres/Vendée, où sont les ancêtres maternels de ma mère.

Je ne parle pas de l’Anjou, d’où sont originaires un grand nombre de mes ancêtres, car j’y retourne souvent : j’y suis née et plusieurs membres de ma famille (vivants) y sont encore.

 

Parmi les berceaux principaux où je ne suis pas allée, il reste :

  • La Suisse : ce voyage me fait bien envie, d’autant que je ne connais pas bien cette branche car, rappelons-le, la Suisse est un coffre-fort (voir ici).

  • La Seine et Marne (côté maternel). Je ne sais pas pourquoi cela ne m’enthousiasme guère. J’ai peut-être peur que Mickey et autre modernisme aient trop modifié le sud de ce département pour y sentir la présence de mes ancêtres.

  • l’Ain (côté paternel).

 


L’Ain m’attire davantage. C’est le pays des ancêtres de ma grand-mère paternelle. Depuis le XVIIème siècle la famille Assumel Lurdin est installée au Poizat. C’était un village de la paroisse de Lalleyriat, devenue commune indépendante en 1827 puis re-fusionnée pour donner la nouvelle commune du Poizat-Lalleyriat en 2016. Elle se situe sur le plateau de Retord dans le Haut-Bugey.

Mes ancêtres aindinois représentent à ce jour un peu plus de 1500 personnes. Je compte sept générations de Assumel Lurdin, plus deux générations supplémentaires :

  • L’une nommée alternativement Assumel, Assumel dit Lourdin ou Assumel Lurdin.
  • La seconde nommée Assumel seul.

Le plus ancien représentant, prénommé Felix, a vécu à la charnière des XVII et XVIIIème siècles (sosa n°1280). Je ne le connais qu’au travers du contrat de mariage de son fils Etienne.

Sans oublier tous leurs collatéraux.

Ces ancêtres se répartissent sur 44 communes de l’Ain, essentiellement dans un triangle Cerdon/Martignat/Montanges.



L’église du Poizat date du XIXème siècle et est dédiée à Saint Félix (tiens, tiens…).

Je voudrais voir - en vrai - la maison de Jean Claude Assumel Lurdin au Poizat ou l’auberge de Joseph Marie Prost à Martignat (voir ici).

Je voudrais aller aux archives départementales pour consulter les documents notariés qui ne sont pas en ligne.

Je voudrais aller au cimetière du Poizat voir si la tombe de Marie Antoinette Zélia Berrod, ma sosa n°21 (Vème génération), existe toujours et chercher s’il y en a d’autres.

Tombe Zelia Berrod © B.Boisard

Bref, je voudrais aller dans l’Ain.